La digue en OC
On isole toujours le nombre minimum de dents possible. Ainsi, l’isolation d’une seule dent convient parfaitement à la réalisation d’un traitement endodontique et aux restaurations ne concernant aucune face proximale. A l’inverse, une pose multi-dents sera indispensable si la restauration concerne un espace inter-dentaire, ou le collage d’un bridge, ou encore la réalisation d’une contention.
Matériel
La digue
Les feuilles de digues possèdent deux faces : une mate à orienter vers l’extérieur de la bouche et une brillante orientée vers la gencive, le vesitbule, la peau. Le côté mate va permettre d’éviter de trop refléter la luminosité ambiante ou celle du scialytique. Privilégiez des feuilles de digue épaisses afin d’obtenir une rétractation optimale des tissus mous et papilles.
Le patron
Très utile pour nous aider à positionner correctement nos perforations et utiliser le bon diamètre en fonction des secteurs choisis. Ils peuvent se retrouver sous forme de "calque" ou d'objet plus élaboré tel que le PacDam.
Pince d’Ainsworth
Pour réaliser un trou de qualité dans la feuille de digue et ainsi éviter sa déchirure lors de la mise en place, il faut réaliser un mouvement franc de fermeture de la pince, puis en maintenant la pince fermée, faire passer la feuille le long du pointeau pour s’assurer que la perforation est totale. De plus, régulièrement, il faut vérifier que le pointeau est affûté, et que les trous du plateau rotatif ne sont pas émoussés ni encombrés de latex.
Pince à clamp de Brewer
Il en existe avec une ou deux cannelures par mors. S’il y a deux rainures, la supérieure sert au retrait, et l’inférieure à la mise en place. Le praticien pourra la tenir par-dessus ou par-dessous. Possibilité de réaliser un meulage de ces rainures, en effet elles ont tendance à s’émousser et donc à diminuer la préhension du clamp. Mais si elles deviennent trop profondes il sera difficile d’enlever la pince une fois le clamp positionné sur la dent.
Les crampons
Plus l’arceau est rapproché des mors et plus on a un crampon rigide, qui va apporter une sécurité accrue contre le « saut » au moment de la mise en tension de la digue. Arceau rapproché des mors = moins de tension élastique = moins de risque de sauter.
En revanche, plus l’arceau est distalé plus il sera souple et se déformera au cours du temps. Ils sont toutefois utiles si l’on intervient sur une dent terminale, distale qui nécessite d’être clampée afin d’éviter que la tête de notre instrument rotatif ne vienne en butée.
Plus les mors sont inclinés ,plus ils permettront de clamper des dents avec un plus grand contour cervical.
Il est possible de fraiser le trou présent sur les mors des crampons pour faciliter le retrait des pinces, une fois positionné en bouche.
Les crampons à ailettes augmentent la rétention de la feuille mais sont plus difficiles à poser. A évité pour les patients à ouverture buccale réduite ou pour les soins sur les dents postérieures avec un patient aux joues épaisses au profit des crampons sans ailettes.
Les crampons sans ailette sont moins volumineux, l’absence d’ailettes libère l’espace inter dentaire mésial de la dent traitée et facilite ainsi le passage de matrice ou coin de bois lors de restauration.
Les crampons accessoires
Le B4 est un crampon accessoire très utile pour plaquer ou invaginer la digue, mais ne permet pas de la maintenir à lui tout seul. Il peut être remplacé par une ligature dans certaines conditions, notamment si la limite cervicale de votre zone de travail n'est pas trop apicale.
Le fil dentaire permet de faire des ligatures. Il est un allié indispensable à la pose d'une digue complexe car il permet de faire descendre la digue et de faire remonter les limites en supra digue, plus visibles et accessibles.
Les wedjets permettent de verrouiller la digue sans avoir à utiliser un crampon supplémentaire. Ils sont particulièrement intéressants pour le bloc incisivo-canin lors des poses multidents, car 2cm de ce fil élastique en inter-dentaire maintiennent aussi bien la feuille qu’un clamp en étant moins encombrant. Ils se présentent sous 3 diamètres différents : fin (bleu), moyen(jaune), épais(orange). On choisit un diamètre adapté à l’espace interdentaire entre la dent la plus mésiale isolée et la première dent mésiale non inclue dans le champ.
L’usage d’un wedjet mésial, lors d’une pose multiple de molaire à la première pré-molaire est suffisant car la feuille tendue sur le cadre exerce une traction d’arrière en avant sur le clamp postérieur, tandis que la force de traction qu’elle exerce sur la dent la plus mésiale est minime..
