Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé. Machiavel, Le Prince.
Il faut que, si les faits l’accusent, les effets l’excuse. Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live.
C’est le bien général, et non l’intérêt particulier, qui fait la puissance d’un État ; et, sans contredit, on n’a vraiment en vue le bien public que dans les républiques. Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live.
Dieu est à l’âme humaine ce que l’âme est au corps. Pierre Maine de Biran, Oeuvres.
L’homme est intermédiaire entre Dieu et la nature. Il tient à Dieu par son esprit et à la nature par ses sens. Pierre Maine de Biran, Oeuvres.
Nous ne pouvons point aimer le mal, nous n’avons point pour cela de mouvement. Néanmoins, nous pouvons par erreur prendre le mal pour un bien, et aimer alors le mal, par choix, en aimant le bien d’un amour naturel. Nicolas Malebranche, Traité de morale.
La volonté de Dieu, qui a fait et qui fera, est un acte éternel et immuable, dont les effets changent sans qu’il y ait en Dieu aucun changement. En un mot, Dieu n’a point été, il ne sera point, mais il est. Malebranche, Conversations chrétiennes.
Elles [Les plantes] sont douées de sensibilité, elles communiquent entre elles et avec les animaux, elles dorment, elles mémorisent des données, elles peuvent même manipuler d'autres espèces, mais nous ne voulons rien en savoir. Depuis qu'Aristote les a réduites à des âmes végétatives, les plantes restent pour nous des machines automatiques. Stefano Mancuso, La fibre végétale, Philosophie magazine, mai 2018.
Voici la morale parfaite : vivre chaque jour comme si c'était le dernier ; ne pas s'agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant. Marc-Aurèle, Pensées.
Nulle part en effet l’homme ne trouve de plus tranquille et de plus calme retraite que dans son âme, surtout s’il possède, en son for intérieur, ces notions sur lesquelles il suffit de se pencher pour acquérir aussitôt une quiétude absolue. Marc-Aurèle.
Ne méprise pas la mort, mais sois content d’elle, puisqu’elle est une des choses que veut la nature (...) Il est d’un homme réfléchi de ne pas s’emporter violemment contre la mort ni de la dédaigner, mais de l’attendre comme un événement. Marc-Aurèle, Pensées.
Bien voir toujours au total combien sont éphémères et sans valeur les choses humaines ; hier un peu de morve ; demain une momie ou des cendres. Ce petit instant du temps de la vie, le traverser en se conformant à la nature, partir de bonne humeur, comme tombe une olive mûre, qui bénit celle qui l’a portée et rend grâce à l’arbre qui l’a fait pousser. Marc-Aurèle, Pensées.
Plutôt qu'à la danse, l'art de vivre est comparable à l'art du lutteur, en ce qu'il faut se tenir prêt, sans broncher, à répondre aux coups qui fondent sur vous, même s'ils sont imprévus. Marc-Aurèle, Pensées.
Efface l'imagination, Arrête cette agitation. Dans le temps, fixe le présent. Sache ce qui t'arrive à toi ou à autrui. (...) Songe à ta dernière heure. Laisse la faute commise par un homme à l'endroit où la faute existe. Marc-Aurèle, Pensées.
Si nous jugeons que seules les choses qui dépendent de nous sont des biens et des maux, il ne reste aucun motif d’accuser les dieux ni de nous maintenir en état de guerre contre les hommes. Marc-Aurèle, Pensées.
Voilà ce qui te suffit : le jugement que tu es en train de porter en ce moment sur la réalité, pourvu qu’il soit objectif, l’action que tu es en train de faire en ce moment, pourvu qu’elle soit accomplie pour le service de la communauté humaine, la disposition intérieure dans laquelle tu te trouves en ce moment même, pourvu qu’elle soit une disposition de joie devant la conjonction des événements que produit la causalité extérieure. Marc-Aurèle, Pensées.
