#LeCaféDuMatin Maladie honteuse et coming-out...

Maladie honteuse et coming-out...

"À l’instar de plusieurs célébrités, Bertrand C. s’est donné une mission : « Le tabou de la santé mentale commence enfin – et seulement – à sauter : Si les témoignages de personnalités sur les maux qui les rongent ou les ont rongées, et qui touchent également des millions de Français, peuvent en aider ne serait-ce qu’un, ce sera une belle avancée. »"

Il y a quelques semaines, un animateur “brise les tabous” sur sa bipolarité. Aujourd'hui, un humoriste de la télévision s'estime investi d'une mission contre ce "tabou de la santé mentale" et déclare qu'il n'a plus "honte" de dire qu'il a eu une dépression. L'article indique qu'il a disparu des écrans pendant trois semaines et qu'il est revenu de sa "courte absence" "l'air de rien". Soit.

Auparavant la maladie considérée comme "honteuse" était la syphillis. Pour l'anecdote, l'anatomie désignait autrefois le nerf pudendal, qui innerve le périnée, comme le "nerf honteux". La première victime européenne de la syphilis est un compagnon de Christophe Colomb, mort en 1493 dans d'atroces souffrances et le corps recouvert de bubons. Comme quoi les futurs États-Unis nous causaient déjà bien du souci...  En quelques siècles, la honte est ainsi passée du “J'ai mal au kiki” au "J'ai bobo la tête" — en effectuant quelques détours du côté du cancer et autres pathologies indésirables.

Qu'est-ce que la honte ? Voici la définition générale de ce sentiment :

"Effet d'opprobre entraîné par un fait, une action transgressant une norme éthique ou une convenance (d'un groupe social, d'une société) ou par une action jugée avilissante par rapport à la norme (d'un groupe social, d'une société)."

La honte est donc un effet causé par la déviation par rapport à une norme. Hier le sexe, aujourd'hui le mental. Soit.

Sauf que... De nos jours, ceux qui se déclarent atteint d'un trouble mental le font a posteriori, sous la forme d'un “coming-out”, avec cette sensation assez étrange de vouloir être celui qui a vaincu la bête qui était en lui. L'un écrit un livre une fois rétabli, l'autre clame sa mission après quelques semaines de phase aiguë. "Vois, peuple inculte, comment moi qui suis connu, j'ai survécu au plus terrible des maux !", semblent-t-ils nous dire.

Sauf que numéro 2... Le trouble mental — je ne suis ni médecin ni spécialiste, mais je mets ici à profit mon expérience de directeur des soins en psychiatrie — ne concerne pas que l'aigu ni ne se limite à une binaire alternance maladie-guérison.

Alors, faisons peut-être preuve de prudence face à ces nouveaux archanges terrassant le dragon.

#Philosophie #Filosofía #SantéMentale #Psychiatrie 

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Source :

« Je n’ai plus honte de le dire » : Bertrand Chameroy confie les raisons de son absence

Syphilis, la "maladie honteuse"

Patrick Moulin, MardiPhilo, avril 2025.