Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
Il est sage que ceux qui ont écouté, non moi, mais le discours, conviennent que tout est un. Fr. 1 (50).
Sans intelligence, quand ils ont écouté, à des sourds ils ressemblent ; le dicton, pour eux, témoigne : présents, ils sont absents. Fr. 3 (34).
Ne sachant pas écouter, ils ne savent pas non plus parler. Fr. 4 (19).
Penser est commun à tous. Fr. 6 (113).
Alors que le discours vrai est universel, les nombreux vivent en ayant la pensée comme une chose particulière. Fr. 7 (2).
Les chiens aboient seulement contre celui qu’ils ne connaissent pas. Fr. 8 (97).
Il ne faut pas agir et parler comme en dormant. Fr. 11 (73).
Il ne faut pas agir et parler comme les enfants de nos parents. Fr. 14 (74).
Jouets d’enfants, les opinions humaines. Fr. 15 (70).
Le caractère humain n’a pas de raison, le divin en a. Fr. 17 (78).
Le plus savant des hommes, par rapport au dieu : un singe pour la science. Fr. 19 (83).
Les chercheurs d’or remuent, en creusant, beaucoup de terre, et trouvent peu. Fr. 22 (22).
Il faut, oui tout à fait, que les hommes épris de sagesse soient les juges des nombreux. Fr. 24 (35).
La culture est un second soleil pour les hommes cultivés. Fr. 026 (134).
Plus grandes les parts de mort, plus grandes les parts de vie qu’elles obtiennent en partage. Fr. 32 (25).
Étant nés, ils veulent vivre et subir leur destin de mort, ou plutôt trouver le repos, et ils laissent après eux des enfants, destins de mort à naître. Fr. 33 (20).
Qu’est leur intelligence que pensée viscérale ? Ils se fient aux chanteurs populaires, et prennent pour maître la multitude, ne sachant pas que les nombreux sont mauvais, et que peu sont bons. Fr. 35 (104).
Un : pour moi dix mille, s’il est le meilleur. Fr. 38 (49).
Ils se purifient en vain par le sang lorsqu’ils sont souillés par le sang, comme si quelqu’un ayant marché dans la boue se lavait avec de la boue : il semblerait être fou si quelque être humain le remarquait en train d’agir ainsi. Et ils font des prières à ces statues comme quelqu’un qui parlerait à des maisons, ne connaissant en rien ce que sont les dieux et les héros. Fr. 44 (5).
Pour les hommes, que se produise tout ce qu’ils souhaitent n’est pas mieux. Fr. 47 (110).
Il faut éteindre la démesure plus encore que l’incendie. Fr. 48 (43).
La génération égale à trente ans, temps dans lequel celui qui a engendré voit celui qui a été engendré par lui engendrer à son tour. Fr. 52 (A 19 a).
Ceux qui parlent avec intelligence tirent leur force, nécessairement, de ce qui est commun à tout, comme la cité de la loi, et beaucoup plus fortement. Car toutes elles sont nourries, les lois humaines, par une seule loi, la divine : car elle domine autant qu’elle veut, et elle suffit à toutes, et à toutes elle survit. Fr. 57 (114).
Il faut que le peuple combatte pour sa loi - pour celle qui existe -, comme pour un rempart. Fr. 58 (44).
La loi, c’est aussi d’obéir à la volonté d’un seul. Fr. 59 (33).
De tous les hommes, c’est la part : se connaître eux-mêmes et bien-penser. Fr. 60 (116).
Je me suis cherché moi-même Fr. 61 (101).
Bien-penser, la qualité suprême ; et la sagesse : dire le vrai et agir suivant la nature, à l’écoute. Fr. 62 (112).
De tous ceux dont j’ai entendu les discours, aucun ne parvient à ce point : connaître que la sagesse est séparée de tout. Fr. 63 (108).
La sagesse consiste en une seule chose : savoir qu’une sage raison gouverne tout à travers tout. Fr. 64 (41).
L’Un, le Sage, ne veut pas et veut être appelé seulement du nom de Zeus. Fr. 65 (32).
S’il n’espère pas l’inespérable, il ne le découvrira pas, étant inexplorable et sans voie d’accès. Fr. 66 (18).
Ne conjecturons pas au hasard sur les plus grands sujets. Fr. 68 (47).
La nature aime à se cacher. Fr. 69 (123).
De ce qui jamais ne se couche, comment quelqu’un pourrait-il se cacher ? Fr. 70 (16).
Son ignorance, mieux vaut la cacher. Fr. 71 (95).
Le manque de foi fuit pour ne pas connaître. Fr. 72 (86).
L’homme stupide, devant tout discours, demeure frappé d’effroi. Fr. 73 (87).
Ce dont il y a vue, ouïe, perception, c’est cela que, moi, je préfère. Fr. 74 (55).
Mauvais témoins pour les hommes, les yeux et les oreilles de ceux qui ont des âmes barbares. Fr. 75 (107).
Les yeux sont des témoins plus exacts que les oreilles. Fr. 77 (101 a).
Si toutes choses devenaient fumée, les narines les connaîtraient. Fr. 78 (7).
De choses répandues au hasard, le plus bel ordre, l’ordre-du-monde. Fr. 79 (124).