Si tu sépares de toi-même, c’est-à-dire de ta pensée (...) tout ce que tu as fait ou dit dans le passé, et toutes les choses qui te troublent, parce qu’elles sont à venir, si tu sépares du temps ce qui est au-delà du présent et ce qui est passé (...) et si tu t’exerces à vivre seulement la vie que tu vis, c’est-à-dire le présent, tu pourras passer tout le temps qui t’est laissé jusqu’à ta mort avec calme, bienveillance, sérénité. Marc-Aurèle, Pensées.
Il faut accomplir chaque action de la vie comme si c’était la dernière. Marc-Aurèle, Écrits pour lui-même.
Celui qui voit le moment présent voit tout ce qui s’est produit de toute éternité et qui se produira dans l’infinité du temps. Marc-Aurèle, Écrits pour lui-même.
Quoi qu’il arrive, cela était préparé d’avance pour toi de toute éternité, et l’entrelacement des causes a depuis toujours tressé ensemble ta substance et la rencontre de cet événement. Marc-Aurèle, Écrits pour lui-même.
Pour ceux qui veulent parler des hommes, il faut observer les choses terrestres, comme si on se trouvait en quelque lieu élevé, regardant de haut en bas : troupeaux, armées, champs, noces, divorces, naissances, morts, brouhaha des tribunaux, campagnes désertes, variété des mœurs des barbares, fêtes, lamentations, marchés, ce pêle-mêle, et finalement l’ordre harmonieux des contraires (...). Regarder d’en haut : rassemblement de foules par milliers, fêtes innombrables, toute sorte de navigation dans la tempête et la bonace, choses variées qui naissent, concourent, disparaissent (...). Aie présent à l’esprit que, si, brusquement élevé dans les airs, tu contemplais d’en haut les choses humaines et leur variété, tu les mépriserais en voyant combien est grand le nombre des habitants parmi les êtres aériens et éthérés. Marc-Aurèle, Écrits pour lui-même.
Le propre de l’homme de bien est d’aimer et d’accueillir avec joie tous les événements qui viennent à sa rencontre et qui sont liés à lui par le Destin. Marc-Aurèle, Écrits pour lui-même.
Les hommes sont faits les uns pour les autres. Donc instruis-les, ou supporte-les. Marc-Aurèle, Pensées.
Ne plus du tout discuter sur ce sujet : “Que doit être un homme de bien ?”, mais l’être. Marc-Aurèle, Pensées.
Voici la morale parfaite : vivre chaque jour comme si c’était le dernier ; ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant. Marc-Aurèle, Pensées.
(...) le présent est en effet la seule chose dont on peut être privé, puisque c’est la seule qu’on possède et que l’on ne perd pas ce que l’on n’a pas. Marc-Aurèle, Pensées.
Souviens-toi que ce n’est pas le passé ni l’avenir mais le présent qui pèse sur toi. Et le présent se rapetisse si seulement tu sais le borner et si tu convaincs d’erreur l’idée qu’on ne peut résister à une chose aussi mince. Marc-Aurèle, Pensées.
Pour résumer, au total les choses du corps s’écoulent comme de l’eau ; les choses de l’âme ne sont que songe et fumée ; la vie est une guerre en terre étrangère ; la renommée qu’on laisse, un oubli. Qu’est-ce qui peut nous guider ? Une seule chose : la philosophie. Marc-Aurèle, Pensées.
Ne rien attendre, ne rien fuir, mais te contenter de l’action présente. Marc-Aurèle, Pensées.
Si Dieu existe, tout est bien ; si les choses vont au hasard, ne te laisse pas aller, toi aussi, au hasard. Marc-Aurèle, Pensées.
La religion, c'est l'opium du peuple. Karl Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel.
Les philosophes ont seulement interprété le monde de diverses manières, ce qui compte, c'est de le transformer. Karl Marx, Thèses sur Feuerbach.
L'homme (...) est non seulement un animal social, mais un animal qui ne peut s'individualiser que dans la société. Marx, Introduction à la critique de l'économie politique.
Être radical, c'est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l'homme, c'est l'homme lui-même (...) la preuve évidente du radicalisme (...), c'est que son point de départ est l'abolition radicale et positive de la religion. Marx.
