Toute douleur consécutive à la pose d’un appareillage qui excède plus d’une dizaine de jours doit être considérée comme anormale.
L’orthodontiste a posé un appareillage, quel qu’il soit (bagues, appareillage amovible, etc.), à quelques jours du départ en vacances de son patient et la douleur d’accompagnement classique, pour laquelle toutes les explications ont été données, dépasse le cadre habituel des 3 à 4 jours.
La première est que chacun réagit de façon différente à la mise en tension des éléments dentaires.
La deuxième est que le déplacement initial peut entraîner de légères interférences occlusales qui augment la mobilité et donc la douleur.
La troisième vient d’une personne déjà appareillée à une arcade et qui se fait poser des attaches à l’arcade antagoniste. La douleur, tout en étant «normale», est supérieure à celle précédemment ressentie lors d’activations antérieures. Cela génère une inquiétude pouvant conduire à une consultation d’urgence.
Rassurer la personne en expliquant que cette période douloureuse est normale, qu’il existe une période d’adaptation qui peut aller jusqu’à une semaine.
Expliquer qu’une arcade peut réagir de façon toute à fait différente par rapport à l’autre.
Réexpliquer qu’il existe une douleur spontanée qui fera place à une sensibilité à la pression avec mobilité d’accompagnement.
Conseiller des antalgiques. En effet, la personne qui souffre a souvent tendance à se sous-médicamenter (notamment les parents vis-à-vis de leur enfant) et les doses ne sont pas suffisantes pour être efficaces. Cela peut même renforcer l’inquiétude de la personne qui souffre, car elle ne comprend pas le fait qu’il n’y ait pas de sédation, alors que tout est mis en œuvre.
Les antalgiques conseillés sont classiques de classe I (Doliprane®, Efferalgan®); en aucun cas des AINS (Advil®) qui ralentissent le déplacement dentaire.
Alors que les premiers jours se sont classiquement passés avec sédation douloureuse au bout d’un laps de temps raisonnable, la personne a spécifiquement mal à une dent à l’issue d’un délai de 15 jours à 3 semaines.
Souvent, avec le déplacement initial, des microdiastèmes se créent, favorisant le bourrage alimentaire.
Reprise du cycle de déplacement dentaire.
Rechercher et éliminer le bourrage alimentaire, rincer à l’H2O2
Conseiller l’utilisation du jet dentaire ou de brossettes interdentaires, sachant qu’une arcade baguée ne permet pas l’utilisation du fil dentaire.
Le patient se plaint du fait que la douleur qui a suivi la pose d’un appareillage n’a cessé d’augmenter. Il s’installe une forme de chronicité avec parfois des pics douloureux.
La première est une lésion endodontique asymptomatique qui le devient avec le déplacement dentaire.
La deuxième est une inflammation persistante et croissante par un mauvais contrôle de l’hygiène. Avec le déplacement dentaire, il y a une potentialisation de la douleur. C’est le cercle vicieux où un brossage douloureux entraîne un défaut de brossage qui entraîne une augmentation de la douleur.
La troisième est la présence d’une lésion carieuse ou d’une péricoronarite indépendante du traitement orthodontique.
Radiographie rétro-alvéolaire attestant de la situation inflammatoire.
Antalgique avec ou non une antibiothérapie préventive.
Possibilité de retraitement endodontique même avec le traitement ODF en cours.
Idéalement, il faudrait qu’il n’y ait plus aucune pression engendrée par l’appareillage orthodontique, donc le supprimer temporairement.
Montrer, miroir à l’appui, le problème inflammatoire et prodiguer des conseils d’hygiène classique: bain de bouche, brossage adapté.
