L’inconfort lié à l’augmentation de la mobilité d’une dent est une cause courante de consultation en urgence. Que ce soit après un choc ou la conséquence d’une perte d’attache ancienne mais évolutive, la mastication peut être fortement altérée par une mobilité dentaire excessive.
Note : après certains actes thérapeutiques, la mobilité peut être transitoirement augmentée. Ainsi, une chirurgie parodontale ou périapicale ou des traitements orthodontiques ou endodontiques peuvent être suivis d’une mobilité réversible après quelques semaines. Il faut savoir alors rassurer un patient qui consulte en urgence et qui informe avoir eu ce type de thérapeutique avant son départ en congés.
Le type et l'amplitude de la mobilité va directement influencer le type de prise en charge.
L’indice de Mühlemann constitue la référence pour évaluer la mobilité clinique (0 : ankylose, 1 : mobilité physiologique perceptible entre deux doigts, 2 : mobilité transversale visible à l’oeil nu et inférieure à 1 mm, 3 : mobilité transversale supérieure à 1 mm, 4 : mobilité axiale.)
Dans les stades 2 et 3, considérés comme pathologiques, la mise en place d’une contention temporaire ou semi-permanente permettra d’améliorer le confort du patient tout en facilitant la prise en charge d’une éventuelle parodontite.
Une mobilité de stade 4 conduira à une avulsion.
Ces thérapeutiques de contention doivent permettre une occlusion de convenance compatible avec la fonction. Il est à noter que certains patients ne sont pas gênés par une mobilité 2 voire 3. Dans cette situation, la contention n’est indiquée que si le pronostic de la dent à court terme est en jeu.
Il est important de noter qu’un manque d’hygiène ou de coopération, une susceptibilité carieuse ou un état dentaire nécessitant des restaurations prothétiques plus élaborées peuvent contre-indiquer ce type de contention par collage.
Un patient est reçu en urgence, se plaignant d’une dent très mobile et inconfortable. Pour évaluer le degré de mobilité d’une dent, l’utilisation de deux instruments métalliques (manche de miroir, de sonde) est conseillée, que l’on positionne de part et d’autre de la dent, ce qui permet de mieux visualiser la mobilité horizontale. La radiographie montre une perte osseuse terminale, mais le patient souhaite pour le moment prolonger sa dent. Après un détartrage et des irrigations sous-gingivales, une préparation de l’émail est donc réalisée et des composites sont collés sur les dents adjacentes afin de stabiliser la dent temporairement dans le cadre de cet acte d’urgence.
La réalisation d’une contention plus élaborée avec une armature métallique (attelle coulée de Rochette ou grille d’Ellman) ou un composite recouvrant un fil torsadé ou une fibre de verre est aussi une option thérapeutique en cas de mobilité ayant occasionné une consultation en urgence. Cependant, ces dispositifs nécessitent un temps fauteuil plus long, voire plusieurs séances qu’il faut donc pouvoir prévoir.
Patiente est très inquiète, car ses deux incisives centrales mandibulaires sont très mobiles et il est impossible pour elle de croquer dans un aliment. Si le curetage parodontal a réduit l’inflammation, la mobilité reste toujours très inconfortable. Après avoir ajusté une fibre de verre allant de 43 à 33, une préparation de l’émail lingual du bloc incisivo-canin est réalisée. La fibre est imprégnée d’adhésif (bonding) et une colle composite est placée sur les dents (fig. 27). Si cette contention permet de stabiliser les dents durablement, le pronostic est réservé en l’absence d’une maintenance parodontale régulière.