Ce monde, le même pour tous, ni dieu ni homme ne l’a fait, mais il était toujours, il est et il sera, feu toujours vivant, s’allumant en mesure et s’éteignant en mesure. Fr. 80 (30).
Le soleil est nouveau chaque jour. Fr. 88 (6).
Tout rampant a pour part la terre. Fr. 91 (11).
De même que l’araignée, se tenant au milieu de sa toile, perçoit aussitôt qu’une mouche a brisé l’un de ses fils, et ainsi court rapidement à cet endroit comme si elle souffrait de la rupture du fil, de même l’âme de l’homme, une partie du corps étant blessée, se rend en hâte à cet endroit, comme incapable de supporter la blessure du corps auquel elle est liée solidement et dans chaque partie. Fr. 93 (67 a).
L’homme, quand il est ivre, est conduit par un enfant impubère -, titubant, ne sachant où il va, ayant l’âme humide. Fr. 96 (117).
Quel chemin de la vie tracera-t-on ? Fr. 097 (138).
Éclat du regard : âme sèche - la plus sage et la meilleure. Fr. 97 (118).
…nous dirions les bœufs heureux quand ils trouvent de la vesce à manger. Fr. 98 (4).
Il est difficile de combattre la colère, car elle l’emporte au prix de la vie. Fr. 100 (85).
À l’âme appartient le discours qui s’accroît lui-même. Fr. 101 (115).
Tu ne trouverais pas les limites de l’âme, même parcourant toutes les routes, tant elle tient un discours profond. Fr. 102 (45).
Mort est tout ce que nous voyons, éveillés, et tout ce que nous voyons en dormant, sommeil. Fr. 103 (21).
L’homme s’allume une lumière dans la nuit, étant mort pour lui-même, la vue éteinte ; vivant, il touche au mort, endormi, la vue éteinte ; éveillé, il touche au dormant. Fr. 104 (26).
Les hommes, des choses les attendent étant morts, qu’ils n’espèrent pas et qu’ils n’imaginent pas non plus. Fr. 105 (27).
Immortels, mortels, mortels, immortels ; vivant de ceux-là la mort, mourant de ceux-là la vie. Fr. 106 (62).
Sont le même le vivant et le mort, et l'éveillé et l’endormi, le jeune et le vieux ; car ces états-ci, s’étant renversés, sont ceux-là, ceux-là, s’étant renversés à rebours, sont ceux-ci. Fr. 107 (88).
Les choses froides se réchauffent, les chaudes se refroidissent, les humides se dessèchent, les sèches s’humidifient. Fr. 108 (126).
Dieu est jour nuit, hiver été, guerre paix, satiété faim ; il se différencie comme < le feu >, quand il est mêlé d’aromates, est nommé suivant le parfum de chacun d’eux. Fr. 109 (67).
(Héraclite a blâmé Hésiode… comme ignorant que) la nature de chaque jour est une. Fr. 110 (106).
Pour Dieu, belles sont toutes choses, et bonnes et justes ; mais les hommes tiennent certaines pour injustes, d’autres pour justes. Fr. 111 (102).
Ils n’auraient pas su le nom de Justice si ces choses-là n’étaient pas. Fr. 112 (23).
La maladie fait la santé agréable et bonne, la faim la satiété, la fatigue le repos. Fr. 113 (111).
Fatigue c’est : peiner aux mêmes tâches et par elles commencer. Fr. 114 (84 b).
Les médecins, coupant, brûlant, de toutes les façons torturant les malades, se plaignent de ne recevoir d’eux aucun juste salaire en faisant ces choses-là. Fr. 115 (68).
L’adverse, bénéfique ; à partir des différents, le plus bel assemblage. Fr. 116 (8).
Dans la machine à fouler, le chemin < de la vis >, droit et courbe, est un et le même. Fr. 117 (59).
Le chemin montant descendant est un et le même. Fr. 118 (60).
Chose commune que commencement et fin sur le circuit du cercle. Fr. 119 (103).
La mer, eau la plus pure et la plus impure : pour les poissons bonne à boire et cause de vie, pour les hommes imbuvables et cause de mort. Fr. 120 (61).
Les porcs se complaisent dans la fange plutôt que dans l’eau pure. Fr. 121 (13).
Les ânes choisiraient la paille plutôt que l’or. Fr. 123 (9).
L’ajustement non apparent est plus fort que l’ajustement apparent. Fr. 126 (54).
Le Temps est un enfant qui joue en déplaçant les pions : la royauté d’un enfant. Fr. 130 (52).
Nous entrons et nous n’entrons pas dans les mêmes fleuves ; nous sommes et nous ne sommes pas. Fr. 133 (49 a).
On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve. Fr. 134 (91).
Tout cède et rien ne tient bon. Fr. 135 (A 6).
Tout s’écoule. [Panta rhei]. Fr. 136.
HÉRACLITE, Fragments, Texte établi, traduit, commenté par Marcel Conche, PUF, Collection Épiméthée.
Nous ne sommes que les autres. Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique, film d'Alain Resnais.
Notes contemplatives de lecturePatrick Moulin, MardiPhilo, septembre 2024.
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