Éléments contextuels

Éléments biographiques

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est considéré comme un pur produit des Lumières. Pourtant c’est un “penseur qui résiste à tout classement” (Bréhier), un “marginal des Lumières” (Folscheid).

Il naît à Genève, en 1712. Son père, Isaac Rousseau, est horloger comme le furent son père et son grand-père. Sa mère, Suzanne Bernard, elle-même fille d’un horloger, meurt neuf jours après la naissance de Jean-Jacques.

Il sera un musicien reconnu à son époque, inventant un nouveau système de notation musicale. Une de ses œuvres, Le Devin du village, petit opéra en un acte, sera représentée devant Louis XV et sa cour, au château de Fontainebleau. Il abordera la philosophie lors de sa rencontre avec Diderot et D'Alembert, les fondateurs de l’Encyclopédie.

Il meurt en 1778 à Ermenonville, où il était hébergé par le marquis de Girardin, dans son château. Son corps est transféré au Panthéon en 1794. Son tombeau fait face à celui de Voltaire, mort deux mois avant lui.

L’œuvre

Les principales œuvres qui constituent la doctrine philosophique de Rousseau sont :

• Le Discours sur les sciences et les arts (1750) ;

• Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1754) ;

• Le Contrat social (1762) ;

• L’Émile ou de l’éducation (1762).

Le Discours sur les sciences et les arts répond à la question “Le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs ?” La réponse de Rousseau est un paradoxe face à la représentation classique du progrès lié au siècle des Lumières : le progrès des sciences corrompt les mœurs des hommes et les éloigne de la vertu et du bonheur.

Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes apporte une explication à la réponse paradoxale de Rousseau. Dans l’état de nature, l’homme est libre et il se contente de satisfaire ses besoins les plus simples : manger et boire ce que la nature lui offre, dormir sous un arbre. Le problème de l’inégalité vient avec l’état civil où l’homme vit en société. C’est le rapport inégal des riches et des pauvres, des dominants et des dominés.

Synthèse globale

L’académie de Dijon pose la question : Quelle est la source de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle.

Rousseau y répond en reformulant la question : il faut chercher l’origine de l’inégalité dans le passage de l’état naturel à celui de société. L’inégalité n’est pas naturelle. Il faut donc d’abord connaître l’homme avant de pouvoir donner une réponse.

La première partie expose l’hypothèse de l’homme sauvage, qui se satisfait de ses besoins les plus simples, et vit isolé de ses semblables. Il est libre et naturellement bon, ignorant ce qu’est le vice. L’homme se distingue par une faculté, la perfectibilité et une vertu naturelle, la pitié.

La seconde partie décrit l’évolution des sociétés depuis l’homme naissant jusqu’à l’époque contemporaine de Rousseau. Il s’agit également d’une hypothèse. Le développement du langage, l’apparition de la propriété, la dépendance de plus en plus grande des hommes entre eux ont créé l’inégalité. L’homme n’est plus libre : le riche s’oppose au pauvre, le puissant opprime le faible, le despotisme et l’esclavage règnent. L’inégalité parmi les hommes vient du passage à l’état civil et à la perte de la liberté naturelle.

Patrick Moulin, MardiPhilo, octobre 2024.