Dernière étape avant la polymérisation des prothèses, l'essai fonctionnel revêt donc une importance toute particulière. Il permet de déceler d'éventuelles erreurs cliniques ou de laboratoire. On juge ainsi :
- les qualités mécaniques des bases, directement en rapport avec les empreintes
- les qualités esthétiques résultant du choix et du montage des dents antérieures
- et les qualités d'usage sous la dépendance du rapport intermaxillaire et du montage des dents prothétiques.
Avant l'arrivée du patient et la mise en place des maquettes en bouche, on vérifie le respect des règles du montage antérieur et postérieur.
La qualité de l'engrènement des dents prothétiques est testée en articulant les deux maquettes, tenues dans les mains. Une position unique et parfaitement stable doit être trouvée, concordante avec celle de l'articulateur.
Contrôle des cires
Du profil des surfaces polies, dont les volumes, concavités ou convexités doivent favoriser l'effet stabilisateur des organes paraprothétiques sur les prothèses
De la sculpture et de l'état de surface de la fausse gencive
On essaie successivement et indépendamment en bouche la maquette supérieure puis la maquette inférieure. La mouillabilité des cires n'autorise pas à tester la valeur rétentive réel des futures prothèses, on aura seulement une indication.
Tous les tests concernant la stabilité des deux bases sont réalisés avec beaucoup de modération. Des erreurs de limites minimes qui pourraient être mises en évidence sont notées et les rectifications seront effectuées une fois les prothèses terminées
Désinfection par immersion dans un antiseptique, puis rincée à l'eau et appliqué mise en bouche, encore mouillée
Elle doit être stable et rétentive, aussi bien à l'état statique que lors de la sollicitation dynamique des muscles et des organes paraprothétiques
Test statique
Doit être stable et naturellement rétentif
Tests dynamiques
la qualité du joint palatin postérieur par traction sur les faces linguales des incisives maxillaires. On juge à cet instant et de cette façon l'enregistrement correct du jeu fonctionnel du voile au moment de l'empreinte secondaire. L'efficacité définitive du joint postérieur ne pourra être réelle qu'une fois la prothèse terminée et en place sur sa surface d'appui;
Les secteurs latéraux par traction jugale afin de déterminer la qualité des bords et le dégagement des freins et insertions musculaires;
Le secteur antérieur par traction de la lèvre supérieure vers l'avant et latéralement.
Après avoir retiré de la bouche du patient la maquette maxillaire, on met en place la maquette mandibulaire, qui est testée à son tour.
De la même manière, celle-ci est évaluée sur le plan statique ; elle doit être stable et naturellement rétentive
Tests dynamiques
On mobilise par traction, successivement la lèvre inférieure et les joues, afin de contrôler l'exactitude des bords vestibulaires antérieurs et latéraux.
Des mouvements linguaux identiques à ceux qui nous ont permis de régler les bords du porte-empreinte individuel sont demandés au patient pour juger les bords internes (pointe de la langue au palais, langue en latéral jusqu'à toucher sa joue, langue sur la lèvre supérieure en son milieu, puis pour humecter la lèvre d'une commissure à l'autre, porter sa langue très en avant puis de caresser sa lèvre inférieure, déglutir sa salive, contracte ses lèvres en simulant le baiser)
La qualité du joint sublingual peut être appréciée, à ce stade du traitement, en opérant une traction digitale horizontale à partir de la face linguale des incisives; l'effet de succion doit déjà exister.
La maquette inférieure, la plus large, est introduite en premier.
Si le patient a d'ancienne prothèse : Afin de retrouver la position d'occlusion centrée enregistrée et de lui faire oublier l'occlusion de ses anciennes prothèses, on demande au patient de serrer modérément les dents sur deux rouleaux de coton pendant deux minutes, avant d'autoriser tout contact dentaire.
