[Réalité des Idées] Mais nos explications doivent être rendues sur un tel point plus distinctes ; il nous faut, au sujet de ces essences, un examen approfondi : Est-ce qu’il y a un feu absolu et en soi, et tous les objets dont sans cesse nous parlons ont-ils ainsi chacun leur être absolu et en soi ? 51b.
Les choses telles qu’elles nous apparaissent, en tant qu’elles sont pensées comme des objets conformément à l’unité des catégories, s’appellent phénomènes. Cela dit, si j’admets des choses qui sont simplement des objets de l’entendement et peuvent cependant être données en tant que telles à une intuition, bien que ce ne soit pas l’intuition sensible, des choses de ce type s’appelleraient des noumènes. Analytique des principes, Phénomènes et noumènes, note a, p. 301-302.
Si nous entendons par noumène une chose en tant qu’elle n’est pas objet de notre intuition sensible, où nous faisons abstraction de notre manière de l’intuitionner, c’est alors un noumène pris dans le sens négatif. Si en revanche nous entendons par là un objet d’une intuition non sensible, nous admettons un mode particulier d'intuition, à savoir l’intuition intellectuelle, laquelle toutefois n’est pas la nôtre, et dont nous ne pouvons même pas envisager la possibilité, et il s’agirait alors du noumène pris dans le sens positif. Ibid., p. 304.
Le concept d’un noumène, c’est-à-dire d’une chose qui doit être pensée, non pas du tout comme objet des sens, mais comme une chose en soi (uniquement par un entendement pur), n’est nullement contradictoire ; car on ne peut en tout état de cause affirmer de la sensibilité qu’elle soit le seul mode d’intuition possible. En outre, ce concept est nécessaire pour éviter d’étendre l’intuition sensible jusqu’aux choses en soi elles-mêmes, et donc pour limiter la validité objective de la connaissance sensible (car le reste, à quoi cette dernière n’a pas accès, s’appelle précisément noumènes pour indiquer ainsi que ces connaissances ne peuvent étendre leur objet à tout ce que pense l’entendement). Ibid., p. 306.
Le concept d’un noumène est donc simplement un concept-limite, afin de limiter les prétentions de la sensibilité et est donc uniquement d’usage négatif. Ibid.
[Nous] n’avons qu’une seule et unique espèce d'êtres dans le monde dont la causalité soit téléologique, c’est-à-dire orientée vers des fins et pourtant, en même temps, de telle nature que la loi d’après laquelle il leur faut se définir des fins est représentée par eux-mêmes comme inconditionnée et indépendante des conditions naturelles, mais comme nécessaire en soi. L’être de cette espèce est l’homme, mais considéré comme noumène ; il est le seul être de la nature dans lequel nous pouvons cependant, en vertu de sa constitution spécifique, reconnaître un pouvoir suprasensible (la liberté), et même la loi de la causalité, en même temps que l’objet de celle-ci, qu’il peut se proposer comme fin suprême (le souverain bien dans le monde). Méthodologie de la faculté de juger téléologique, p. 433.
Le noumène est une réalité intelligible, que nous pouvons penser, mais que nous ne pouvons pas connaître. Il s’oppose au phénomène, réalité sensible que nous pouvons percevoir et également connaître.
Mot créé par Kant, du grec noumenon, “ce qui est pensé”, participe passif neutre de noeÎn, penser (par opposition à phénomène).
[Noos :] Faculté de penser.
Du grec noumena choses pensées, terme emprunté par Kant à Platon dans le Timée (51b), qui désigne ainsi les Idées.
Réalité intelligible, objet de la raison (noos) opposée à la réalité sensible ; et par suite réalité absolue, chose en soi : car la tradition platonicienne, renforcée par l’opposition chrétienne du monde sensible et du monde spirituel, identifie la connaissance vulgaire à l’apparence et à l’illusion, la connaissance rationnelle à la pensée des choses telles qu’elles sont.
De là vient que le mot noumène a passé graduellement, dès l'époque de Kant, et de ses propres œuvres, d’un sens purement critique à un sens presque ontologique.
Chez Kant, noumène désigne les choses en tant qu’elles sont pensées. Aux réalités sensibles ou phénomènes (phainomena) données à l’homme dans l’intuition sensible s’opposent d’autres choses possibles qui ne sont pas objets des sens.
Terme utilisé par Kant pour désigner les idées forgées par la raison lorsque celle-ci entreprend de faire comprendre les réalités qui échappent à la connaissance (et telles sont selon Kant les réalités métaphysiques). Ainsi l’âme et la liberté sont des noumènes en ce sens que ce ne sont pas des concepts explicatifs (qui peuvent nous aider à comprendre le réel). Les noumènes ont un usage pratique dans le domaine moral (des objets de croyances profitables).
[Par opposition à phénomène] Dans la doctrine de Kant, réalité intelligible qui ne peut être l'objet d’une connaissance empirique. Synonyme : chose en soi.
Emprunté, par l’intermédiaire de l’allemand Noumenon du grec noumena, proprement “ce qui est pensé”. Chez Kant, désigne l’objet en soi, tel qu’il est, par opposition à Phénomène, qui désigne l’objet tel qu’il nous apparaît, tel que nos sens nous le présentent.
Se dit, dans le kantisme, des faits qui se passent dans notre âme, et qui nous sont révélés par la conscience. On l’oppose à phénomène.
KANT E., Critique de la raison pure, Paris, GF Flammarion, 2006.
KANT E., Critique de la faculté de juger, Paris, GF Flammarion, 2000.
« De Spinoza à Sartre - Philosophie - Fiches de lecture, tome 2 » Fiche n° 2 : Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant.
Antinomie ; Autonomie/hétéronomie ; Concept ; Cosmologie rationnelle ; Déontologie ; Impératif (catégorique, hypothétique) ; Imaginer et concevoir ; Intuition ; Métaphysique ; Morale ; Noumène ; Objectif/Subjectif ; Obligation ; Phénomène ; Prédicat ; Preuve ontologique ; Schème ; Subsumer ; Transcendant ; Transcendantal ; Universel.
Patrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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