Larousse étymologique :
[Matière :] Bas latin materia, en latin classique materies, pris au figuré, proprement “bois de construction”.
[Matériel :] bas latin materialis, de materia, matière.
Gaffiot :
[Materia, materies :] 1. La matière, le principe des choses, la matière [dont une chose est faite et s’entretient]. 2. Matériaux [pour un travail]. 3. Le bois de construction. 4. a) matière, sujet, thème. b) aliment, occasion, prétexte. c) ressources de l’esprit, étoffe, fonds. d) sujet, traité, question, exposé.
Larousse étymologique :
Latin spiritus, souffle.
Gaffiot :
[Spiritus :] 1. Souffle (de l’air, du vent). 2. Air. 3. Souffle = vie. 4. Soupir, aspiration, exhalaison, émanation, odeur. 5. [Métaphorique] souffle, inspiration. 6. [Figuré] suffisance, assurance, présomption, arrogance, orgueil ; disposition d’esprit, sentiment ; souffle créateur, esprit poétique, génie, inspiration ; [Poétique] esprit, âme ; le Saint-Esprit.
Lalande :
Primitivement, les objets naturels que le travail de l’homme utilise en vue d’une fin.
Dans les expressions d’origine aristotélicienne et scolastique (et, dans ce cas, toujours opposé à forme) : 1° ce qui, dans un être, constitue l’élément potentiel, indéterminé, par opposition à ce qui est actualisé ; 2° toute donnée, physique ou mentale, déjà déterminée, qu’une activité reçoit et élabore ultérieurement.
Au sens moderne (d’origine cartésienne) ; et dans ce cas, opposé tantôt à la forme, tantôt à l’esprit :
Si l’on distingue, par abstraction, dans un objet physique : 1° la figure géométrique qui le limite dans l’espace ; 2° ce qui lui donne une réalité concrète, une présence actuelle et individuelle, le premier de ces éléments est appelé sa forme, et le second sa matière.
Par opposition à l’esprit : ce qui est objet d’intuition dans l’espace, et possède une masse mécanique.
Morfaux :
Dans l'expérience courante, est matière tout ce qui constitue les corps solides que nous percevons, avec une ambiguïté pour les corps vivants (d’où l’expression très confus de matière vivante) et pour l’état gazeux de la matière (le souffle, l’ai, “l’esprit”).
Matière et forme. a) La notion de matière (grec hylê) est introduite en philosophie par Aristote en relation avec celle de forme et de privation de forme. Elle est le support de changement dans la réalité sensible. Elle contient les formes en puissances [...] ; b) l’opposition de la matière et de la forme est d'ailleurs restée usuelle en rhétorique et en esthétique ; dans un discours, un exposé, on oppose ce qui est dit (le contenu, la matière) et la façon de le dire (la forme). La matière est généralement le sujet traité, la discipline enseignée (par opposition à la méthode, à la didactique). En esthétique, la matière est le sujet de l'oeuvre, son contenu, et tout ce à quoi l’artiste donne forme (on dira aussi matériau) ; c) l’aristotélisme en arrive à l’hypothèse d’une matière première [...] en elle-même indéterminée, inconnaissable, échappant à toute expérience sensible. L’expression s’est conservée de nos jours pour désigner les matériaux extraits de la nature que l’industrie utilisera en les transformant (en leur donnant “forme”) ; ex. minerais, bois, pierres ; d) selon une tradition qui remonte aux présocratiques, tous les corps naturels (dans le monde terrestre et sublunaire) peuvent s’expliquer à partir de quatre éléments simples que l'aristotélisme interprète à partir de quatre qualités fondamentales : le chaud et le sec donnent le feu, le chaud et l'humide l’air, le froid et le sec la terre, le froid et l’humide l’eau.
La matière comme substance étendue. Le dualisme cartésien oppose radicalement deux substances : l’esprit dont l’essence est la pensée (Dieu, l’âme humaine), et la substance matérielle (tous les corps créés y compris les corps vivants), dont l’essence est l’étendue géométrique.
Matière et force. Le spiritualisme éclectique de Leibniz entend réconcilier la physique mécaniste cartésienne avec les traditions antiques. Grâce à la théorie mathématique du calcul infinitésimal, il interprète la monade comme un “atome spirituel” ; par l’appréciation mathématique des forces vives, il approfondit le mécanisme par un dynamisme.
Critique. Chez Kant, donnée pure de l’expérience ou sensation qui fournit le contenu de la connaissance, opposée à forme par laquelle ce donné empirique est connu [...].
Morale. a) la matière d’une action, c’est ce que l’agent exécute en fait ; b) chez Kant en particulier, la matière du devoir, c’est ce qu’il faut faire ou ne pas faire, la forme, la loi morale qui le commande ou le défend, ce qui implique que l’agent moral n’agit pas selon le résultat à obtenir mais par devoir, c’est-à-dire par respect pour la loi.
Godin :
Tout ce qui, dans le réel, constitue la dimension sensible des choses. La matière se voit, se touche, s’entend, se mange, se flaire. La matière se définit par rapport et par opposition à l’esprit.
Le terme signifie également “contenu” (voir la ‘table des matières” d’un livre). En ce sens, il s’oppose à la forme.
Lalande :
Souffle, gaz, produit de distillation. [...] chez Descartes [...] : “les esprits animaux”.
Principe de la vie, et par suite âme individuelle.
En un sens impersonnel, l’Esprit est la réalité pensante en général, le sujet de la représentation avec ses lois et son activité propre, en tant qu’opposé à l’objet de la représentation. [...] Ce dernier sens est le plus général dans le langage philosophique contemporain. Il comprend plusieurs acceptions :
L’Esprit est opposé à la Matière ; l’antithèse est alors essentiellement celle de la pensée et de l’objet de la pensée, de l’unité intellectuelle et de la multiplicité des éléments qu’elle synthétise.
L’Esprit est opposé à la Nature ; l’antithèse est alors, soit celle du principe producteur et de la production, soit celle de la liberté et de la nécessité, soit celle de la réflexion et de l’activité spontanée.
L’Esprit est opposé à la Chair, en tant que celle-ci représente l’ensemble des instincts de la vie animale.
En un sens plus particulier, l'Esprit s’oppose à la sensibilité, et devient synonyme d’intelligence.
Au sens figuré, idée centrale, principe (d’une doctrine, d’une institution).
Morfaux :
Principe de pensée et d’action par opposition à ce qui est corporel, matériel.
Synonyme de psychisme, plus particulièrement de pensée consciente et réfléchie.
Métaphysique. “La substance dans laquelle réside la pensée est appelée esprit” (Descartes, Méditation II). Ainsi conçu, l’esprit est conscience de soi, moi, subjectivité.
Tout ce qui constitue la dimension sensible du réel : les objets, les corps vivants.
Conscience, pensée, âme.
Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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