La non-violence et la Vérité sont à ce point mêlées qu’il est presque impossible de les dégager l’une de l’autre et de les séparer. Elles sont comme les deux faces d’une même pièce : la non-violence est le moyen, la Vérité est le but ultime. Gandhi.
Vous et moi devons adapter nos besoins, voire entreprendre la privation volontaire afin que les autres soient soignés, nourris et habillés. Gandhi.
[...] la vérité a la dureté du diamant et la tendresse de la jeune fleur. Gandhi, Autobiographie.
Le temps est le sens qui n’a pas de signification. François George, Sillages.
C’est seulement dans ce qu’elle a d’inactuel que la pensée peut rester valable. André Gide.
L’erreur de ma vie fut dès lors de ne continuer longtemps aucune étude, pour n’avoir su prendre mon parti de renoncer à beaucoup d’autres. — N’importe quoi s’achetait trop cher à ce prix-là, et les raisonnements ne pouvaient venir à bout de ma détresse. Entrer dans un marché de délices, en ne disposant (grâce à Qui ?) que d’une somme trop minime ; en disposer ! choisir, c’était renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste — et la quantité nombreuse de ce reste demeurait préférable à n’importe quelle unité. André Gide, Les Nourritures terrestres.
Gouverner, c'est prévoir ; et ne rien prévoir, c'est courir à sa perte. Emile de Girardin, La politique universelle.
Les citations de Goethe ci-dessous sont extraites de l’ouvrage de Pierre Hadot, N’oublie pas de vivre - Goethe et la tradition des exercices spirituels, Albin Michel. Voici la présentation qu’il fait de son ouvrage :
La présence est la seule déesse que j’adore. Goethe.
Alors l’esprit ne regarde ni en avant ni en arrière. Le présent seul est notre bonheur. Goethe, Faust II.
Ne réfléchis pas à ton destin, même s’il est le plus unique de tous. Être là est un devoir et ne serait-ce qu’un instant. Goethe, Faust II.
La présence a réellement quelque chose d’absurde : on s’imagine que c’est cela : on se voit, on se sent. On s’en tient là. Mais le bénéfice que l’on peut retirer de tels instants, on n’en a pas du tout conscience. Nous voulons nous exprimer là-dessus de la manière suivante. L’absent est une personne idéale, tandis que les gens qui sont là, présents, apparaissent les uns aux autres comme tout à fait triviaux. Il est tout à fait bizarre que, par la réalité de la présence, l’idéal soit quasiment supprimé. De là vient probablement la raison pour laquelle leur idéal n’apparaît aux Modernes que comme nostalgie. Goethe, Lettre à Zelter.
Cependant son esprit progressait à grand pas
Dans le monde éternel du vrai, du bien, du beau,
Et, derrière lui, dans une apparence sans consistance,
Restait ce dont nous sommes tous esclaves, le trivial. Goethe, Epilogue au chant de la cloche de Schiller.
Si une oeuvre plastique doit réellement se mouvoir devant l’oeil, il faut choisir un moment de transition : peu avant, aucune partie du tout ne s’est trouvée dans cette position, peu après, chaque partie doit avoir été contrainte de quitter cette position. C’est ainsi que l’oeuvre sera toujours à nouveau vivante devant des millions de spectateurs. Goethe, Sur Laokoon.
Les Anciens représentaient l’existence, nous, Modernes, représentons habituellement l’effet ; ils peignaient le terrible, nous peignons terriblement ; ils décrivaient l’agréable, nous décrivons agréablement, etc. Goethe, Voyage en Italie.
Une oeuvre d’art, et surtout un poème, qui ne laisse rien à deviner, n’est pas une véritable oeuvre d’art, une oeuvre de réelle valeur ; sa plus haute fun est toujours d’inciter à la réflexion, et l’oeuvre en peut plaire vraiment au lecteur ou au spectateur que si elle le contraint à l’interpréter selon son propre sentiment, à en continuer et à en compléter en quelque sorte la création. Goethe, Entretiens avec le chancelier de Müller.
Tout ce qui nous arrive de grand, de beau, de marquant, ne doit pas être d’abord rappelé de l’extérieur, comme en lui donnant la chasse ; il faut qu’au contraire, cela s’unisse dès le début à la trame de notre être intérieur, ne fasse qu’un avec lui, produise en nous un nouveau moi meilleur, vive et crée en nous en continuant à nous forme éternellement. Il n’y a point de passé vers quoi il soit permis de porter ses regrets, il n’y a qu’une éternelle nouveauté qui se forme des éléments grandis du passé ; et la vraie nostalgie doit toujours être créatrice, produire à tout instant une nouveauté meilleur. Et (...) n’en avons-nous pas tous fait l’expérience en ces derniers jours ? Ne nous sentons-nous pas rajeunis, amendés, grandis par cet aimable et noble apparition qui veut déjà nous quitter ? Non, elle ne peut nous échapper, elle a passé dans notre moi le plus intime,n elle continue à vivre avec nous, en nous ; qu’elle s’y prenne comme elle voudra pour m’échapper, je la retiendrai toujours enfermée en moi. Goethe, Entretiens avec le chancelier de Müller.