L’homme est, au sens le plus littéral, un animal politique : non seulement un animal sociable, mais un animal qui ne peut s’isoler que dans la société. Marx, Introduction à la critique de l'économie politique.
La démocratie est l’énigme résolue de toutes les constitutions. (...) De même que la religion ne crée pas l’homme mais que l’homme crée la religion, ce n’est pas la constitution qui crée le peuple, mais le peuple qui crée la constitution. (...) Ainsi la démocratie est l’essence de toute constitution politique. Marx, Critique de la philosophie politique de Hegel.
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes. (...) oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une lutte qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la disparition des deux classes en lutte. Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste.
La question de savoir s’il y a lieu de reconnaître à la pensée humaine une vérité objective n’est pas une question théorique, mais une question pratique. C’est dans la pratique qu’il faut que l’homme prouve la vérité, c’est-à-dire la réalité et la puissance de sa pensée dans ce monde et pour notre temps. Marx, Thèse sur Feuerbach.
Ou bien les preuves de l’existence de Dieu ne sont rien d’autre que des preuves de l’existence de la conscience de soi humaine essentielle, des explications logiques de cette conscience de soi. Par exemple, la preuve ontologique. Quel être est immédiatement, dès qu’il est pensé ? La conscience de soi. Marx, Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Epicure.
La philosophie ne s’en cache pas. Elle fait sienne la profession de foi de Prométhée : “Je hais tous les dieux”. Cette profession de foi est sa propre devise qu’elle oppose à tous les dieux du Ciel et de la Terre qui ne reconnaissent pas pour divinité suprême la conscience que l’homme a de soi. Marx, Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et chez Épicure.
L’athéisme est une négation de Dieu, et, par cette négation, il pose l’existence de l’homme. Marx, Manuscrits de 1844.
La critique de la religion aboutit à cet enseignement que l’homme est l’être suprême pour l’homme, c’est-à-dire l’impératif catégorique de renverser tous les rapports sociaux qui font de l’homme un être humilié, asservi, abandonné méprisable… Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel.
L’oeuvre d’art - comme tout autre produit - crée un public apte à comprendre l’art et à jouir de la beauté. La production ne produit donc pas seulement un objet pour le sujet, mais aussi un sujet pour l’objet. Marx, Introduction à la critique de l’économie politique.
On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion ou par tout ce que l’on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu’ils commencent à produire leurs moyens d’existence. Marx et Engels, L’idéologie allemande.
L’essence humaine n’est pas une abstraction inhérente à l’individu isolé. Dans sa réalité, elle est l’ensemble des rapports sociaux. Marx, Thèse sur Feuerbach.
Dans la pratique sociale de leur vie, les hommes entrent en rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un certain degré de développement de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle répondent des formes sociales et déterminées de conscience. Karl Marx, Préface à la critique de l'économie politique.
A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes ; autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d'autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont des conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de sa suprématie. Marx et Engels, L’Idéologie allemande.
Ainsi, tout le tour d'adresse par lequel on démontre la souveraineté de l’Esprit dans l’histoire [...] se réduit aux trois efforts que voici :
N° 1. Les idées de ceux qui, pour des raisons empiriques, dans des conditions empiriques, et en tant qu’individus physiques, sont les maîtres, ces idées, il faut les séparer de ces maîtres et, par conséquent, reconnaître la suprématie des idées ou des illusions dans l’histoire.
N° 2. Il faut établir un certain ordre dans ce règne des idées, révéler un rapport mystique entre les idées dominantes qui se succèdent ; pour y parvenir, il faut les concevoir comme des “déterminations du concept de par soi” [...].
N° 3. Pour débarrasser de son aspect mystique ce “concept se déterminant lui-même”, on le transforme en une personne - “la Conscience de soi” - ou, pour se donner des airs franchement matérialistes, en une série de personnes qui représentent “le Concept” dans l’histoire, lesquelles sont les “penseurs”, les “philosophes”, les idéologues ; ceux-ci à leur tour, sont considérés comme les fabricants de l’histoire, comme le “Conseil des gardiens”, les dominateurs. Du même coup, on a éliminé de l’histoire tous les éléments matérialistes, et l’on peut tranquillement lâcher la bride à son coursier spéculatif. Marx et Engels, L’Idéologie allemande.
