La Voie [Tao] engendre ; la Vertu nourrit ; la choséité fournit un corps ; le milieu porte à achèvement. C’est pourquoi, des dix mille êtres, il n’en est pas un qui ne vénère la Voie et n’honore la Vertu.
Cette vénération de la Voie et ce respect de la Vertu sont choses non pas ordonnées, mais toujours spontanées.
Car la Voie les engendre ; la Vertu les nourrit, les fait croître, les élève, les porte à achèvement, les mûrit, les protège. Engendrer sans s’approprier, agir sans rien attendre, guider sans gouverner, voilà la Vertu secrète. § 51.
(La Voie), cultivée en soi-même, sa vertu sera vraie ; cultivée dans sa famille, sa vertu sera abondance ; cultivée dans sa communauté, sa vertu sera accroissement ; cultivée dans l’État, sa vertu sera force ; cultivée dans l’Empire, sa vertu sera universalité. § 54.
Bien-penser, la qualité [aretê, vertu] suprême ; et la sagesse : dire le vrai et agir suivant la nature, à l’écoute. Fragment 112.
[L]e bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu, et, au cas de pluralité des vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles [la sofia, la vie contemplative]. Mais il faut ajouter : “et cela dans une vie accomplie jusqu’à son terme”, car une hirondelle ne fait pas le printemps, ni non plus un seul jour : et ainsi la félicité et le bonheur ne sont pas davantage l’œuvre d’une seule journée, ni d’un bref espace de temps. Livre I, chapitre 6, 1098a.
La vertu est de deux sortes, la vertu intellectuelle et la vertu morale. La vertu intellectuelle dépend dans une large mesure de l’enseignement reçu, aussi bien pour sa production que pour son accroissement ; aussi a-t-elle besoin d’expérience et de temps. La vertu morale, au contraire, est le produit de l’habitude, d’où lui est venu aussi son nom, par une légère modification de ethos. Livre II, chapitre 1, 1103a.
Ainsi donc, la vertu est une disposition à agir d’une façon délibérée, consistant en une médiété relative à nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la déterminerait l’homme prudent. Mais c’est une médiété entre deux vices, l’un par excès et l’autre par défaut [...]. Livre II, chapitre 6, 1107a.
Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime au plus au point qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement, partie en ce qu’il connaît qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne, que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu’il en use bien ou mal ; partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user, c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures. Ce qui est suivre parfaitement la vertu. Article 153.
La vertu est la puissance même de l’homme, qui se définit pas la seule essence de l’homme, c’est-à-dire qui se définit par l’effort seul par lequel l’homme s’efforce de persévérer dans son être. Plus donc on s’efforce et on a le pouvoir de conserver son être, plus on est doué de vertu, et par conséquent, dans la mesure où l’on néglige de conserver son être, on est impuissant. IV, XX, démonstration.
Agir par vertu absolument n’est rien d’autre en nous qu’agir, vivre, conserver son être (ces trois mots signifient la même chose) sous la conduite de la Raison, d’après le principe qu’il faut chercher l’utile qui nous est propre. IV, XXIV.
La Béatitude n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu elle-même ; et nous n’en éprouvons pas de la joie parce que nous réprimons nos penchants ; au contraire, c’est parce que nous en éprouvons de la joie que nous pouvons réprimer nos penchants. V, XLII.
[L]a vertu politique est un renoncement à soi-même, qui est toujours une chose très pénible. / On peut définir cette vertu, l’amour des lois et de la patrie. Cet amour, demandant une préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières ; elles ne sont que cette préférence. Livre IV, 5.
Au sens général, la vertu est une disposition volontaire de l’esprit à faire le bien. Elle peut varier selon la nature (vertu morale, intellectuelle, théologale, etc.), et selon le degré (vertu supérieure, inférieure, suprême, habituelle, etc.).
Latin virtus, virtutis, “force virile, de vir, homme.
[Virtus, -utis :] Qualités qui font la valeur de l’homme moralement et physiquement. 1. Caractère distinctif de l’homme [et en général] qualité distinctive, mérite essentiel, valeur caractéristique, vertu. 2. Qualités morales, vertu. 3 [En particulier] a) Qualités viriles, vigueur, morale, énergie. b) Bravoure, courage, vaillance. 4. La vertu, perfection morale.
[Vir :] 1. Homme [opposé à femme]. 2. Homme [dans la plénitude du terme, distinct de homo, être humain, homme en général]. 3. Emploi divers.