Le patient se plaint de douleur sur une ou plusieurs dents antérieures (fréquemment les incisives maxillaires) à la suite d’un choc. Trois cas de figure se présentent:
La lèvre est tuméfiée sans aucune conséquence directe sur l’appareillage ou les dents. Un contrôle de vitalité rassurera l’enfant et les parents;
Si la bague s’est décollée à la suite du traumatisme, il suffit de l’enlever de l’arc, de s’assurer de la vitalité de la dent (pas évident après un trauma récent), de l’absence d’interférence avec l’arcade antagoniste, et d’effectuer un contrôle radiologique pour éliminer le diagnostic d’une éventuelle fracture. Cela devient donc une gestion classique du traumatisme;
En revanche, dans l’éventualité d’une dent déplacée et qui reste toujours solidaire de l’arc, il faut absolument enlever ce dernier. En effet, sous le coup, l’arc a pu être complètement déformé, maintenant la dent dans la position constatée. Le cas est ensuite géré de façon plus conventionnelle (contention si nécessaire).
Si l’appareillage a été mis en place depuis peu, il est normal qu’une irritation de la langue, des joues et des lèvres soit présente. Les muqueuses vont se renforcer peu à peu. Il faut expliquer que la kératinisation va aider à supporter l’appareillage. Il convient de vérifier que les crochets présents sur certaines attaches ne sont pas blessants. Dans ce cas, les rabattre délicatement. En attendant, il n’est pas nécessaire de prescrire un bain de bouche, car il n’entraîne aucune sédation de l’irritation. En revanche, il faut conseiller l’utilisation de la cire orthodontique ou d’un bâtonnet de silicone, confiés lors de la pose de l’appareil (et également disponibles en pharmacie); mis en place sur la bague ou la partie de l’appareil qui est à l’origine de l’irritation.
Le fil orthodontique est sorti de la bague: en raison de son élasticité particulière (nickel-titane), le premier fil peut sortir de la bague sous la contrainte masticatoire. Il est possible de le réintroduire dans le tube en jouant sur son élasticité.
Le fil orthodontique dépasse en distal de la molaire: d’habitude, le geste se réalise avec une pince à couper distale qui retient le morceau de fil coupé. Cette pince n’étant pas dans l’arsenal classique du chirurgien-dentiste, plusieurs options sont disponibles:
Couper l’arc avec une pince coupante en prenant la précaution d’englober le morceau qui va être coupé dans un coton salivaire afin qu’il ne soit pas ingéré, voire, pire, inhalé;
Mais le plus simple est encore de supprimer le morceau de fil avec une fraise diamantée et de bien meuler au ras du tube (fig. 8 et 9).
Il faut faire attention, car parfois, pour des raisons thérapeutiques, l’orthodontiste peut laisser délibérément dépasser l’arc en distal et le recourber à 90° en direction gingivale ou dans l’espace interdentaire; ce fil saillant peut irriter. Il est conseillé alors de ne pas le couper, mais de l’englober soit dans du composite, soit dans du Telio® CS Inlay, une pâte photopolymérisable qui garde une certaine souplesse.
Pour une attache, il est souhaitable soit de l’enlever en ayant pris soin de supprimer la ligature élastomérique ou métallique, soit d’essayer de la décrocher s’il s’agit d’une attache avec un système auto-ligaturant (moins facile) et de la rendre au patient. En revanche, s’il s’agit de la dernière dent baguée, cela nécessite soit d’adapter la longueur du fil en conséquence, soit, plus simplement, de déposer la totalité du fil et de rendre l’ensemble au patient. Pour une bague molaire conventionnelle, il faut tenter de la recoller au ciment verre ionomère en prenant soin de bien la positionner ou, plus simplement, la supprimer et ôter le fil.
de type Quad Helix, arc de Nance ou similaire. Il est conseillé d’enlever totalement l’appareillage et de le remettre au patient. Il faut essayer de ne pas couper l’appareillage
S’il s’agit d’une attache intermédiaire, on constate, on rassure la personne sur le fait qu’elle a pu l’avaler, et ce sans conséquence.
S’il s’agit d’une attache terminale, il est conseillé soit :
de couper le fil en distal de la dernière attache du secteur concerné
de coller le fil à la dent
d’enlever l’ensemble du fil
Cela inquiète parfois l’adolescent. Il est préférable de remettre la ligature, car cela peut avoir des conséquences sur la dent qui n’est plus prise en charge.
Les urgences dentaires - Paru dans L'Information Dentaire - Par Michel Bartala