Bac Philo - V.1. La Liberté - Fiche n° 1. De quoi parlons-nous ?

Étymologie

Larousse étymologique :

Latin liber, de condition libre, indépendant. Fin XIIe siècle, “libre arbitre”.

Gaffiot :

[Liber :] 1. [socialement] libre, de condition libre. 2. [en général] affranchi de charges ; libre, non occupé, vacant. 3. [figuré] libre de, affranchi de ; sans entraves, indépendant.

Définitions

Lalande :

Sens primitif : l’homme “libre” est l’homme qui n’est pas esclave ou prisonnier. La liberté est l’état de celui qui fait ce qu’il veut et non ce que veut un autre que lui ; elle est l’absence de contrainte étrangère.

1° Sens général :

État de l’être qui ne subit pas de contrainte, qui agit conformément à sa volonté, à sa nature.

2° Sens politique et social.

Quand il est question de telle liberté particulière, ou de “libertés” au pluriel, il n’y a là qu’une application sociale du sens précédent. Les mots libre ou liberté marquent simplement l’absence d’une contrainte sociale s’imposant à l’individu : en ce sens, on est libre de faire tout ce qui n’est pas défendu par la loi, et de refuser de faire tout ce qu’elle n’ordonne pas. [...] Les “libertés politiques” sont les droits reconnus à l’individu en tant que ces droits limitent le pouvoir du gouvernement : liberté de conscience, liberté individuelle, liberté de réunion, existence d’une constitution, self-government, exercice du pouvoir par des représentants élus, etc.

Au contraire, quand on prend le mot liberté en un sens absolu, on lui donne généralement une valeur appréciative. Ce mot désigne alors non seulement le degré plus ou moins haut d’indépendance que l'on considère comme normal ou souhaitable, comme constituant un droit et une valeur morale. “La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui” (Déclaration de 1789, art. IV.) [...] Ce mot, en ce sens s’oppose d’une part à licence, de l’autre à oppression.

3° Sens psychologique et moral.

(Opposée à l’inconscience, à l’impulsion, à la folie, à l’irresponsabilité juridique ou morale.) État de l’être qui, soit qu’il fasse le bien, soit qu’il fasse le mal, se décide après réflexion, en connaissance de cause ; qui sait ce qu’il veut, et pourquoi il le veut, et qui n’agit que conformément à des raisons qu'il approuve.

(Opposée à la passion, aux instincts brutaux, à l’ignorance, aux mobiles accidentels ou superficiels.) État de l’être humain qui réalise dans ses actes sa vraie nature, considérée comme essentiellement caractérisée par la raison et la moralité. En ce sens, le mot liberté est un terme pleinement normatif, et désigne un état idéal, où la nature humaine serait exclusivement gouvernée par ce qu’il y a en elle de supérieur. (Stoïciens, Spinoza, etc.)

(Opposée au déterminisme.) 1° Puissance d’agir sans autre cause que l’existence même de cette puissance, c’est-à-dire sans aucune raison relative au contenu de l’acte accompli. [...] L’indétermination de la volonté relativement à son objet sous cette forme s’appelle en général liberté d’indifférence. 2° Pouvoir par lequel le fond individuel et inexprimable de l’être se manifeste et se crée en partie lui-même dans ses actes, - pouvoir dont nous avons conscience comme d’une réalité immédiatement sentie, et qui caractérise un ordre de faits où les concepts de l’entendement, et notamment l’idée de détermination, perdent toute signification.

Liberté “intelligible”, “transcendantale”, ou “nouménale”, consistant, selon Kant, en ce que l'explication complète de tout phénomène donné est double : 1° en tant que ce phénomène apparaît dans le temps, on doit le rattacher à des phénomènes antérieurs, desquels il résulte suivant des lois qui le déterminent rigoureusement par rapport à ceux-ci ; 2° les phénomènes ainsi enchaînés n’étant pas des choses en soi, mais de simples représentations, ils ont en outre des causes intemporelles qui ne sont pas des phénomènes, et leur rapport à ces causes constitue la liberté.

Morfaux :

Le sens le plus général de liberté est l’absence de contrainte, d’obstacle, indépendance. Au sens physique, la liberté se dit aussi bien des êtres vivants (avoir une liberté de mouvement) que des choses (une pierre en chute libre). Au sens politique, juridique, la liberté implique possession de droits reconnus (qui peuvent alors être appelés libertés au pluriel). Au sens psychologique, moral, métaphysique, la liberté est communément conçue comme un pouvoir de choix entre des possibles. Ces différents sens peuvent se rejoindre mais aussi se distinguer ou même s’opposer (le prisonnier n’est libre ni physiquement, ni juridiquement, mais il le reste moralement). D’autre part, la liberté peut s’entendre non comme un état, mais comme le résultat d’un processus de libération, d’affranchissement.

Godin :

La meilleure définition est peut-être celle de Spinoza : la liberté est une puissance d’action.

La question a partagé les philosophes : la liberté est-elle un fait, un caractère de l’être humain ou bien est-elle un droit, un idéal à faire exister dans les sociétés humaines ?

Benjamin Constant distinguait la liberté des Anciens, qui a valeur sociale et politique (être libre, chez les Grecs, cela signifiait ne pas être esclave et n’être pas soumis à la loi d’une puissance étrangère), et la liberté des Modernes, centrée sur l’individu et ses intérêts subjectifs.

En bref/L’essentiel

La liberté est la possibilité d’agir sans contrainte, d’être indépendant. Le terme peut avoir plusieurs sens : physique (la chute libre) ; politique (les droits de l’homme) ; moral (le libre arbitre).

Patrick Moulin, MardiPhilo, août 2024.