Sens général. (actuellement presque inusité).
A. Puissance, pouvoir (physique ou moral, et quelquefois conçu comme participant de l’un et de l’autre), propriété d’une chose, considérée comme la raison des effets qu’elle produit.
Au sens moral.
B. Disposition permanente à vouloir accomplir une sorte déterminée d’actes moraux.
[Aristote] Les vertus morales sont celles qui ont pour objet les actes de la vie pratique : justice, magnanimité, libéralité, courage, amitié ; les vertus intellectuelles sont celles qui ont pour objet le savoir et la contemplation.
Vertus cardinales : la prudence, le courage, la tempérance, la justice.
Vertus théologales : la foi, l’espérance, la charité.
“Vertu politique”. [Montesquieu] “amour des lois et de la patrie”. Elle est le principe de la démocratie.
Enfin, vertu se dit absolument : 1° (surtout en parlant des hommes) du courage ; 2° (surtout en parlant des femmes) de la chasteté et de la fidélité conjugale,- l’un et l’autre considérés sont respectivement les vertus par excellence de chaque sexe.
C. Plus généralement (la vertu) : disposition permanente à vouloir le bien, habitude de le faire. Kant, dans la Métaphysique des mœurs, oppose en ce sens la Doctrine de la Vertu à la Doctrine du Droit. Cette dernière ne considère que l’ordre des actions extérieures : la Doctrine de la Vertu concerne, au contraire, le principe interne de notre action, et en détermine les fins morales, qui sont : 1° la perfection de soi-même ; 2° le bonheur d’autrui.
D. Objectivement : l’ensemble des règles de conduite que l’on reconnaît pour valable.
En référence à la sagesse grecque, en particulier stoïcienne, “vertu n’est assurément pas renoncement par impuissance mais plutôt renoncement par puissance. Ce qui est vertu est pouvoir de soi sur soi” (Alain). Ce qui correspond bien à la définition de Kant : “Lorsqu’il s’agit de l’adversaire que l’intention morale rencontre en nous, le courage est alors vertu” (Fondements de la métaphysique des mœurs). La notion de vertu, qui a désigné jusqu’au dernières années du XVIIIe siècle la plus haute qualité morale, est de nos jours très discréditée : elle ne renvoie plus guère qu’à une moralité médiocre, de pure routine, ou encore à la pudeur féminine. Elle a une double origine : d’une part dans l’aretê grecque, qui est d’abord excellence, perfection ; d’autre part dans la virtus romaine, qui est avant tout courage, force virile (fortitudo). Le dernier sens s’est longtemps maintenu au sens de valeur militaire et d’audace, sans considération de moralité. Souvent dans la forme italienne de virtù, des écrivains (Stendhal) ont exalté l’énergie des héros de la Renaissance italienne. Un usage ancien donnait à la vertu le sens de pouvoir, par exemple en parlant d’un médicament (la vertu des plantes, la vertu du silence). Il n’en reste plus guère que l’expression : “en vertu de”.
Le sens premier du mot, conforme à son étymologie latine, est celui de force.
Disposition à faire le bien. Montesquieu donne à la vertu un sens politique ; l’amour des lois.
En morale, la vertu est une modalité du bien : la bienveillance, le courage, la tempérance sont des vertus. Le contraire de vertu est vice.
A. 1. Vieilli. Courage physique ou moral ; force d’âme, vaillance. 2. Absolu. [avec l’article défini] Disposition habituelle, comportement permanent, force avec laquelle l’individu se porte volontairement vers le bien, vers son devoir, se conforme à un idéal moral, religieux, en dépit des obstacles qu’il rencontre. 3. Exercice de la vertu ; la vertu telle qu’elle apparaît dans son expression, sa réalisation. 4. Représentation symbolique, vertus cardinales. 5. Par extension. Qualité morale.
B. 1. Vieilli, litt. Propriété d’un corps, de quelque chose à quoi on attribue des effets positifs. 2. Abstr. Pouvoir, propriété. 3. Locution. En vertu de.
1. Force morale, courage (sens propre du latin virtus). 2. Ferme disposition de l’âme à fuir le mal et à faire le bien. 3. Qualité particulière. 4. Personne vertueuse. 5. Chasteté (pudicité, ne se dit guère qu'en parlant des femmes). 6. Qualité propre à produire certains effets.
Philolog.fr : Notion de vertu ; La vertu de générosité.
Carnet de vocabulaire philosophique :Conatus, Morale, Éthique, Déontologie, Vice.
Patrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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