Le cathétérisme correspond à l'exploration initial du canal. Il a pour objectif de perméabiliser le canal, de déterminer la longueur de travail (LT) ainsi que de pré-élargir le canal. On parle de "glyde path" : c'est un "tunnel radiculaire" lisse allant du plancher jusqu’au terminus physiologique. Ce glyde path va permettre de sécuriser le passage des instruments suivant au cours de la Mise En Forme.
La longueur de travail correspond à la distance à partir d’un point de référence coronaire (généralement une cuspide) jusqu’au point où la préparation canalaire et l’obturation doivent prendre fin.
La constriction apicale (CA) constitue le point le plus étroit apicalement. Le foramen apical (FA) constitue la sortie principale du canal vers le parodonte. Le dôme apical (DA) représente le vertex de la dent alors que l’apex radiologique (AR) est l’image projetée de la partie la plus apicale de la dent.
Choix de la limite apicale de préparation (LAP) ou LT : elle doit se rapprocher le plus possible de la constriction apicale, voire se confondre avec elle, et ce, quelle que soit la situation clinique préopératoire.
Note : Toutes les limes doivent être pré-courbée (afin d'éviter les amorces de fausses route notamment). Les limes sont remontées contre la paroi de sécurité (mésial d'un canaux mésial, Distal d'un canal distal) en appui pariétal, car c'est là où se trouve le plus de substance. Cela évitera ou du moins diminuera l'effet du stripping.
Anesthésie, digue, cavité d’accès réalisée. L’entrée des canaux est repérée et la cavité d’accès est rincée à l’hypochlorite de sodium. (voir Irrigation)
Estimation de la longueur de travail sur une radiographie préopératoire bien angulée : Apex (dôme radiographique) - 0,5 à 2mm. La longueur du canal est reportée sur une lime manuelle de petit diamètre (Généralement K10 voire K8)
L'estimation radiologique, comme son nom l'indique, doit rester au stade "d'estimation", en effet, une rétro-alvéolaire bien réalisé a une précision de + ou - 2mm. Il ne faut donc pas baser sa vraie LT sur ça, ni être surpris si le localisateur d'apex ou la radio lime en place donne un résultat loin de cette estimation initial. La détermination de la longueur ne serait possible radiographiquement que sur un cône beam qui lui est beaucoup plus précis : 0,5 mm près s'il n'y a pas de courbure canalaire.
Une autre estimation de la LT peut être réalisé à partir des longueurs moyennes : 20,5 mm pour les premières molaires (mais varie évidemment entre 16 et 25), 22 mm pour les centrales maxillaires, 21 mm les latérales, 23,5mm les canines.
Cette estimation va servir à savoir à partir de quand on va pouvoir commencer à utiliser le localisateur d'apex pour évaluer la LT définitive, et éventuellement donner une valeur de référence dans la technique du crown down (Mise en forme des 2/3 coronaire du canal avant d'évaluer la LT au localisateur d'apex) .
Il est important d'intégrer mentalement comment fonctionne les limes. Du fait de sa modélisation le fait de tourner dans le sens horaire une lime qui est en friction contre des parois va la "visser" (c'est à dire qu'elle va progresser vers la zone de moindre résistance, tout en prenant en compte la flexibilité de la lime). S'il n'y a pas de trop de contrainte coronaire, cela va se faire dans la continuité de la lumière canalaire. Sinon la lime (qu'elle soit manuelle ou rotative) va réaliser des fausses routes, buttée et ou stripping d'autant plus fréquemment si la lime est forcée en direction apicale (ou animée d'un mouvement de va et viens), qu'elle a été trop vissée sans éliminer les contraintes occlusale (càd réalisé des retrait assez fréquemment)... Le terme "contrainte occlusale", ne se réfère pas uniquement des triangles dentinaires au niveau du planché, mais de toutes les contraintes occlusale par rapport à la pointe de la lime, cela comprend veut signifier qu'il faut éliminer les "contraintes latérales", lorsque la lime est bloquée : on force un peu en traction, on tire sur la lime avec un peu plus de force, et cela va éliminer la dentine des parois. (Si cela est demande trop de force, on "dévisse" en tournant légèrement en antihoraire la lime tout en tirant). C'est pour cela qu'on dit que les limes travaillent en traction (ou qu'elles travaillent latéralement). On progresse dans le canal en tournant en sens horaire, et on élimine les contraintes en traction. On doit sentir une résistance au retrait, on parle d'accroche. On peut répéter cette action entre 5 et 10 fois selon le type de mouvement réalisé avant d'irriguer.