Devenir intelligent, c’est apprendre à vivre en permanence avec le printemps dans sa tête. Serge Marquis, Le jour où je me suis aimé pour de vrai.
Tous les humains qui s’affairent à devenir eux-mêmes perdent leur temps. On ne peut pas devenir soi-même. On ne peut qu’être soi-même. Cela se fait en une fraction de seconde, en un battements de cils, le temps d’une inspiration. Être là est la seule solution, il n’y a pas d’autre remède à la peur, à l’angoisse, à toutes les formes de souffrance psychique, au vieillissement, aux pertes… Être là. Serge Marquis, Le jour où je me suis aimé pour de vrai.
Tout un chacun est plus ou moins capable d’avoir des relations sexuelles, c’est juste un besoin. C’est facile et pas si intéressant en soi. En revanche, il y a dans la sexualité une ouverture, car l’érotisme peut être le début d’une expérience intellectuelle aux yeux de Platon. Les heures occupées aux jeux amoureux sont, disons, proto-philosophiques. L’érotisme nous conduit au seuil de la philosophie, car il nous fait entrevoir la beauté et même la vérité. Daniel Mendelsohn, Le vie érotique est notre voie d’accès à la beauté, Philosophie Magazine, n° 121.
Il est vrai que nous demeurons libres d’accepter et de refuser la vie ; en l’acceptant nous assumons les situations de fait - notre corps, notre visage, nos manières d’être -, nous prenons nos responsabilités, nous signons un contrat avec le monde et avec les hommes. Maurice Merleau-Ponty, Sens et Non-Sens.
Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait “naturels” et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.
Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu'un seul tissu (...). Il y a là un être à deux, et autrui n'est plus pour moi un simple comportement. Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.
On ne voit pas comment un Esprit pourrait peindre. C’est en prêtant son corps au monde que le peintre change le monde en peinture. Merleau-Ponty, L’Oeil et l’Esprit.
Le temps n’est pas un processus réel, une succession effective que je me bornerais à enregistrer. Il naît de mon rapport avec les choses. Dans les choses mêmes, l’avenir et le passé sont dans une sorte de préexistence et de survivance éternelles : l’eau qui passera demain est en ce moment à sa source, l’eau qui vient de passer est maintenant plus bas, dans la vallée. Ce qui est passé ou futur pour moi est présent dans le monde. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.
Ne disons plus que le temps est une “donnée de la conscience” ; disons plus précisément que la conscience déploie ou constitue le temps. Par l’idéalité du temps, elle cesse enfin d’être enfermée dans le présent. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.
L’homme est une idée historique, et non pas une espèce naturelle. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception.
Le philosophe est l’homme qui s’éveille et qui parle, et l’homme contient silencieusement les paradoxes de la philosophie, parce que, pour être tout à fait homme, il faut être un peu plus et un peu moins qu’homme. Merleau-Ponty, Éloge de la philosophie.
