Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
“À quoi bon un livre sans images ni dialogues ?” pensait Alice. p. 49.
Alice ne trouva pas extraordinaire d'entendre le Lapin s’exclamer : “Mon Dieu, mon Dieu ! Je vais arriver trop tard !” (en y repensant par la suite, elle songea qu’elle aurait dû s’en étonner, mais sur le moment cela lui parut tout à fait naturel). Mais quand le Lapin tira une montre de la poche de son gilet pour la consulter et qu’il reprit sa course, Alice se leva d’un bond, car il lui traversa l’esprit qu’elle n’avait encore jamais vu un lapin qui ait un gilet ou une montre à en tirer [...]. p. 49-50.
Alice n’avait pas la moindre idée de ce qu’était la Latitude ou même la Longitude, mais elle aimait à prononcer ces grands mots magnifiques. p. 51.
[Comme] elle ne pouvait répondre ni à l’une ni à l’autre de ces questions, peu importait la façon dont elle les formulait. p. 52.
[Elle] tenta d’imaginer à quoi ressemble la flamme d’une bougie lorsqu’on l’a soufflée, car elle ne se souvenait pas d'avoir jamais vu chose pareille. p. 56.
“Mais à quoi bon faire semblant à présent d’être deux personnes ! songea la pauvre Alice. Il ne reste même pas assez de moi pour faire une seule personne digne de ce nom.” p. 56.
Alice avait si bien pris l’habitude de s’attendre uniquement à des événements hors du commun que le cours ordinaire des choses lui semblait désormais bête et ennuyeux. p. 57.
“Alors qui suis-je ? Dites-le moi d’abord et, si j’ai envie d’être la personne en question, je remonterai ; sinon, je reste ici en attendant de devenir quelqu’un d’autre.” p. 62.
“Mais alors, se dit Alice, je ne serai jamais plus grande que je le suis à présent ? C’est rassurant, en un sens, je ne serai jamais vieille, mais d’un autre côté, j’aurai toujours des leçons à apprendre !” p. 79.
Hélas ! madame, le “moi” que vous me demandez d'expliquer n’existe plus. Je suis une autre, voyez-vous. p. 86.
Que toutes ces métamorphoses sont étonnantes ! Je ne sais jamais ce que je vais devenir, d’une minute à l’autre ! p. 94.
– Comment dois-je faire pour entrer ? redemanda Alice, plus fort. / – Devez-vous vraiment entrer ? dit le Valet. Voilà la première question à vous poser, voyez-vous. p. 97.
– Ah, mais tu arriveras forcément quelque part, dit le Chat, pourvu que tu marches assez longtemps. p. 102.
– Par ici, dit le Chat en agitant sa patte droite, vit un Chapelier, et par là (en agitant l’autre patte) vit un Lièvre de Mars. Tu peux aller chez l’un ou chez l’autre : ils sont tous les deux fous. / – Mais je n’ai pas envie d’aller chez des fous, remarqua Alice. / – Ça, tu n’y peux rien ! Nous sommes tous fous, ici. Je suis fou, tu es folle. p. 102.
– Pour commencer, dit le Chat, les chiens ne sont pas fous, tu es d’accord ? / – Je suppose. / – Eh bien, on voit les chiens grogner quand ils sont en colère et remuer la queue quand ils sont satisfaits. Or, moi, je grogne quand je suis satisfait et je remue la queue quand je suis en colère. Donc, je suis fou. p. 103.
Cette fois, le Chat se volatilisa très lentement, en commençant par le bout de sa queue et en terminant par le sourire, qui persista quelques instants après que le reste du corps eut disparu. / “Eh bien ! J’ai souvent vu un chat sans sourire, songea Alice, mais un sourire sans chat ! C’est la chose la plus curieuse que j’aie rencontrée de ma vie !” p. 104.
– Je pense que vous pourriez mieux occuper votre temps, au lieu de le perdre en devinettes sans solution. / – Si vous connaissiez le Temps aussi bien que moi, dit le Chapelier, vous sauriez qu’on ne le perd pas. Il se perd tout seul. p. 108.
– Tu penses à quelque chose, ma petite, et du coup tu oublies de parler. Je ne saurais pas te dire maintenant quelle est la morale de tout ça, mais ça me reviendra bientôt. / – Il n’y a peut-être pas de morale, osa suggérer Alice. / Taratata, mon enfant ! Tout a une morale, il suffit de la trouver. p. 126.
– Commencez par le commencement, déclara très gravement le Roi, et continuez jusqu’à ce que vous arriviez à la fin. Alors, vous vous arrêterez. p. 156.
– Quelle importance peut avoir ce que vous dites ? s’exclama Alice. (Elle avait désormais retrouvé sa vraie taille.) Vous n’êtes qu’un jeu de cartes ! p. 160.
[Je] te confierai toutes mes idées sur la Maison du Miroir. D’abord, il y a la pièce qu’on voit à travers la glace ; elle est exactement comme notre salon, sauf que tout est dans l’autre sens. Je vois tout quand je monte sur une chaise, tout sauf ce qu’il y a derrière la cheminée. Oh, j’aimerais tant pouvoir voir cette partie-là ! [...] Ensuite, les livres ressemblent à nos livres, mais les mots vont dans le mauvais sens : ça, je le sais, parce que j’ai tenu un de nos livres devant la glace et qu’ils en ont tenu un des leurs dans l‘autre pièce. p. 171.
Faisons comme si la glace était devenue comme un rideau de gaze légère, à travers lequel on peut passer. D’ailleurs, voilà qu’il se transforme en une sorte de brouillard ! Nous n’aurons pas de mal à traverser… p. 172.