Exploration canalaire initiale avec limes en acier manuelles de faible diamètre (généralement une lime K10). Pénétrer jusqu'au niveau où le canal peut l'accepter sans chercher à atteindre d'emblée la longueur de travail. Ne jamais forcer en direction apical. 3 possibilités :
Si la lime K 10 se rapproche de la longueur de travail estimée et est en contact avec les parois canalaires, une première mesure de la longueur de travail peut être réalisée avec le localisateur d'apex. La lime est alors animée d’un mouvement de va-et-vient de faible amplitude afin de lisser la trajectoire.
Si la lime K 10 bloque avant d’atteindre la longueur de travail estimée, il ne faut pas forcer en direction apicale. La lime est légèrement poussée jusqu’à la friction contre les parois puis libérée en l’animant d’un mouvement horaire puis antihoraire/traction. (Nous avons appris une autre technique : rotation quart de tour puis retrait. Voir les différents types de mouvement manuel ci-dessous). Après quatre ou cinq répétitions de ce mouvement, la lime aura avancé de quelques millimètres. Elle sera alors retirée et le canal sera abondamment irrigué afin d’éliminer les débris en suspension.
Si on a un problème de progression, il faut analyser pourquoi (trop de contrainte coronaire? Canal trop courbe? Diamètre canalaire trop fin? Canal trop minéralisé?) et réagir en conséquence : prendre lime de diamètre inférieur, utiliser des évaseurs (surtout utile pour les molaire, voir en-dessous), tremper la lime dans l'EDTA (surtout si canal "minéralisé"), mettre en forme d'abord les 2/3 coronaire avant de terminer le cathétérisme du tiers apical, précourber plus fortement les limes (dans les cas de division canalaire ou de courbure abrupte ...)
Si la lime K 10 est complètement libre dans le canal et ne présente aucune friction, la lime K 15 est utilisée de la même manière : légère poussée jusqu’au blocage, puis mouvement de rotation horaire-antihoraire/traction.
Rotation horaire d'un quart de tour. La lime K est insérée jusqu'à friction contre les parois (sans forcé) puis un mouvement de quart de tour dans le sens horaire est réalisé. La lime et ensuite retirée. Opération répété autant de fois que nécessaire pour que l'instrument atteigne la longueur de travail. (C'est la technique que nous avons appris en TD)
Reptation : la lime est précourbée sur ses derniers millimètres (3 à 4 dernières spires avec une précelle) et insérée dans le canal avec un mouvement de reptation (un mouvement de rotation alternant quart de tour horaire et quart de tour anti-horaire jusqu'à ce qu'elle se trouve gainée par les parois canalaires) L'instrument n'est jamais forcé en direction apicale. Une fois qu'il se trouve à son point de pénétration maximum, il est libéré sur place par un petit mouvement de translation alternatif de retrait-poussée puis retiré avec un mouvement de rotation horaire complet afin d'entraîner les débris en direction coronaire. (nous n’apprenons pas cette technique mais il est intéressant de savoir qu'elle existe)
Il existe de nombreuses autres autre techniques (voir ci-dessous).
Le mouvement de va et vient. Une fois la longueur de travail atteinte, la lime est animée d'un mouvement de translation alternativement en retrait et en poussée avec une amplitude de plus en plus importante afin de le libérer des interférences pariétales. L'objectif est de lisser la trajectoire canalaire dans la région apicale pour obtenir la fluidité canalaire. L'utilisation de cette technique est prohibée dans le corps du canal au risque de provoquer un blocage.
Les limes doivent être nettoyées dans une compresse stérile imbibée d'hypochlorite et vérifiées avant d'être replacées sur le plateau technique.
Il est important d'irriguer abondamment afin d'éliminer la boue dentinaire.
Pré-élargissement : Une fois que la lime K 10 passe librement dans le canal, on peut utiliser soit une lime K 15 manuelle de la même manière, soit un instrument de cathétérisme rotatif NiTi de diamètre de pointe faible (PathFile® 13, One-G® ou Pro-Glider®) jusqu’au niveau de pénétration de la lime K 10 (LT)
Present status and future directions: Management of curved and calcified root canals, Antonis Chaniotis et al. 2022
La "relocalisation" des entrées canalaire permet notamment un accès plus droit aux canaux, ce qui rend plus facile l'accès des limes à la région apicale, permet de réduit le risque de butée, facilite l’insertion des aiguilles d’irrigation et crée un réservoir pour la solution d’irrigation. Les évaseurs permettent d'éliminer les contraintes coronaires.
