Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
Il n’est pas dans mon intention de faire de L’homme et le divin le titre général des livres que j’ai fait imprimer ni de ceux qui vont l’être. Mais je ne crois pas qu’un autre leur convienne mieux. p. 23.
C’est toujours maintenant. Et si ce n’est pas maintenant, ce n'est jamais, c’est une fois encore sans le temps, la mort qui n'est pas un au-delà du temps. p. 25.
Il y a fort peu de temps que l’homme raconte son histoire, étudie son présent et envisage son futur sans tenir compte des dieux, de Dieu, de quelque forme de manifestation du divin que ce soit. p. 27.
[Seule] la personne peut être soi-même. p. 32.
Exister, c’est résister, être “face à”, affronter. L’homme a existé quand, face à ses dieux, il a offert une résistance. p. 37.
Au commencement était le délire ; cela signifie que l’homme se sentait regardé sans qu'il puisse voir. [...] Aussi, au lieu d’être source de lumière, ce regard est-il une ombre. p. 45.
L’homme devra être bien avancé dans l’âge de la raison pour accepter le vide et le silence qui l’entourent. p. 48.
L’attitude de questionnement suppose l’apparition de la conscience ; la conscience, ce déchirement de l’âme. p. 49.
Tel est l’instant : un temps où le temps s’est annulé, où s’est annulé son écoulement, son passage et que nous ne pouvons, par conséquent, mesurer que de l’extérieur et quand il est passé, par son absence. p. 54.
La réalité n’attend pas l’homme, elle doit se découvrir à lui. Pour l’animal et la plante, adaptés à leur milieu, “parfaits”, la réalité est présente dans la mesure où elle leur est nécessaire. p. 56.
La métamorphose est la manière, pour tout ce qui vit, d’éviter la souffrance. p. 61.
Car l’impassibilité dans une nature féminine est ce qu’il y a de plus proche de l’expérience d’une véritable passion. p. 68.
Toute vie est un secret ; elle portera toujours attaché à elle un placenta obscur et sera toujours dans l’ébauche, même dans sa forme la plus primitive, d’un dedans. p. 69.
Les dieux grecs créèrent, plus que nuls autres, l’espace de la solitude humaine. Ils laissèrent l’homme libre parce qu’abandonné. p. 73.
La parole de la poésie vibrera toujours sur le silence et seul le champ d’influence d’un rythme pourra la porter, car c’est la musique qui triomphe du silence plutôt que le logos. p. 84.
Définir, c’est sauver ou condamner ; sauver en condamnant. Plus encore, c’est juger. p. 92.
[Ce] n’est que si l’être est logos que la philosophie peut exister. p. 94.
L’horreur du temps s’apaise avant tout dans la monotonie. p. 99.
L’univers du nombre est tout entier extérieur ; tout y est extérieur à soi-même ; diffus, comme les sons dans la mélodie, comme la mélodie dans l’harmonie. Il est le temps extériorisé. p. 103-104.
Chez Socrate, la philosophie fut un exercice vital de connaissance ; plus que faire de la philosophie, il vécut, il passa sa vie dans et pour la philosophie jusqu’à sa mort. p. 108.
Celui qui poursuit l’autre de sa haine ne manifeste-t-il pas qu’il fut peut-être un jour l’objet de son amour ? p. 112.
L’enfer est d’abord ce passé dans lequel le mort reste, dans lequel les morts restent confinés, seuls, laissant le vivant enfermé dans un présent inutile. p. 126.
Rien ne sépare plus les hommes que ce qu’ils espèrent, et l’espoir le plus difficile à abandonner est celui qui n’a toujours pas trouvé sa raison. p. 136.
[La] vision ne sera parfaite que lorsque aucune obscurité n’aura été abandonnée à son propre sort, lorsque le plus sombre de cette caverne qu’est le cœur humain s’élèvera aussi dans la lumière. p. 147.
Il y a des “choses” dont l'homme ne se libère pas quand elles ont disparu, moins encore quand c’est lui-même qui a réussi à les faire disparaître. p. 149.
