Cas clinique chirurgie orale

Monsieur F, Homme, 61 ans

Modtif de consultation "Suivi et douleur post avulsion". Hypertension, Diabète sucré, Type 2, Bronchite chronique, Insuffisance hépatique. La dent 28 a été extraite chirurgicalement et le patient admet un certain inconfort post-opératoire (EVA 3/10). Quelle est la meilleure gestion de la douleur post-opératoire pour ce patient ?

A) Paracétamol? B) Ibuprofène? C) Paracétamol-codéiné? D) Tramadol? 

Réponse A

Le paracétamol (Doliprane®) est un analgésique acceptable pour les patients souffrant d'insuffisance hépatique ou de cirrhose. La dose quotidienne totale chez les personnes souffrant d'insuffisance hépatique est limitée à 2 g/jour au maximum. Pour les patients insuffisants hépatiques qui consomment activement de l'alcool, le paracétamol doit être évité. 

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tels que l'ibuprofène (Advil®), sont considérés comme des agents de première intention dans le traitement des douleurs postopératoires légères à modérées. Cependant, les AINS sont contre-indiqués chez les patients insuffisants hépatiques, car leur métabolisme est diminué, ce qui entraîne une biodisponibilité accrue. Cela peut entraîner une diminution significative du débit de filtration glomérulaire et altérer la fonction rénale. 

Madame L, Femme, 45 ans

Mdc "Ma mâchoire inférieure droite me fait mal". Diabète de type II, Consommation de drogues intraveineuses, Antécédents d'endocardite infectieuse, Allergie à la pénicilline, urticaire. Cliniquement : Dents 36 37 38 non restaurables avec cavitation grossière et mobilité de classe III. Quels médicaments faut-il prescrire avant le traitement ?

A) Amoxicilline 2g? B) Azithromycine 500 mg? C) Amoxicilline 1g? D) Clindamycine 600 mg? 

Réponse B ou D

Selon l'American Dental Association et American Heart Association, certaines conditions et procédures nécessitent une prophylaxie antibiotique tandis que d'autres ne le nécissitent pas.

Les conditions et les procédures qui nécessitent une prophylaxie antibiotique sont énumérées ci-dessous :

Les conditions et les procédures qui ne nécessitent PAS de prophylaxie sont énumérées ci-dessous :

Ce patient a des antécédents d'endocardite infectieuse et doit subir une procédure invasive, qui implique une rupture des tissus buccaux. Ce patient répond aux critères de prophylaxie recommandée avant l'intervention contre l'endocardite infectieuse. Étant donné que le patient est allergique à la pénicilline, l'azithromycine est une classe différente d'antibiotique qui peut être prescrite pour la prophylaxie antibiotique à la dose adulte de 500 mg. En France, les recommandations (qui datent de 2011) recommandent la prescription de clindamycine 600mg 1h avant l'acte. 

L'amoxicilline 2g est la posologie recommandée chez les patients qui ne sont pas allergiques à la pénicilline. 

À retenir : Si un patient a une allergie à la pénicilline avec une réaction d'urticaire, les antibiotiques alternatifs qui peuvent être utilisés sont la clindamycine, l'azithromycine et éventuellement la clarithromycine ou la doxycycline.

Monsieur T, Homme, 57 ans

Motif de consultation : "il y a un problème avec ma langue". Hypertension, cholestérol, emphysème. Traitement : salbutamol (ventoline), atorvastatin, losartan.

Cliniquement : Lésion blanche qui ne part pas lors du passage de la sonde en horizontal ou lors du passage d'une compresse sur la langue 

Quelle est la cause sous-jacente de la présentation de la langue du patient ?

A) Bactérienne B) Plaque C) Pertes des papilles D) Ulcération

Réponse

Le patient a une langue avec des lésions érythémateuses (ou serpigineuses) annulaires qui ont une bordure blanche nette. Cela correspond à la présentation de la langue géographique (aussi appelé  glossite migratoire bénigne ou glossite migratoire bénigne), qui est une variante courante de la physiologie normale. Elle a tendance à être transitoire et à se déplacer dans le temps. Cela est due à l'atrophie et à la perte de papilles filiformes. 

Les champignons tels que le candida albicans peuvent causer le muguet buccal, qui est une plaque blanche essuyable et s'accumule sur la langue. La lésion du patient est non essuyable et d'apparence variable.

La plaque peut s'accumuler sur la langue et provoquer une apparence blanche essuyable. 

Les ulcérations sur la langue apparaissent souvent sous forme de lésions jaunes ou blanches avec une bordure érythémateuse et une membrane pseudomembraneuse. Ces lésions n'évoluent pas dans le temps et ne sont pas aussi généralisées sur la langue que dans la glossite migratoire bénigne. 

Monsieur M, Homme, 19 ans

Mdc : "Mes dents en bas à gauche me dérangent". Atcd/médication : RAS. 