Les instruments devront être appuyés au retrait en pariétal de la paroi opposé à la zone furcatoire. C'est à dire en mésial et en vestibulaire dans un canal mésio-vestibulaire, en mésial et en lingual dans un canal mésio-lingual.
Il faut cependant faire attention au risque de déplacement de l’axe canalaire, à la formation de « corniches », de perforations ou encore à l’amincissement des parois canalaires.
Utilisation : One flare (17mm 9% en NiTi avec traitement thermique) insertion jusqu'à 2-3mm (voir 4mm mais jamais au delà de 5mm.) avec appui pariétal. Théoriquement 250 à 400 tr/min L'utiliser sans pression apicale ou alors de façon très légère. Son utilisation doit être centrée sur le canal avec trois mouvements successifs en direction apicale.
Il existe aussi le ProTaper Sx Gold (19mm conicité variable en NiTi avec traitement thermique).
Utilisation : même principe
Possible de les réutiliser donc ne pas les jeter.
Il est également possible d'utiliser des Forets de Gates leur utilisation se fait dans les canaux droits sur contre-angle à une vitesse de 800 à 1200 tours/min. Il faut faire attention dans les canaux courbes car le risque de perforation y est très important.
Le but des ces manipulation va être d'atteindre la JCD (jonction cémento-dentinaire)=Constriction apical (bip continue du localisateur d'apex) afin de perméabiliser le canal. Une fois atteint, placer le stop au niveau d'un repère coronaire puis reporter cette longueur sur la jauge. (voir protocole détaillé dans "localisateur d'apex"). Enlever 0,5mm pour déterminer la LAP (Limite apicale de préparation)=LT (longueur de travail).
Une fois que la longueur de travail est établie et que la lime K 10 est libérée apicalement par les mouvements de va-et-vient de faible amplitude (entre 1 et 3 mm), elle est doucement poussée à la longueur de travail, puis à la longueur de travail + 0,5 ou 1 mm afin de confirmer la perméabilité apicale. Cette manoeuvre sera répétée tout au long de la mise en forme apicale afin de s’assurer qu’aucun bouchon ne va venir obstruer le foramen.
Facultatif : Confirmation de la LT par une radiographie rétro-alvéolaire lime en place. (K10 ou K15) (K10 fonctionne contrairement à ce qui a pu être dit en TD/cours)
La courbure de la lime doit être dans la même direction que la courbure du canal. Pour visualiser cela, le repère (trait noir ou encoche) du stop en silicone de la lime est positionné face à la courbure de la lime afin de repérer l’emplacement de la précourbure de l’instrument lorsque celui-ci est inséré dans le canal. Le manche de la lime est alors tourné lentement sur lui même, tout en exerçant une légère pression apicale, afin que la pointe « accroche » le canal. Quand l’opérateur sent la pointe de la lime s’engager dans la portion apicale, la lime est alors avancée par un mouvement de rotation horaire/antihoraire jusqu’à la longueur de travail. Elle est ensuite « libérée » par des mouvements de va-et-vient de très faible amplitude, retirée, puis le canal est irrigué. La manoeuvre et répétée plusieurs fois jusqu’au moment où la lime flotte dans le canal et que le mouvement de va-et-vient peut se faire avec une sensation de glissement doux de la lime dans le canal.
En cas de courbure abrupte, la MEF en rotation continue de fort diamètre est contre indiquée. On privilégiera une MEF apicale avec limes manuelles "Flexo" en NiTi.
L’avantage de ces instruments est leur flexibilité et leur très haute résistance à la fatigue cyclique, ce qui leur permet de négocier des courbures très importantes et de les pré-élargir sans risque de bouchon et de butée. Elles ont pour but de pré-préparer le canal à la mise en forme et ainsi limiter le risque de fracture par torsion des instrument de MEF. (250 à 400 tours/min)
Elles sont intéressante dans les canaux fins, courbés, ou d'anatomie complexe. (Si la K15/K20 arrivent facilement à la LT ça ne sert à rien de les utiliser).
La lime K10 doit préalablement pouvoir arrivé à la LT sans effort et de manière reproductible.
Astuce : Si bloqué avec la K10 : 5 Allez-retours avec la lime de catéthérisme rotative jusqu'à l'endroit où on est bloqué à la K10.
One G / Proglider usage unique.
Proglider : un peu plus travaillante (donc potentiellement un risque de butée), c'est vraiment du pré-élargissement.
Path file : 3 instruments respectant le code couleur. Violet : 13mm 2%, Blanc 16mm 2%, jaune 19mm 2%. 3 longueurs dispo : 21, 25, 31mm. Stérilisable.