Si je regarde fixement un objet devant moi le psychologue dira que, les conditions extérieures restant les mêmes, l'image mentale de l'objet est restée la même. Mais encore faudrait-il analyser l'acte par lequel je reconnais à chaque instant cette image comme identique dans son sens à celle de l'instant précédent. L'image mentale du psychologue est une chose, il reste à comprendre ce que c'est que la conscience de cette chose. L'acte de connaître n'est pas de l'ordre des événements, c'est une prise de possession des événements, même intérieurs, qui ne se confond pas avec eux, c'est toujours une « re-création » intérieure de l'image mentale, et, comme Kant et Platon l'ont dit, une reconnaissance, une recognition. Ce n'est pas l'oeil, pas le cerveau, mais pas davantage le « psychisme » du psychologue qui peut accomplir l'acte de vision. Il s'agit d'une inspection de l'esprit où les événements, en même temps que vécus dans leur réalité, sont connus dans leur sens. [...] La perception échappe à l'explication naturelle et n'admet qu'une analyse intérieure. [...] La seule manière, pour une chose, d'agir sur un esprit est de lui offrir un sens, de se manifester à lui, de se constituer devant lui dans ses articulations intelligibles. L'analyse de l'acte de connaître conduit à l'idée d'une pensée constituante ou naturante qui sous-tende intérieurement la structure caractéristique des objets. Pour marquer à la fois l'intimité des objets au sujet et la présence en eux de structures solides qui les distinguent des apparences, on les appellera des « phénomènes » et la philosophie, dans la mesure où elle s'en tient à ce thème, devient une phénoménologie, c'est-à-dire un inventaire de la conscience comme milieu d'univers. Maurice Merleau-Ponty, La structure du comportement.
Le véritable silence, c’est lorsqu’on n’a plus besoin d’être entendu. Thomas Merton.
J'affirme que nous ne savons pas si nous savons quelque chose ou si nous ne savons rien, et que nous ne savons même pas s'il existe un ignorer et un connaître, et plus généralement s'il existe quelque chose, ou s'il n'existe rien. Métrodore de Chio, in Cicéron, Lucullus.
C’est en techniciens que nous sommes allés sur la Lune. C’est en humanitaires que nous en sommes revenus. Edgar Mitchell, Astronaute américain de la mission Apollo 14, sixième marcheur lunaire.
Le bonheur est désirable ; il est, à titre de fin, la seule chose désirable, toutes les autres choses n'étant désirables que comme des moyens en vue de cette fin. John Stuart Mill, L'Utilitarisme.
Il vaut mieux être un homme malheureux qu'un porc satisfait, être Socrate mécontent plutôt qu'un imbécile heureux ; et si l'imbécile et le porc sont d'une opinion différente, c'est qu'ils ne connaissent qu'un côté de la question. John Stuart Mill, L'Utilitarisme.
La liberté consiste à faire ce que chacun désire. John Stuart Mill, De la liberté.
Les objections contre l’interférence du gouvernement, là où elle n’implique pas une violation de la liberté peuvent être de trois sortes. John Stuart Mill, De la liberté.
La première s’applique au cas où la chose à faire est susceptible d’être mieux faite par les individus que par le gouvernement. Ibid.
[La deuxième objection]. Dans de nombreux cas, bien qu’en moyenne les individus ne soient pas capables de faire certaines choses aussi bien que les fonctionnaires, il est néanmoins souhaitable que ce soit eux qui les fassent et non le gouvernement, afin de contribuer à leur propre éducation intellectuelle et comme moyen de fortifier leurs facultés d’action, d’exercer leur jugement, et de leur rendre familière la connaissance des sujets dont on les laisse s’occuper. Ibid.
Les opérations du gouvernement ont tendance à être partout les mêmes. Au contraire, avec les individus et les associations volontaires, nous avons une immense variété de tentatives et d’expériences. Ce que l’État peut faire utilement, c’est de jouer le rôle de collecteur central et de diffuseur actif des expériences résultant de ces nombreuses tentatives. Son rôle est de permettre à tout expérimentateur de bénéficier des expériences des autres, et non pas de ne tolérer que la sienne. Ibid.
La troisième et la plus forte raison pour restreindre l’intervention du gouvernement est le mal extrême qu’il y a à augmenter sans nécessité son pouvoir. Toute fonction ajoutée à celles qu’exerce déjà le gouvernement contribue à un élargissement de son influence sur les espoirs et les craintes des citoyens, et transforme dans une plus large mesure les éléments actifs et ambitieux du public en parasites ou en comploteurs dont le but est de prendre sa place. Ibid.