“Dieu est mort” : dans cette phrase, Nietzsche formule et prophétise à la fois la tragédie de notre époque. Pour en éprouver la portée, il faut croire en Lui et même l'aimer. Car seul l’amour dévoile la mort ; par l'amour seul nous savons le peu que nous savons sur elle. p. 162.
Exiger, c’est déjà penser. L’exigence fait naître la pensée. Quand l’homme pense, il cesse d’être ce que sont toutes les créatures ; esclave. p. 172.
Seuls devraient juger ceux qui ne vivent pas, ceux qui ne sont pas engagés dans un projet de vie personnelle. p. 176.
La raison, naturellement, a toujours voulu réduire la qualité au mesurable, au continu. La raison, par nature, tend à annuler tout abîme. p. 212.
[C’est] une chose des plus tristes que la raison ne trouve face à elle que la violence, et que ce soit elle-même qui doive se corriger, dans l’absence de quelque chose qui pourrait la persuader. p. 222.
Le besoin de parler continuellement est l’un des luxes - des gaspillages - des gens civilisés. p. 235.
C’est ce qui marque indubitablement la mort de quelque chose ou de quelqu’un : un jour, soudain, il devient pour nous du passé et la seule manière de vivre avec lui est de s’en souvenir. p. 247.
Tout ce qui sombre dans la vie, sombre dans le temps, dans un abîme temporel. Et avant qu’une vie devienne du passé, se produit une résurgence, un dernier éclat, un réveil, un retour. p. 249.
L’homme a accédé à sa condition humaine, en se libérant tandis que se manifestait le divin, par le travail de la pensée philosophique, à partir de la poésie, en effet, et même si elle était en lutte contre elle. p. 251.
Ce n’est pas le vide qui se peuple de dieux mais, au contraire, c’est le plein de la plénitude secrète, qui s’ouvre, qui devient accessible à travers les dieux. p. 253.
[Le] temps de la vie n’est pas celui qui s’enfouit dans le sable des horloges, ni celui qui pâlit dans la mémoire, mais celui qui contient ce trésor : les racines de notre propre vie actuelle. p. 263.
[Les] ruines produisent une fascination venue de ce qu’elles sont quelque chose d’étrange : une tragédie, mais sans auteur. Une tragédie dont l’auteur est simplement le temps ; nul ne l’a fait, elle s’est faite. p. 266.
[Rien] de plus difficile à déchiffrer que la négation, que ce qui a lieu dans la négation, dans l’ombre et le vide. p. 272.
L’âme ne fut pas d’abord éprouvée comme propre à l’homme. Ce fut plutôt en sentant qu’il en était privé, qu’il se mit à la chercher. p. 286.
Vivre hors de soi, pour être au-delà de soi-même. Vivre préparé à l’envol, prêt pour n’importe quel départ. p. 291.
Amour et envie sont des processus de l'âme humaine dans lesquels la souffrance ne produit aucun amoindrissement ; la souffrance est leur aliment. p. 297.
Voir un autre c’est toujours se voir vivre en un autre. [...] La vision de notre prochain est le miroir de notre propre vie ; nous nous voyons en le voyant. p. 302.
Toute existence est reçue. p. 302.
Il est de l’essence tragique de la vie d’avoir besoin de l’autre même pour être libre. p. 304.
L’homme ne peut plus parler qu’avec lui-même ; même le dialogue est soliloque. p. 315.
Connaître, c’est sortir de la caverne temporelle. p. 319.
Être libre, c’est être responsable ; c’est s’exposer et même réclamer d’être jugé. p. 328.
Le sens de l’ouïe est celui qui s’exerce de la manière la plus intermittente ; dans l’acte d’écouter se manifeste ce qui est le plus pénétrant et le plus profond dans l’attention, l’attention volontaire que l’exercice de la vue ne requiert pas. p. 352.
Connais-toi toi-même ne pouvait qu’être un appel à s’identifier, à se reconnaître, à s’offrir comme homme, en tant qu’homme éveillé. Et donc, “rien de trop”. p. 371.
[Les] yeux qui ne pleurent pas se trompent. p. 407.
La philosophie voyage seule. p. 413.
ZAMBRANO M., L’homme et le divin, Paris, Éditions José Corti, 2006.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecturePatrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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