Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
J’avais vingt ans lorsqu’à Alger je lus ce livre pour la première fois. L'ébranlement que j’en reçus, l’influence qu’il exerça sur moi, je ne peux mieux les comparer qu’au choc provoqué sur toute une génération par Les Nourritures terrestres. [...] Nous n’avions pas besoin [...] d’être délivrés des bandelettes de la morale, ni de chanter les fruits de la terre. Ils pendaient à notre portée, dans la lumière. Il suffisait d’y mordre. p. 9.
L’animal jouit et meurt, l’homme s’émerveille et meurt, où est le port ? Voilà la question qui résonne dans tout le livre. p. 11.
Je voudrais être encore parmi eux [les nouveaux lecteurs des Îles], je voudrais revenir à ce soir où, après avoir ouvert ce petit volume dans la rue, je le refermai aux premières lignes que j’en lus, le serrai contre moi et courus jusqu’à ma chambre pour le dévorer enfin sans témoins. Et j’envie, sans amertume, j’envie, si j’ose dire, avec chaleur, le jeune homme inconnu qui, aujourd'hui, aborde ces Îles pour la première fois… p. 14.
Il existe dans toute vie et particulièrement à son aurore un instant qui décide de tout. p. 21.
Puisque tout est remis en question chaque jour, rien n’existe. p. 23.
Vue dans sa grandeur, l’existence est tragique ; de près, elle est absurdement mesquine. p. 25.
On aurait tant de choses à dire sur les êtres qu’on a aimés qu’il faut se rappeler à temps que ces choses-là n’intéressent que vous. p. 43.
Veut-on supporter le jour qui vient, rien de mieux que de s’acharner plusieurs heures sur un objet quelconque. p. 45.
Aimer une ville, une bête, aimer une femme, un ami, il n’y a qu’un mot pour toutes ces affections que notre esprit s’applique à distinguer et que notre cœur réunit si simplement. p. 47.
Le chat n’aime pas les voyages : il aime seulement la liberté. Il vagabonde, mais c’est toujours pour revenir à un point d’attache. On dit qu’il préfère la maison à l’homme. Notre cœur se refuse à la croire. p. 50.
J’ai beaucoup rêvé d’arriver seul dans une ville étrangère, seul et dénué de tout. J’aurais vécu humblement, misérablement même. Avant tout j’aurais gardé le secret. [...] Je cache des actions insignifiantes pour ce plaisir d’avoir une vie à moi seul. p. 57.
Il existe un lien insupportable entre l’esprit et le temps. p. 59.
Ce n’est pas de savoir la vanité d’un rêve qui le fait évanouir. p. 60.
Mon but ne dépend pas du temps. p. 77.
J’étais comme vous, c’est de cela que je vais mourir. Je croyais vivre pour moi, et je vivais pour les autres. p. 86.
J'étais encore à l’âge où l’on n’aime pas les réalités. p. 88.
[Si] nous croyons mourir, nous croyons mourir pour nous-mêmes mais non pour les autres. Notre point d’attache est la société, il n’est pas l’Absolu. p. 98-99.
“On n’écrit pas l’histoire d’un rêve, on s’en éveille.” Mukerji cité par J. Grenier, p. 109.
Le plus grand luxe est, avec une vie qui vous est donnée gratuitement, d’en user avec la même prodigalité que celle du donateur, et de ne pas transformer en objet d’intérêt local une chose d’un prix infini. p. 124.
Vois ce drapeau qui claque au vent, disent les moines tibétains au candidat à l’initiation, est-ce le drapeau qui s’agite ou le vent ? Il faut répondre : ce n’est ni le drapeau ni le vent, c’est l’esprit. p. 125.
Il me fallait dire adieu au plus lointain ; il me fallait chercher refuge dans le plus prochain. p. 130.
[L’homme, dans Les Îles] est considéré dans un total dénuement, il est imaginé, comme le faisait Pascal avec effroi, abandonné dans une île déserte. / Seule la lumière, la pleine lumière, celle de midi transfigure des paysages qui sans elle seraient désolés. Postface, p. 133.
GRENIER J., Les Îles, Paris, Gallimard, 2020.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecturePatrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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