Cliniquement : Dent 38 impactée horizontalement. Érythème et gonflement autour de la dent 38. Profondeurs de sondage de 5 mm autour de la dent 18  

Dans l'image radiographique ci-contre, quelle pathologie est indiqués par la flèche ? 

Réponse

Dans l'image périapicale, la dent 38 est impactée mésialement et empiète sur la face distale de la dent 37. Ce contact prolongée de la surface de la dent provoque une réponse inflammatoire externe qui va favoriser la résorption de surface (résorption radiculaire externe). La résorption radiculaire externe est indiquée par une radioopacité distincte sur la surface externe de la racine et a été associée à des dents incluses, à des traumatismes et à des mouvements orthodontiques. 

Monsieur X, Homme, 44 ans

Mdc : "nettoyage/détartrage". Atcd : hypertension traitée par hydrochlorothiazide. 

Cliniquement : 45 test au froid négatif, perucssion négative, palpation apicale négative. 

Quelle est l'hypothèse diagnostique la plus probable?

Réponse

La radiographie périapicale montre une radioclarté bien définie, corticalisée, sur la face latérale de la dent 45. Comme cette dent est également non vivante, il s'agit très probablement d'un kyste radiculaire latéral. Il s'agit d'un kyste inflammatoire qui se forme lorsque la nécrose et l'inflammation pulpaires stimulent la prolifération de l'épithélium environnant en un kyste. 

Ce n'est pas à confondre avec un kyste parodontal latéral, qui est un kyste odontogène développemental qui se présente également comme une radio-opacitée corticalisée bien définie sur la face latérale d'une racine dentaire. Cependant, la principale différence est que la dent est toujours vitale car le kyste est de nature développementale et non inflammatoire. 

Monsieur K, Homme, 14 ans

Mère - "Mon fils a une mauvaise infection dentaire, il est gonflé". Anamnèse : Douleur associée à la dent 36 depuis une semaine. Le gonflement du visage et la fièvre ont commencé hier. 

Cliniquement : Gonflement vestibulaire et sous-maxillaire, Gonflement bilatéral du bas du visage et du cou, Trismus avec ouverture < 10 mm 

Conduite à tenir?

La présentation de ce patient est descriptive de l'angine de Ludwig, c'est un type de cellulite sévère impliquant le plancher de la bouche et les espaces sous-mandibulaires, sous-mentaux et sublinguaux. L'angine de Ludwig est une urgence médicale, donc le traitement le plus approprié pour ce patient est de le renvoyer immédiatement aux urgences où des antibiotiques intraveineux et une gestion des voies respiratoires peuvent être effectués. 

Des antibiotiques IV doivent être utilisés, donc une prescription d'antibiotiques oraux ne serait pas un traitement suffisant pour ce patient. 

Monsieur R, Homme, 55 ans

MDC - "Mon médecin dit que j'ai besoin d'un examen bucco-dentaire avant de commencer ma radiothérapie pour mon cancer." Historique : Hypertension, Hyperplasie bénigne de la prostate, Carcinome de la base de la langue, Fumeur de 30 ans. Médication : amlodipine, tamsulosine 

Cliniquement : reste radiculaire des dents 37 à 32. Dents cariées non restaurables 16, 14, 23 à 25. Caries dents 13, 12, 11, 21, 22. Autres dents intacte sans carie ni signe de maladie parodontale. 

Le patient commencera la radiothérapie dans trois semaines. Quelle est la conduite à tenir ?

CAT : Extraire les restes radiculaires, les dents non restaurables et restaurer les lésions carieuses.

Le patient dans ce cas a été diagnostiqué avec un carcinome de la base de la langue par son médecin. La résection chirurgicale, la radiothérapie ou la chimiothérapie peuvent faire partie du traitement des cancers de la tête et du cou. Les patients qui nécessitent une radiothérapie pour un cancer de la tête et du cou sont à risque d'ostéoradionécrose (ORN) des mâchoires. Cette condition est caractérisée par un os nécrotique exposé qui ne guérit pas dans les zones où l'os a été exposé à un champ de rayonnement. Cette condition peut être provoquée après un traumatisme, des extractions, une maladie parodontale, des infections dentaires ou tout type de manipulation osseuse. Les zones de la mâchoire alignées avec le champ de rayonnement sont les plus à risque, il est donc impératif d'évaluer ces patients avant la radiothérapie de la tête et du cou afin de minimiser le risque de développer une ORN. 

Comme les effets de la radiothérapie sur les os de la mâchoire peuvent durer indéfiniment, il est préférable d'extraire les dents non restaurables avant de commencer la radiothérapie. Idéalement, toutes les extractions doivent être effectuées 3 semaines avant pour permettre une fermeture muqueuse complète avant la radiothérapie. Toute lésion cariée ou naissante peut être restaurée si la dent a un bon pronostic, ce qui fournira à ces dents un meilleur pronostic et minimisera les risques de futurs travaux invasifs.

Le traitement du cancer du patient est de la plus haute importance, il serait donc inapproprié de retarder la radiothérapie.