Voilà ce qu’il devrait en être de tout peuple libre ; et un peuple capable de cela est certain d’être libre. Il ne se laissera jamais réduire à l’esclavage par un homme ou un groupe d’hommes simplement parce qu’il est capable de s’emparer de l’administration centrale et d’en tenir les rênes. Aucune bureaucratie ne peut espérer contraindre un tel peuple à faire ou à subir ce qui ne lui plaît pas. Mais là où tout passe par les mains de la bureaucratie, rien de ce à quoi elle s’oppose ne peut être fait. Ibid.
A la longue, la valeur d’un État est la valeur des individus qui le composent ; et un État qui subordonne les intérêts de l’élargissement et de l’élévation de leur esprit à un peu plus de compétence administrative dans le détail des affaires - ou à l’apparence qu’en donne la pratique ; un Etat qui réduit ses hommes jusqu’à en faire des instruments dociles entre ses mains, même en vue de bienfaits, s'apercevra que rien de grand ne peut vraiment s’accomplir avec de petits hommes, et que la perfection de la machinerie à laquelle il a tout sacrifié n'aboutit finalement à rien, faute de cette puissance vitale qu’il a préféré proscrire pour faire tourner régulièrement la machine. Ibid.
Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; voire et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées ne sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps, quelque autre partie je les ramène à la promenade au verger, à la douceur de cette solitude et à moi. Montaigne, Essais.
Il y a de la sagesse à jouir de la vie ; j’en jouis au double des autres car le degré de grandeur dans la jouissance dépend du plus ou moins d’application que nous y apportons. (...) Je veux arrêter la promptitude de la fuite [du temps] par la promptitude de ma prise, et, par la vigueur de l’usage [que j’en ferai], compenser la hâtive rapidité de son écoulement. Montaigne, Essais.
A combien de sots esprits (...), une mine froide et taciturne a servi de titre de sagesse et de capacité ! Montaigne, Essais.
Tout ce qui peut être fait un autre jour le peut être aujourd'hui. Montaigne, Essais.
Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint. Montaigne, Essais.
Mon métier et mon art, c’est vivre. Montaigne.
J’ai un dictionnaire tout à part moi. Je passe le temps quand il est mauvais et incommode ; quand il est bon je ne le veux pas passer, je le retâte, je m’y tiens (...). Cette phrase ordinaire de passe-temps et de passer le temps représente l’usage de ces prudentes gens qui ne pensent point avoir meilleur compte de leur vie que de la couler et d’échapper, de la passer, gauchir et, autant qu’il est en eux, ignorer et fuir. (...) Il y a du ménage (du travail) à la jouir (jouir de la vie) ; je la jouis au double des autres, car la mesure en la jouissance dépend du plus ou moins d’application que nous y prêtons. Principalement à cette heure que j’aperçois la mienne si brève en temps, je la veux étendre en poids ; je veux arrêter la promptitude de ma saisie, et par la vigueur de l’usage compenser la hâtivité de son écoulement ; à mesure que la possession du vivre est plus courte, il me la faut rendre plus profonde et plus pleine. Montaigne.
Ne cherchons pas hors de nous notre mal, il est chez nous, il est planté en nos entrailles. Montaigne, Essais.
Je n’ai rien fait aujourd’hui. - Quoi ? N’avez-vous pas vécu ? C’est non seulement la fondamentale, mais la plus illustre de vos occupations (...). Notre grand et glorieux chef-d’oeuvre, c’est vivre à propos. C’est une absolue perfection et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. Montaigne, Essais.
Les plus belles vies sont, à mon gré, celles qui se rangent au modèle commun et humain, avec ordre, mais sans miracle et sans extravagance. Montaigne, Essais.
La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir. Montesquieu, De l'esprit des lois.
C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. Qui le dirait ! La vertu même a besoin de limites. Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête de pouvoir. Montesquieu, De l'esprit des lois.
Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse ; l’égalité, qui était entre eux, cesse, et l’état de guerre commence.
Chaque société particulière vient à sentir sa force ; ce qui produit un état de guerre de nation à nation. Les particuliers, dans chaque société, commencent à sentir leur force ; ils cherchent à tourner en leur faveur les principaux avantages de cette société ; ce qui fait entre eux un état de guerre.
