Bac Philo - I.1. La Conscience - Fiche n° 1. La Conscience - De quoi parlons-nous ?

Étymologie

Larousse étymologique :

Latin conscientia, connaissance. “Conscient” : latin consciens, participe présent de conscire, avoir conscience, de scire, savoir.

Gaffiot :

1. Connaissance de quelque chose partagée avec quelqu’un, connaissance en commun ;

2. Claire connaissance qu’on a au fond de soi-même, sentiment intime ;

3. [Sens moral] Sentiment intime de quelque chose, claire connaissance intérieure ;

4. Sentiment, conscience [avec idée de bien, de mal].

Définitions

Conscience

Lalande :

1. Conscience psychologique

   1. Intuition (plus ou moins complète, plus ou moins claire) qu’a l’esprit de ses états et de ses actes [Conscience spontanée].

   2. Si cette connaissance (...) suppose une opposition nette de ce qui connaît et de ce qui est connu, et une analyse de l’objet de cette connaissance (...) la conscience est dite conscience réfléchie ;

   3. Ce que saisit la conscience [spontanée] (...) : l’ensemble des faits psychologiques appartenant à un individu ou à un ensemble d’individus, en tant qu’ils ont un caractère commun ;

   4. Un être conscient ;

   5. Connaissance immédiate (non seulement de soi-même, mais d’autres choses).

Complément sur Conscience (psychologique) : L’emploi large du mot conscience n’est pas équivoque. On peut fort bien dire une conscience pour un sujet percevant (une monade leibnizienne). (...) En réalité, le mot conscience, au sens a., désigne la pensée même, antérieure à la distinction du connaissant et du connu ; comme telle, elle est la donnée première que la réflexion analyse en sujet et en objet.

1. Conscience morale

   1. Propriété qu’a l’esprit humain de porter des jugements normatifs spontanés et immédiats sur la valeur morale de certains actes individuels déterminés [Bonne conscience, mauvaise conscience] ;

   2. “Une conscience” : se dit d’une personne dont la conscience morale est particulièrement ferme, et qui la suit sans compromis [Consciencieux].

Morfaux :

Philosophie de la conscience. C’est avec le cogito cartésien que commencent les philosophies de la conscience (...). Posé comme vérité première de la philosophie, il ouvre la voie à toutes les interprétations idéalistes. Kant distingue, tout autant de l’âme comme substance que du moi empirique, le “je pense” qui accompagne toutes mes représentations, comme “sujet transcendantal”, comme “aperception pure”, condition de possibilité du rapport à l’objet, “corrélat de toutes mes représentations”.

Phénoménologie. A partir de la notion d’intentionnalité et en réinterprétant Descartes et Kant, Husserl décrit toute conscience comme “conscience de”, se référant à un objet. A sa suite, J.-P. Sartre décrit la conscience comme présence à soi, “être pour soi”, projet vers l’avenir, liberté et négativité, par opposition à “l’être en soi” des choses, opposition qui est insurmontable.

Godin :

Relation sensible ou pensée qu’un être est capable d’établir avec le monde extérieur ou avec lui-même. Dans ce dernier cas, on parle de conscience de soi.

La conscience est un phénomène émergent de la vie, qui apparaît avec un certain degré de complexité (seuls les animaux supérieurs peuvent être dits conscients).

La sensation est la forme la plus simple de la conscience (on dit pour la désigner : “conscience sensible”). La conscience de soi est la forme la plus complexe, et seul l’être humain la possède pleinement (un chien n’a pas de souvenirs d’enfance).

La conscience morale désigne le sens que l’être humain peut avoir du bien et du mal, du juste et de l’injuste, de l’honnête et du malhonnête, etc. Le cas du psychopathe montre que l’on peut avoir une conscience intellectuelle lucide et en même temps être dépourvu de toute conscience morale.

En bref/L’essentiel

La distinction classique des différentes formes de conscience comprend trois types de conscience :

• Conscience d’objet ou de choses : conscience immédiate ou spontanée, c’est la connaissance sensible, directe, liée à l’expérience ;

• Conscience de soi : conscience réfléchie ou réflexive : “Conscience qui est conscience (ou connaissance) de la conscience” (cnrtl.fr) ;

• Conscience morale : capacité de porter des jugements sur la valeur morale (bien ou mal, juste ou injuste) de ses actes ou pensées.

Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.