Toute chose dans la nature agit d’après des lois. Il n’y a qu’un être raisonnable qui ait la faculté d’agir d’après la représentation des lois, c’est-à-dire d’après les principes, en d’autre termes, qui ait une volonté. Deuxième section, “Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs”, § 12.
La représentation d’un principe objectif, en tant que ce principe est contraignant pour une volonté, s’appelle un commandement (de la raison), et la formule du commandement s’appelle un IMPÉRATIF. Tous les impératifs sont exprimés par le verbe devoir Ibid., § 13-14.
[...] tous les impératifs commandent ou hypothétiquement ou catégoriquement. Les impératifs hypothétiques représentent la nécessité pratique d’une action possible, considérée comme moyen d’arriver à quelque autre chose que l’on veut [...]. L’impératif catégorique serait celui qui représenterait une action comme nécessaire pour elle-même, et sans rapport à un autre but, comme nécessaire objectivement. Ibid., § 16.
Toutes les sciences ont une partie pratique, consistant en des problèmes qui supposent que quelque fin est possible pour nous, et en des impératifs qui énoncent comment cette fin peut être atteinte. Ces impératifs peuvent donc être appelés en général des impératifs de l’HABILETÉ. Que la fin soit raisonnable et bonne, ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit ici, mais seulement de ce qu’il faut faire pour l’atteindre. Les prescriptions que doit suivre le médecin pour guérir radicalement son homme, celles que doit suivre un empoisonneur pour le tuer à coup sûr, sont d’égales valeurs, en tant qu’elles leur servent les unes et les autres à accomplir parfaitement leur dessein. Ibid., § 20.
Il n’y a donc qu'un impératif catégorique, et c’est celui-ci : Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. Ibid., § 31.
[...] l’impératif universel du devoir pourrait encore être énoncé en ces termes : Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en LOI UNIVERSELLE DE LA NATURE. Ibid., § 33.
L’impératif pratique sera donc celui-ci : Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. Ibid., 49.
Un impératif adapté au nouveau type de l’agir humain et qui s’adresse aux nouveau type de sujets de l’agir s’énoncerait à peu près ainsi : “Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la Permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre” ; ou pour l’exprimer négativement : “Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie” ; ou simplement : “Ne compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur terre” ; ou encore, formulé de nouveau positivement : “Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir”. Chapitre Premier “La transformation de l’essence de l’agir humain”, V “Anciens et nouveaux impératifs”.
L’impératif est un commandement qui s’impose à la volonté, lorsqu’on accomplit une action. Il est de l’ordre général du devoir.
L’impératif de l’habileté prescrit ce qu’il faut faire pour atteindre un but, que la fin soit raisonnable et bonne ou non. Il est d’ordre technique. Ils s’appliquent dans les sciences, les arts, ou même dans l’éducation des enfants par leurs parents. Le mode d’emploi d’un appareil est un impératif de l’habileté : il peut décrire comment utiliser une tronçonneuse, que ce soit pour couper du bois ou pour faire un film d’horreur.
L’impératif hypothétique est le moyen, la condition pour atteindre un but ou obtenir quelque chose : ex. “Pour votre santé, mangez cinq fruits et légumes par jour”. Il est d'ordre pragmatique, pratique. L’action est accomplie par intérêt, et conditionnée par lui.
L’impératif catégorique vise une action bonne en soi : “Tu ne tueras point”. Il est d’ordre moral. L’action ne vise que le bien en soi. Kant présente l’impératif catégorique sous plusieurs formes, dont celle d’un principe pratique suprême (Cf. “L’impératif pratique” dans les citations ci-dessus).
Hans Jonas reformule l’impératif catégorique de Kant (Cf. supra), en l'adaptation aux effets de l’action humaine sur la planète et de ses conséquences possibles pour le futur.
Latin impérial imperativus, de imperare, commander.
[Imperare :] Commander, ordonner.
Transitif : commander quelque chose à quelqu’un ou à quelque chose.
Intransitif : commander à quelqu’un, à quelque chose. Avoir le commandement, le pouvoir, la domination. Ordre. L’impératif en grammaire.
Proposition ayant la forme d’un commandement (en particulier d’un commandement que l’esprit se donne à lui-même). Un impératif est hypothétique, si le commandement qu’il énonce est subordonné, comme moyen, à quelque fin que l’on veut atteindre, ou du moins que l’on pourrait vouloir atteindre : “Mange sobrement si tu veux conserver ta santé” ; - il est catégorique s’il ordonne sans conditions : “Sois juste.”
Cette distinction est établie par Kant [...]. Il n’y a, selon lui, qu’un seul impératif catégorique fondamental, dont voici la formule : “Agis toujours d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.”
Généralement, proposition ayant la forme d’un commandement.
Impératif hypothétique et impératif catégorique (Kant) : est dit impératif toute détermination de la volonté prenant la forme d’une contrainte et s’exprimant par le verbe devoir, mais il faut distinguer les impératifs hypothétiques ou conditionnels, qui n’ont égard qu’à l’intérêt (règles de l’habileté ou impératifs techniques et conseils de la prudence ou impératifs pragmatiques) et, d’autre part, les commandements de la moralité ou impératifs moraux, qui se réduisent fondamentalement à un impératif unique : “Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle” (Fondements de la métaphysique des mœurs, 2e section). Les premiers n’ont pas de caractère moral et font dépendre le but visé (construire une maison, faire fortune, etc.) des moyens ou conditions les plus propres à l’atteindre ; le second, proprement moral, est un commandement du devoir qui “concerne non la matière de l’action ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe d’où elle résulte elle-même, et ce qu’il y a en elle d’essentiellement bon consiste dans l’intention, quelle qu’en soit la conséquence.” (Ibid.).
Prescription à laquelle on doit obéir.
Kant distingue l’impératif hypothétique soumis à une condition (du type : Si tu veux être aidé, aide les autres) et l’impératif catégorique inconditionné, qui est l’expression d'une loi morale absolue (du type : Aide ton prochain).
Dans la philosophie de Kant. Impératif catégorique, principe d’une action bonne en soi, sans rapport à une fin quelconque. Impératif hypothétique, principe d’une action subordonnée à une fin quelconque.
Terme du système de Kant. Impératif moral ou catégorique, sentiment absolu du devoir.
Hans Jonas, Le Principe responsabilité, Champs essais, Flammarion.
Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Le Livre de Poche.
France Culture, Les Chemins de la philosophie :
Éthique de responsabilité et éthique de conviction.
Patrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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