Ces deux sortes d’état de guerre font établir les lois parmi les hommes. Considérés comme habitants d’une si grande planète, qu’il est nécessaire qu’il y ait différents peuples, ils ont des lois dans le rapport que ces peuples ont entre eux ; et c’est le DROIT DES GENS. Considérés comme vivants dans une société qui doit être maintenue; ils ont des lois dans le rapport qu’ont ceux qui gouvernent avec ceux qui sont gouvernés ; et c’est le DROIT POLITIQUE. Ils en ont encore dans le rapport que tous les citoyens ont entre eux ; et c’est le DROIT CIVIL. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre premier, chapitre 3.
Outre le droit des gens, qui regarde toutes les sociétés, il y a un droit politique pour chacune. Une société ne saurait subsister sans un gouvernement. la réunion de toutes les forces particulières [...] forme ce qu’on appelle l’ÉTAT POLITIQUE.
La force générale peut être placée entre les mains d’un seul, ou entre les mains de plusieurs. Quelques-uns ont pensé que, la nature ayant établi le pouvoir paternel, le gouvernement d’un seul était le plus conforme à la nature. Mais l'exemple du pouvoir paternel ne prouve rien. Car, si le pouvoir du père a du rapport au gouvernement d’un seul, après la mort du père, le pouvoir des frères ou, après la mort des frères, celui des cousins germains ont du rapport au gouvernement de plusieurs. La puissance politique comprend nécessairement l’union de plusieurs familles.
Il vaut mieux dire que le gouvernement le plus conforme à la nature est celui dont la disposition particulière se rapporte mieux à la disposition du peuple pour lequel il est établi. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre premier, chapitre 3.
La loi, en général, est la raison humaine, en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre ; et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent être que les cas particuliers où s’applique cette raison humaine.
Elles doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites, que c’est un très grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre.
Il faut qu’elles se rapportent à la nature et au principe du gouvernement qui est établi, ou qu’on veut établir ; soit qu’elles le forment, comme font les lois politiques ; soit qu’elles le maintiennent, comme font les civiles. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre premier, chapitre 3.
Il y a trois espèces de gouvernements : le RÉPUBLICAIN, le MONARCHIQUE, et le DESPOTIQUE. [...] Je suppose trois définitions, ou plutôt trois faits : l’un que le gouvernement républicain est celui où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance ; le monarchique, celui où un seul gouverne, mais par des lois fixes et établies ; au lieu que, dans le despotique, un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre II, chapitre premier.
Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre IV, chapitre 4.
Comme il faut de la vertu dans une république, et dans une monarchie, de l’honneur, il faut de la CRAINTE dans un gouvernement despotique : pour la vertu, elle n’y est point nécessaire, et l’honneur y serait dangereux. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre III, chapitre 9.
La démocratie et l’aristocratie ne sont point des États libres par leur nature. La liberté politique ne se trouve que dans les gouvernements modérés. Elle n’y est que lorsqu’on n’abuse pas du pouvoir : mais c’est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. Qui le dirait ! la vertu même a besoin de limites. Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Une constitution peut être telle, que personne ne sera contraint de faire les choses auxquelles la loi ne l’oblige pas, et à ne point faire celles que la loi lui permet. Montesquieu, De l’Esprit des lois, Livre XI, chapitre 5.
Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d’être français, ou bien parce que je suis nécessairement homme et que je ne suis français que par hasard. Montesquieu, Mes pensées.
Si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés. Montesquieu, Lettres persanes.
Nous savons tous que nous sommes des animaux de la classe des mammifères, de l’ordre des primates, de la famille des hominiens, du genre homo, de l’espèce sapiens. (...) Et comme nous appelons folie la conjonction de l’illusion, de la démesure, de l’instabilité, de l’incertitude entre réel et imaginaire, de la confusion entre subjectif et objectif, de l’erreur, du désordre, nous sommes contraintes de voir qu’homo sapiens est homo demens. Edgar Morin, Le Paradigme perdu : la nature humaine.
Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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