Lorsque les dents sont très serrées ou en rotation, il est décrit que l’on peut uniquement placer un petit morceau de digue à la place d’un wedjet
Le téflon peut être pacté dans les zones qui ne nous paraissent pas suffisamment étanches. Pour manipuler facilement, pensez à l'utiliser avec deux spatules légèrement humidifiées afin de venir le mettre en place dans la zone désirée.
Pour terminer, l'utilisation d'un coin de bois, ou encore de digue liquide vont vous permettre de sécuriser votre digue en complément des accessoires précédemment cités.
Crampon accessoire
Bien faire traverser le mandrin
Les 7 sont placé sur la ligne horizontale
Protocole
Au préalable
S'assurer que la patient n'est pas alergique au latex
Réaliser le détartrage/nettoyage (compresse imbibé de chlorexidine) du site.
Tester au fil dentaire les contacts interproximaux : si le fil se déchire ou ne passe pas il faut les polir à l'aide d'une bande (strip) abrasive ou lubrifier les espaces interdentaires concernés.
Anesthésie de la gencive avec rappel palatin. Obligatoire si le clamp doit être placé en juxta gingivale; ou si l'on cherche à obtenir une rétraction gingivale. (avec un clamp, une ligature). Pas la peine de faire une para-apical au fond du vestibule, juste au niveau de la jonction muco gingival, de préférence dans la gencive libre (?) qui est une zone moins sensible et moins susceptible de saigner.
Perforation de la feuille
Ne jamais situer le trou à moins de 15 mm en maxillaire et 25-40 mm à la mandibule du bord de la feuille.
Ne pas oublier de prendre en compte les éventuelles malpositions dentaires du patient
Technique sans patron
Dessiner avec un feutre une croix au milieu de la feuille de digue côté mat, schématisant les quatre quadrants, puis un arc de cercle de 5 cm de diamètre sur le ou les cadrans qui nous intéressent. Puis représenter les 8 dents de l’arcade par des croix espacées régulièrement les unes des autres sur l’arc. On peut préalablement plier la feuille pour s’aider à visualiser l’emplacement de la croix
Technique avec patron
Placer le côté brillant de la feuille de digue au contact du patron/ Tracer les points, côté mat, au feutre sur la feuille de digue schématisant les dents à isoler.
Ne pas faire la technique "placer la feuille sur l’arcade et marquer dessus au stylo le centre de chaque dent à isoler" en clinique car la pince d'Ainsworth et a partager entre tout le monde et que ça ne serait pas du tout hygiénique.
Séquence
Positionnez délicatement les quatre pointes des mors au collet de la dent, sous la ligne de plus grand contour. Pour cela deux choix s'offre à vous :
Soit directement avec la feuille de digue maintenue au crampon à l'aide de ses ailettes, ou autour de son arceau. (Parachute)
Soit seul autour de la dent.
Tester la stabilité du crampon (précelles ou pression digitale). Possibilité d'affûter légèrement les pointes émoussées, le cas échéant (à la turbine)
Installez la digue autour des ailettes/mords du crampon, soit à la main en tendant la digue, soit à l'aide de la spatule à bouche.
Fixez la digue autour du cadre sans grande tension.
Passez la digue entre les points de contacts à l’aide d’un fil dentaire, la faire glisser, "faxer" au fur et a mesure. (Cette étape se fera de mésial en distal du champ, pour maintenir la visibilité). Le fil dentaire traverse l’espace inter dentaire tout d’abord sous forme de simple brin, puis une deuxième fois en formant une boucle. Les deux brins sont enlevés simultanément.
Verrouillez la position la plus éloignée de votre crampon primaire, de votre digue à l'aide d'un second crampon ou wedjet si besoin.
Une fois la digue positionnée, écartez les mors du crampon et faites quelques légères bascules afin de faire passer la digue en cervical.
Repassez le fil dentaire en mésial et distal de la dent sur laquelle vous allez intervenir afin d’invaginer au maximum votre digue dans le sulcus.
Ligaturez la dent sur laquelle vous allez intervenir. Le noeud devra être du côté lèvre. Pensez pour cela à utiliser une spatule sur la face opposée au noeud afin de maintenir le fil de la ligature pendant le serrage et d'éviter qu’il ne remonte et sorte de la dent.
Retendez votre digue autour du cadre.
Technique en fonction de la situable clinique
On utilisera de préférence la technique de pose « crampon d’abord, digue par dessus », plus simple et plus rapide. La face mate de la feuille de digue sera orientée vers l’extérieur de la bouche.
Situation clinique N°1 : Pose d’une digue unitaire
Choisir une feuille medium: utiliser un gabarit sous la feuille pour marquer le point au feutre à la position de la dent sur l’arcade. Perforer la feuille avec la pince au diamètre approprié.
Lubrifier le crampon préalablement mis en place.