Parlez français quand vous ne trouvez pas le mot en anglais, tournez les pieds en dehors quand vous marchez, et rappelez-vous qui vous êtes ! p. 191.
Bien entendu, la première chose à faire était de contempler le pays à travers lequel elle allait voyager. “C’est un peu comme apprendre la géographie”, songea Alice, se dressant sur la pointe des pieds dans l’espoir de voir un peu plus loin. p. 192.
Elle doit voyager par la poste, puisqu’elle a une tête comme les timbres… p. 195.
– À quoi ça sert qu’ils aient un nom s’ils n’y répondent pas ? – Ça ne leur sert à rien, dit Alice, mais ça permet aux gens de les nommer, je suppose. Sinon, pourquoi les choses auraient-elles un nom ? p. 197-198.
“Ce doit être le bois où les choses n’ont pas de nom, se dit-elle, pensive. Je me demande ce que deviendra mon nom quand j’y serai. Je n’aimerais vraiment pas le perdre, parce qu’il faudrait m’en donner un autre, qui serait presque à coup sûr un nom affreux. Mais comme ce serait amusant, alors, d'essayer de trouver qui porte mon ancien nom.” p. 200.
– Ça ne te fera pas exister davantage, de pleurer, fit remarquer Tralali. Et puis il n’y a pas de quoi pleurer. / – Si je n'existais pas, dit Alice, riant à demi à travers ses larmes, tant la situation lui semblait ridicule, je ne serais pas capable de pleurer. p. 212.
La règle dit : confiture demain et confiture hier, mais jamais aujourd’hui. [...] C’est “confiture un jour sur deux”, et aujourd'hui est un jour tout seul, pas sur deux. p. 219.
– Voilà ce qui arrive quand on vit en marche arrière, dit gentiment la Reine. Au début, on a toujours un peu la tête qui tourne [...] mais il y a un énorme avantage, c’est que la mémoire fonctionne dans les deux sens. / – Je suis bien sûre que la mienne ne marche que dans un sens. Je ne peux pas me rappeler les choses avant qu’elles se soient produites. / – C’est une mémoire bien médiocre, si elle ne va qu’en marche arrière, opina la Reine. p. 219.
– Pas la peine d’essayer, on ne peut pas croire aux choses impossibles. p. 222.
– Tu peux regarder devant toi et des deux côtés, si tu veux, dit la Brebis, mais tu ne peux pas regarder tout autour de toi, à moins d’avoir des yeux derrière la tête. p. 223.
– Un nom doit signifier quelque chose ? demanda Alice, dubitative. / – Bien sûr ! ricana Rondu-Pondu [Humpty-Dumpty]. Mon nom exprime la forme de mon corps, forme tout à fait élégante, il faut le reconnaître. Avec un nom comme le tien, tu pourrais pratiquement avoir n’importe quelle forme. p. 232.
– Mais qu’est-ce qu’un cadeau de non-anniversaire ? / – Un cadeau que tu reçois le jour où ce n’est pas ton anniversaire. [...] [Il] existe trois cent soixante-quatre jours où l’on peut recevoir des cadeaux de non-anniversaire. p. 235-236.
Je peux expliquer tous les poèmes qui aient jamais été inventés, et même bien d’autres qui n’ont pas encore été inventés. p. 237.
– Si tu es capable de voir si je chante ou pas, tu as vraiment de très bons yeux, répliqua-t-il sévèrement. p. 240.
– Je vous demande pardon ? / – Arrêtez de toujours demander des choses, mon enfant. p. 246.
– Je n’ai pas dit qu’il n’y avait rien de mieux, répliqua le Roi. J’ai dit qu’il n’y avait rien de tel. p. 247.
Comment épelles-tu “femme” avec un A ? p. 251.
Je n’aime pas me retrouver dans les rêves des autres, poursuivit-elle d’un ton plaintif. p. 256.
Si les cheveux tombent, c’est parce qu’ils ont tendance à aller vers le bas, car les choses ne tombent jamais vers le haut, tu sais. p. 260-261.
J’étais enfoncé comme… enfoncé comme quand on est en deuil, tu sais. p. 264.
Qu’importe la position de mon corps ? Mon esprit n’en continue pas moins de fonctionner. p. 264.
Son récit s’écoula à travers mon cerveau / Ainsi que l’eau dans un tamis. p. 267.
– Vous parlerez quand on vous adressera la parole ! l’interrompit brusquement la Reine. / – Mais si tout le monde respectait cette règle, objecta Alice, toujours prête à contester, si vous ne parliez que lorsqu'on vous adresse la parole, et que l’autre personne attende toujours que vous commenciez, alors personne ne dirait rien. p. 273.
– Il est trop tard pour revenir en arrière, dit la Reine Rouge. Dès que vous avez dit une chose, c'est définitif, et vous devez en supporter les conséquences. p. 277.
– Répondre à la porte ? Elle a demandé quelque chose ? p. 281.
Le gigot est en train de vous réciter son compliment, et l’étiquette défend que l’on coupe quelqu’un qui est en train de parler. p. 284.
La vie est-elle autre chose qu’un songe ? p. 296.
CARROLL L., Alice au Pays des merveilles, Paris, Le Livre de Poche, 2009.
« Le Syndrome du Funambule – Essai sur le Midi de l’Être » : Livre I, Ante Meridiem, p. 19-20 ; Livre III, Le Déclin, p. 182.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecturePatrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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