A vrai dire, il est bien inutile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien au monde de plus contraire à la nature, que l’injustice. La liberté est donc naturelle ; c’est pourquoi, à mon avis, nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
Les bêtes, Dieu me soit en aide, si les hommes veulent bien les entendre, leur crient : “Vive la liberté !” Plusieurs d’entre elles meurent aussitôt prises. Tel le poisson qui perd la vie sitôt tiré de l’eau, elles se laissent mourir pour ne point survivre à leur liberté naturelle. [...] “Même les boeufs, sous le joug, geignent, et les oiseaux, en cage, se plaignent.” La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
Pour acquérir le bien qu’il souhaite, l’homme hardi ne redoute aucun danger, l’homme avisé n’est rebuté par aucune peine. [...] Ce désir, cette volonté commune aux sages et aux imprudents, aux courageux et aux couards, leur fait souhaiter toutes les choses dont la possession les rendrait heureux et contents. Il en est une seule que les hommes, je ne sais pourquoi, n’ont pas la force de désirer : c’est la liberté, bien si grand et si doux ! La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
A vrai dire, il est bien inutile de se demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien au monde de plus contraire à la nature, que l’injustice. La liberté est donc naturelle ; c’est pourquoi, à mon avis, nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
Les bêtes, Dieu me soit en aide, si les hommes veulent bien les entendre, leur crient : “Vive la liberté !” Plusieurs d’entre elles meurent aussitôt prises. Tel le poisson qui perd la vie sitôt tiré de l’eau, elles se laissent mourir pour ne point survivre à leur liberté naturelle. [...] “Même les boeufs, sous le joug, geignent, et les oiseaux, en cage, se plaignent.” La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
On ne regrette jamais ce qu’on n’a jamais eu. Le chagrin ne vient qu’après le plaisir et toujours, à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne. [...] Ainsi, la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. La Boétie, Discours de la servitude volontaire.
Il n'y a point de chemin trop long à qui marche lentement et sans se presser. Il n'y a point d'avantages trop éloignés à qui s'y prépare par la patience. La Bruyère, Les Caractères.
Ne pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein n'est pas un fort bon caractère. Il faut dans le commerce des pièces d'or et de la monnaie. La Bruyère, Les Caractères.
Quand on veut changer et innover dans une république, c'est moins les choses que le temps que l'on considère. La Bruyère, Les Caractères.
Et si de t'agréer je n'emporte le prix
J'aurais du moins l'honneur de l'avoir entrepris. La Fontaine.
Ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder fixement. La Rochefoucauld, Maximes.
Rien n'est plus contagieux que l'exemple. La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et maximes morales.
Il n’est pas si dangereux de faire du mal à la plupart des hommes que de leur faire trop de bien. La Rochefoucauld, Maximes.
C’est l’intérêt seul qui produit notre amitié. La Rochefoucauld, Maximes.
L'inconscient, c'est le discours de l'Autre. Lacan, Écrits.
Il n’est pas désagréable de penser à la mort en écoutant des chansons. Alexandre Lacroix, Philosophie magazine, juin 2018.
Si l’on supprime les maux, on supprime également la sagesse, et il ne reste en l’homme nulle trace de vertu, dont la raison d’être consiste à supporter et à surmonter l’amertume des maux. Lactance, La colère de Dieu.
[A propos de Pittacos, l’un des Sept Sages présocratiques] Comme on lui demandait : qu’est-ce qui est le meilleur, il dit : “Bien faire le travail du moment”. Diogène Laërce, Vie et doctrines des philosophes illustres.
Selon les stoïciens, l:e sage fera de la politique, s’il n’en est pas empêché. (...) Il ne vivra pas dans la solitude, car il est par nature un être sociable et un homme d’action. Diogène Laërce, Vie et doctrines des philosophes illustres.
Ceux qui veulent prendre le contrôle du monde et agir sur lui échoueront. Une telle disposition ne mène qu’à la faillite. Le monde est un vase sacré et non quelque chose sur quoi l’on agit. Ceux qui veulent lui imposer leur volonté le détruisent. Ceux qui veulent s’en saisir le perdent. Lao-Tseu, Tao té King.
Accède à la vacuité, tu seras l’axe du monde. Lao-Tseu.
Vivre longtemps est en notre pouvoir, si en effet nous rendons sensibles même les parties les plus ténues de notre temps. Leibniz, Samtliche Schriftent und Briefe).
Le vrai temps, c’est celui d’une vache qui marche sur la route. Fernand Léger.
Nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Leibniz, Essai de Théodicée.
Tout l'Univers, il faut le reconnaître, progresse perpétuellement et avec une liberté entière, de sorte qu'il s'avance toujours vers une civilisation supérieure. (...) Mais comme l'Univers est infini, et malgré les perfections atteintes, "le progrès ne sera jamais achevé." Leibniz, Opuscules philosophiques.