Parce que les hommes n’ont pas été capables de reconnaître la valeur du présent et de lui donner vie, ils ont soupiré vers un avenir meilleur et ils ont joué avec une amoureuse nostalgie avec la pensée du passé. Goethe, Entretiens avec le chancelier de Müller.
Heure après heure,
Comme une grâce, la vie nous est offerte.
Du passé nous avons peu appris,
De demain tout savoir est interdit…
Fais donc comme moi. Avec une sagesse joyeuse,
L’instant, regarde-le dans les yeux ! N’attends pas !
Vite ! Fais-lui accueil avec une vivante bienveillance
Que ce soit pour l’action, pour la joie ou l’amour
Où que tu sois, sois tout cela, toujours dans cette disposition d’enfant,
Si tu es tout cela, tu es invincible. Goethe, Elégie de Marienbad.
Tenez ferme au présent. Tout circonstance, tout instant est de valeur infinie, car il est le représentant de toute une éternité. Goethe, Conversations avec Eckermann.
Je veux louer le vivant qui aspire à la mort dans la flamme (...). Tant que tu n’as pas compris ce : Meurs et deviens !, Tu n’es qu’un hôte obscur sur la terre ténébreuse. Goethe, Nostalgie bienheureuse.
Assis sur un sommet dénudé, embrassant du regard une vaste contrée, je puis me dire : “Tu reposes ici immédiatement sur un sol qui va jusqu’aux profondeurs de la terre. Rien ne s’interpose entre toi et le monde primitif.” En cet instant, où les forces d’attraction et de mouvement de la terre s’exercent également sur moi, où les influences du ciel m’environnent de plus près, je suis amené à des considérations plus hautes sur la nature (...).Ici sur le plus antique, sur l’éternel autel, qui est érigé sans aucun intermédiaire sur ce qu’il y a de plus profond dans la création, j’offre un sacrifice à l’Être des êtres : je touche les premiers, les plus solides commencements de notre existence, je regarde d’en d’en haut le monde, ces vallées abruptes ou en pente douce, ces prairies fertiles que je vois au loin. Mon âme est élevée au-dessus d’elle-même et au-dessus de tout, et elle est remplie de nostalgie pour le ciel qui est plus proche de moi. Goethe, Le Granit.
Rien n’est plus naturel que d’être saisi de vertige à l’aspect d’un immense paysage qui se découvre brusquement devant vous et vous fait éprouver votre petitesse et votre grandeur. Goethe, Les Années de voyage.
Il n’y a de vraie jouissance que là où il faut commencer par avoir le vertige. Goethe, Les Années de voyage.
Le poète, comme l’oiseau, peut planer au-dessus du monde. Goethe, Les Années d’apprentissage.
La vraie poésie se reconnaît au fait que, comme un évangile profane, elle est capable de nous délivrer des pesanteurs terrestres qui nous accablent, parce qu’elle nous procure à la fois la sérénité intérieure et le plaisir extérieur. Comme un ballon gonflé d’air, elle nous élève, avec le lest qui nous est attaché, dans les régions supérieures et, grâce à elle, les inextricables labyrinthes terrestres se dénouent sous notre regard qui les voit d’en haut. Goethe, Poésie et Vérité.
On a assez de Memento mori,
J’aime mieux ne pas les redire
Pourquoi devrais-je dans le vol de la vie
Te torturer avec la limite !
C’est pourquoi, comme un vieux barbu,
Docendo, je te recommande
Mon cher ami, selon la manière qui est la tienne,
Sans plus, vivere memento. Goethe, Génie planant.
Finalement nous ne sommes libres qu’en apparence. Goethe, Mots originaires. A la manière orphique.
Comme fouettés par des esprits invisibles, les chevaux solaires du temps s’emballent en emportant le frêle char de notre destin, et, à nous, il ne reste rien, sinon de courageusement tenir les rênes, et, tantôt à droite, tantôt à gauche, de détourner les roues, ici du rocher, là de l’éboulis. Où va-t-on ? Qui le sait ? Notre char se souvient à peine d’où il est venu. Goethe, Poésie et Vérité.
En moi la conviction de notre survivance jaillit du concept de l’activité. Si, jusqu’à ma fin, j’agis sans un instant de repos, la nature est obligée de m’assigner une autre forme d’existence, si la forme présente n’est plus à même de subvenir à mon esprit. Goethe, Conversations avec Eckermann.
Penser et agir, c’est la somme de toute sagesse (...). L’un et l’autre doivent éternellement alterner leur effet dans la vue comme l’aspiration et l’expiration. Il faut soumettre l’action à l’épreuve de la pensée et la pensée à l’épreuve de l’action. Goethe, Les Années de voyage.
Ne sont pas à moi les années que le temps m’a ravies
Ne sont pas à moi les années qui pourraient peut-être venir
Mais l’instant présent, lui, est à moi et je lui donne toute mon attention
Ainsi, ce qui est mien, c’est ce qui a fait l’année et l’éternité. Andreas Gryphius, Gedichte. Eine Auswahl.
Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.
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