On le prie ensuite de fermer doucement la bouche, en lui conseillant de rechercher à entrer d'abord en contact au niveau des dents postérieures, avec la langue en position arrière. Ces invitations amènent naturellement un recul mandibulaire. Le mouvement de fermeture est interrompu au premier contact et les rapports occlusaux contrôlés.
On vérifie
l'absence de contact postérieur entre les bases en cires maxillaire et mandibulaire, signant une erreur majeure du rapport intermaxillaire;
la qualité de l'engrènement, qui doit correspondre au montage observé sur l'articulateur
la coïncidence des points interincisifs sans mobilisation des bases. La stabilité des maquettes sur leurs surfaces d'appui est mise en évidence en essayant d'interposer une fine lame de bistouri entre les deux arcades
Un nouvel enregistrement du rapport intermaxillaire est entrepris par la réalisation d'un articulé de Tench :
Une bande de un centimètre de largeur de cire Aluwax est découpée après ramollissement à la flamme.
Elle est ensuite pliée en double épaisseur et déposée sur les surfaces occlusales des dents cuspidées mandibulaires, préalablement séchées.
À partir de cet enregistrement, on peut remonter le modèle mandibulaire sur l'articulateur et rectifier le montage des dents prothétiques.
La dimension verticale de repos est approuvée sur le plan esthétique et contrôlée phonétiquement
Mississipi, saucisson, six et sept ...
Après l'émission de ces phonèmes, la mandibule se trouve en position de repos physiologique et l'importance de l'espace libre d'inocclusion, déjà défini, est contrôlé.
À ce stade, une légère surévaluation de la dimension verticale d'occlusion est admise, en compensation de la perte à venir, du fait du tassement des prothèses.
On demande au patient de réaliser, à partir de la position d'intercuspidation maximale, des petits mouvements excentrés (en propulsion et en latéralité), sans pression excessive, pour éviter d'écraser les maquettes et de déplacer les dents afin de mettre en évidence l'existence des contacts équilibrants.
La séance ne peut être validée esthétiquement et phonétiquement que par le patient, avant envoi au laboratoire pour la mise en moufle et la polymérisation de la résine des bases.
Pour améliorer l'efficacité du joint postérieur et compenser les déformations des bases en résine en cet endroit, on réalise un grattage du modèle secondaire.
1- on dessine d'abord la limite postérieur qui correspond à la limite palais mou - palais dur
3- on apprécie la dépressibilité des zones de Schreider à l'aide d'un brunissoir, dépressibilité qui conditionne la profondeur du grattage latéral.
On peut ensuite à l'aide d'une gouge, d'une spatule à cire ou d'une spatule de Lecron graver le modèle secondaire
pour les voiles du palais en rideau : la moustache va être réduite mais on peut se permettre de creuser plus profond, presque jusqu’à 2 mm.
pour les voiles du palais long : la moustache va être plus large, mais on va creuser moins profondément, plutôt autours de 0.5mm
Il faut réaliser un biseau de l'arrière vers l'avant (en arrière on fraise (fraise boule sur turbine) environ 1mm (entre 0,5 et 2mm en fonction du type du palais), puis on gratte à la spatule pour créer un biseau (une pente), l'avant correspondant au sommet)
Après tout fraisé, il faut retracer la limite postérieur de la moustache pour le prothésiste.
Exemple vidéo (Gravage du joint vélo-palatin) par Christophe RIGNON-BRET
Nous n'avons fait aucun test étant donné que les maquettes fonctionnelles ne tenait pas en bouche (alors qu'elles tenait très bien à l'étape de l'essayage esthétique). Cela n'a pas inquiété le Pr, qui a dit que "la hauteur des bords de la maquette n'était pas la même que sur la prothèse définitive, et que c'est pour ça qu'on a pas de rétention". On a dessiné la moustache sur le modèle. Puis on a placé du fixodent dans l'intrados des maquettes puis mise en bouche pour que le patient re-valide l'esthétisme. Puis une fois le patient parti, nous avons gravé la moustache.