Il n'y a rien d'inculte, de stérile, de mort dans l'univers. Leibniz, Monadologie.
On peut prendre le mal métaphysiquement, physiquement et moralement. Le mal métaphysique consiste dans la simple imperfection, le mal physique dans la souffrance, et le mal moral dans le péché. Leibniz, Théodicée.
Nous savons que souvent un mal cause un bien, auquel on ne serait point arrivé sans ce mal. Leibniz, Essais de Théodicée.
Il n'y a plus d'ailleurs. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques.
Les hommes n’agissent pas, en tant que membres du groupe, conformément à ce que chacun ressent comme individu : chaque homme ressent en fonction de la manière dont il lui est permis ou prescrit de se conduire. Les coutumes sont données comme normes externes avant d’engendrer des sentiments internes, et ces normes insensibles déterminent les sentiments individuels ainsi que les circonstances où ils pourront ou devront se manifester. Lévi-Strauss, Le Totémisme aujourd’hui.
Posons donc que tout ce qui est universel, chez l’homme, relève de l’ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté.
L'autre est infiniment autre. Levinas, Totalité et infini.
L’œil ne luit pas, il parle. Emmanuel Levinas, Totalité et infini.
Le visage où autrui se tourne vers moi ne se résorbe pas dans la représentation du visage. Entendre sa misère qui crie justice ne consiste pas à se représenter une image, mais à se poser comme responsable, à la fois comme plus et comme moins que l’être qui se présente dans le visage. Moins, car le visage me rappelle à mes obligations et me juge. L’être qui se présente en lui vient d’une dimension de hauteur, dimension de la transcendance où il peut se présenter comme étranger, sans s’opposer à moi comme obstacle ou ennemi. Plus, car ma position de moi consiste à pouvoir répondre à cette misère essentielle d’autrui, à me trouver des ressources. Autrui qui me domine dans sa transcendance est aussi l’étranger, la veuve et l’orphelin envers qui je suis obligé. Emmanuel Levinas, Totalité et infini.
La relation au visage est d'emblée éthique. Le visage est ce qu'on ne peut pas tuer, ou du moins de dont le sens consiste à dire : "tu ne tueras pas." Levinas, Ethique et infini.
La violence appelle la violence. Mais il faut arrêter cette réaction en chaîne. La justice est ainsi. Telle est du moins sa mission une fois que le mal est commis.L’humanité naît dans l’homme à mesure qu’il sait réduire les offenses mortelles à des litiges d’ordre civil, à mesure que punir se ramène à réparer ce qui est réparable et à rééduquer le méchant. IL ne faut pas à l’homme une justice sans passion seulement. Il nous faut une justice sans bourreau. Levinas, Difficile Liberté.
La connaissance de l'homme ne peut pas s'étendre au-delà de son expérience propre. John Locke, Essai sur l'entendement humain.
Là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas non plus de liberté. Locke, Second traité du gouvernement civil.
Il faut vieillir pour accéder aux pensées de ses parents. Marcelline Loridan-Ivens.
Et ce n’est pas non plus sans raison que je chante : pour donner aux enfants l’absinthe répugnante, le médecin répand sur la coupe d’abord un miel doux et doré dont il enduit le bord ; (...) Et moi dont la raison souvent paraît austère aux auditeurs nouveaux, et puisque le vulgaire la fuit avec horreur, je veux te l’exposer avec le doux parler du chant péridien (les Piérides sont des muses) et comme en l’imprégnant de doux miel muséen, dans l’espoir que mes vers puissent te captiver, le temps de percevoir la nature en entier et d’en bien pressentir toute l’utilité.” Lucrèce, De la Nature.
Si les hommes pouvaient, de même qu’ils semblent sentir au fond du coeur le poids dont la lourdeur les accable, apprendre à connaître d’où vient le mal et pourquoi ce lourd fardeau de misère séjourne dans leur coeur, ils ne vivraient pas comme nous les voyons vivre pour la plupart, ignorant ce qu’ils veulent l’un et l’autre, et cherchant sans cesse à changer de place, comme s’ils pouvaient jeter à bas leur charge (...). Chacun cherche à se fuir soi-même (...) on reste attaché malgré soi à ce moi qu’on déteste. Lucrèce, De la Nature.
Si le monde entier, aujourd’hui, pour la première fois, apparaissait aux mortels, si, brusquement, à l’improviste, il surgissait à leurs regards, que pourrait-on citer de plus merveilleux que cet ensemble et dont l’imagination des hommes eût moins osé concevoir l’existence. Lucrèce, De la Nature.
[A propos d'Épicure] Il s’est avancé très loin au-delà des barrières enflammées du monde et il a parcouru, par l’esprit et la pensée, le tout sans limite. Lucrèce, De la Nature.
Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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