Rouler la feuille sur sa face supérieure en commençant par la partie sous-nasale, puis écarter avec les index l’orifice, en l’accompagnant sur le ressort puis en englobant les mors.
Fixer la feuille de caoutchouc au cadre en utilisant ses picots.
Passer la digue dans les espaces proximaux.
Inverser la digue dans le pourtour sulculaire à l’aide du fil croisé ou de la spatule de bouche et de l’air comprimé.
Situation clinique N°2 : Pose d’une digue plurale sur un secteur postérieur
Choisir une feuille heavy : perforer la feuille en choisissant le diamètre optimal pour chaque dent à isoler.
Procéder comme pour une dent unitaire : passage de la feuille par dessus le crampon par la perforation la plus distale.
Passer ensuite la perforation la plus antérieure autour de la dent la plus mésiale à isoler et placer un cordon élastique sur la face mésiale.
Passer toutes les languettes interdentaires de l’avant vers l’arrière et inverser la digue dans le pourtour sulculaire à l’aide du fil ou de la spatule de bouche et de l’air comprimé.
Si les muscles de votre patient vous empêchent de positionner votre digue, pensez à lui demander de relâcher légèrement son ouverture buccale afin de détendre les muscles responsables de ce manque d’accès. Positionnez votre digue et demandez lui de nouveau d'ouvrir
Situation clinique N°3 : Pose d’une digue plurale sur le groupe incisivo-canin
Engager la feuille de digue sur les 6 dents antérieures, puis la fixer à ses deux extrémités distales, en plaçant deux crampons W2, les mors enserrant chaque première prémolaire, à cheval sur la feuille de digue.
Finitions
En cas d'exposition d'un bout de gencive, il est conseillé de repositionner le crampon en le relâchant, tout en le mobilisant légèrement avec des mouvements de balancier pour permettre à la digue de venir correctement prendre sa place.
Les crampons « papillon » peuvent être utile pour repousser la gencive vestibulaire d’une dent à restaurer au collet.
Il est possible d’attacher le clamp via ses mors sur le cadre avec du fil dentaire pour éviter un éventuel accident de déglutition par son détachement de la dent ou sa fracture, ainsi que de permettre de tendre le fil et de verrouiller sa position.
Il est possible de repousser la feuille dans le sulcus à l'aide de la spatule à bouche. Cette étape permet de protéger le site d’une contamination salivaire ou d’une infiltration de liquide de mordançage, de rinçage et de désinfectant. En effet, cette inversion du caoutchouc vers le sulcus crée un joint périphérique et ainsi par effet de ménisque capillaire, l’humidité est contenue sous la digue. Pendant cette étape on séchera le site avec la seringue à air.
L’emploi de matériaux de calfeutrage placé à la jonction dent -feuille - clamp est parfois nécessaire pour colmater de petites infiltrations. Ceci, est particulièrement vrai à la mandibule, surtout lors d’un traitement endodontique. Il est possible de placer un ciment temporaire (Cavit, Temp-bond) ou du silicone light par exemple.
Confort du patient
Une pompe à salive, pliée en forme de « U » afin de pouvoir la positionner dans la partie la plus déclive de la feuille, en général au niveau de la commissure (Il n’est pas nécessaire de la mettre systématiquement car certains patients ont une bouche sèche)
De la vaseline ou beurre de karité peut être étalé au niveau des lèvres et de leurs commissures, réduisant l’irritation de la digue
Le patient peut fermé la bouche sur le crampon pour relâcher la tension musculaire pendant les temps mort.
Possibilité de placer des compresse entre le cadre de digue et le menton pour améliorer le confort
Cas particulier
Si la dent est trop délabrée pour assurer la stabilité du crampon, il faut créer une pré-reconstitution avec un matériau collé ou avec un ciment verre ionomère.
En cas d'absence de bombée, un plot peut être créer temporairement en recréer un sur la face vestibulaire et/ou palatine ou linguale, avec un matériau collé type ciment verre ionomère ou composite plus ou moins mordancé. (Prendre une teinte distincte de la teinte de la dent pour mieux l'objectiver lors de sa dépose)
Isolation de deux dents adjacentes mono radiculées très délabrées au niveau coronaire ou préparées par un unique crampon molaire : La feuille de digue est positionnée autour des deux dents puis recouverte du clamp. Pour une stabilité maximale, le clamp devra par ses quatre coins être en appui sur les deux dents, chaque dent aura un appui vestibulaire et palatin.
Crampons
Source
Fiche CNEOC R5
LearnyLib - La Digue
Thèse - LA DIGUE : RECOMMANDATIONS THEORIQUES ET USAGES AU CABINET DENTAIRE, BOUQUARD Laëtitia, 2013
OC et restauration tome 1 - édition CDP