Seule la valeur "0" du localisateur d'apex est fiable et reproductible. Pour le ionyx 6 (Celui disponible en clinique), l’apex sur le display correspond à la Jonction Cemento-Dentinaire, c'est le cas de la majorité des locapex, mais pas de tous (lire la notice de son locapex !). Arrivé au-delà de l’apex, les voyants du Locapex 6 s’allument en rouge de « Apex » jusqu’à 1 mm. Contre indication pour les patients porteur de pace-maker.
Après la mise en place de l’électrode labiale et la mise sous tension du localisateur, la deuxième électrode est mise au contact de l’instrument, que l’on va faire progresser dans le canal jusqu’à ce que l’appareil indique par un signal sonore et visuel la constriction
La lecture sera d'autant plus fiable que le diamètre de la lime s'approche de celle du foramen apicale.
L’instrument est alors légèrement poussé au-delà de la mesure (0,5 mm) (le localisateur doit indiquer un dépassement) puis est replacé à la longueur indiquée précédemment. La même valeur obtenue initialement doit s’afficher à nouveau au même niveau. Enfin, l’instrument est retiré de 1,5 à 2 mm, puis avancé à nouveau en direction apicale : la valeur « constriction » ou « foramen » doit s’afficher à nouveau au même niveau. Ces deux dernières manoeuvres permettent de vérifier la reproductibilité, la stabilité et la précision de la mesure
Le stop silicone est alors ajusté par rapport à un repère coronaire horizontal stable et la longueur séparant ce stop de la pointe de l’instrument est mesurée en utilisant une réglette millimétrée. (Une jauge en clinique) Cette valeur mesurée correspond à la longueur séparant la constriction apicale (ou le foramen) du repère choisi.
La longueur de travail à partir de laquelle devra se faire la mise en forme est la longueur mesurée à la constriction ou, dans le cas du Root ZX®, celle au foramen moins 0,5 mm
Cette mesure peut être confirmée par une radiographie lime en place.
La cavité d'accès doit être séchée à l'aide de l'aspiration et de la soufflette avant de placer la lime rattaché au localisateur d'apex, surtout pour les molaires (le création de pont électrolytiques entre les canaux vont fausser les résultats), les canaux devant rester humide (ne pas mettre de pointe de papier!). Éviter l'application directement dans l'axe des canaux, préférer une certaine angulation.
Il doit y avoir une absence totale de contact des électrodes et des limes avec des éléments métalliques (amalgames, coiffe prothétiques, clamps, cadre de digue) et une absence de tissus carieux résiduel (Normalement cela doit déjà être fait à cette étape).
Apex ouvert (dents immatures, résorption apicale, perforations)
Restauration non étanches, racines fêlées ou ankylosées
Bifurcation apicale
Saignement important
Éteindre et rallumer
S'assurer que le clip est en contact avec la muqueuse (pas flottant)
S'assurer que l'unit est bien chargé et calibré (Défaut batterie>Baisse Tension>Baisse de la fiabilité des résultats)
S'assurer que la lime est d'un diamètre correspond à celui du canal (pas flottant)
Aucune mesure n’est possible en cas de blocage apical. Donc, dans les cas de retraitement, le canal doit être entièrement désobturé et perméabilisé jusqu’au foramen avant d’envisager la détermination de la longueur de travail avec un appareil électronique
Astuce : Si pas de place entre le stop et le manche de la lime, il est possible de mettre l'électrode sur une autre lime comme montré ci-contre.
Astuce 2 : pour s'entrainer avec le locapex, il est possible mettre de l'alginate dans un gobelet, laisser le temps de la prise, couper le gobelet circonférentiellement au niveau de la fin de l'alginate, enfoncer une dent dans l'alginate. L'eau contenu dans le mélange va permettre la conduction électrique, l'alginate va avoir le rôle des tissues de soutien.
Astuce 3 : si la LT est trop petit (par exemple 13) et que le stop ne tient pas sur une lime (car le trou est trop gros), une astuce peut être de faire un petit trou ailleurs dans le Stop avec une aiguille d’irrigation, et le stop sera bien ajusté
Localisateur d'apex par Stéphane Simon - Youtube
JPIO Endodontie par Stéphane Simon (p.193, p.205)
"Préparation canalaire" par ADF
Thèse - INTERET DE L’EVASEMENT CANALAIRE CORONAIRE : COMPARAISON DU PROTAPER® SX ET DU ONE-FLARE®
Apex Locator Tips for the General Dentist - All Things Dentistry - Youtube