Pour résoudre des problèmes locaux (conflits importants souvent atroces) ou mondiaux (réchauffement climatique, pollution, sous-développement…), il est fréquent d’entendre regretter l’absence d’un « Gouvernement Mondial » actif et efficace.
Avant de débattre d’améliorations de la situation actuelle, il convient de bien décrire les institutions mondiales existantes. Au préalable, il n'est pas inutile de définir les notions de gouvernement et de mondial qui ont beaucoup évolué depuis les débuts de l'humanité. Dès l'origine, des familles, puis des tribus nomades ont eu besoin d'organiser leur sécurité, leur accès aux sources de nourriture, les relations entre leurs membres, le partage du travail. En se sédentarisant, les hommes ont dû organiser le fonctionnement des villages, puis des villes. Est apparue la notion de territoire et donc celle de frontière. Et celle d'armée pour les défendre contre les visées de leurs voisins. Pression devenue plus forte à mesure que la Terre se peuplait.
Après cette émergence de la notion de nation, les empires ont constitué une première forme de supranationalité : l'empire d'Alexandre le Grand, la Chine, l'empire romain, les empires européens de Charlemagne à Napoléon, de l'URSS au IIIème Reich. Et les empires coloniaux, d'abord portugais et espagnols, puis anglais et français. Aucun de ce Un gouvernement mondial : pour faire quoi et mieux ? s empires n'était vraiment mondial ; l'universalité se limitait au monde connu, au monde accessible. Ces empires, créés par la force des armées, s'appuyaient sur des places fortes, des villes fortifiées. Avec un niveau d'administration variable, plus ou moins centralisé.
A côté de ces formes de gouvernement politico-militaires, une autre forme de supranationalité a été exercée par l'Eglise catholique. Au nom de la religion, le pape est devenu l'arbitre suprême entre les nations dont les rois et les princes tenaient leur pouvoir de Dieu. C'est ainsi qu'un arbitrage du pape a partagé l'Amérique du Sud entre l'Espagne et le Portugal, donnant ainsi naissance au Brésil. Une autre religion, l'Islam, a tenté aussi de constituer un ou plusieurs empires, en s'appuyant surtout sur la force armée. Le plus étendu fut l'Empire ottoman qui a fini par se désagréger. Tous ces empires politico-religieux ont permis de diffuser des cultures, des religions, des langues comme le latin et l'arabe, puis l'espagnol, l'anglais et le français, sans toutefois abolir les usages et les idiomes locaux.
A l'époque moderne, d'autres mouvements ont voulu atteindre l'universalité : la Croix-rouge, la tentative de généralisation de l'espéranto, l'attribution des prix Nobel... Sans avoir besoin d'une organisation supra-nationale spécifique, les scientifiques du monde entier communiquent et échangent leurs travaux ; on peut dire que la science est mondialisée, comme la philosophie, la littérature, la musique, le cinéma...
La première tentative de gouvernement mondial a été, en 1919, la Société des Nations, créée au sortie de la grande guerre pour tenter d'éviter de telles horreurs. Faute de compter parmi ses membres les Etats-Unis, puis ayant perdu l'Allemagne en 1933 et l'Italie en 1937, la SDN n'a rien pu faire pour éviter la seconde guerre mondiale.
Il existe deux formes principales de gouvernement, que ce soit aux niveaux local, régional ou national.
- Le despotisme ou gouvernement totalitaire, où toutes les décisions viennent du sommet et où l'autorité (police, justice, administration) est chargée de les faire appliquer avec rigueur.
- La démocratie : les citoyens ont largement leur mot à dire dans l'élaboration des décisions et disposent de recours face à leur application. Le principe de subsidiarité permet de traiter les questions qui peuvent l’être au plus près possible des citoyens (commune, canton, département, région…). Il permet d’alléger les tâches des Etats qui l’appliquent.
Dit autrement, la souveraineté peut, suivant les systèmes, émaner du sommet (tyrannie) ou des citoyens (démocratie). C’est dans cette deuxième optique que nous voyons l’avenir d’un gouvernement mondial. C’est d’ailleurs celle qui prévaut dans les institutions actuelles qui émanent d’un concert des pays, comme le montre l’état des lieux qui suit. Il est plus vaste qu’on l’imaginerait a priori.
Principales institutions actuelles (Bases : Wikipedia et gouv.org
En matière politique, la principale organisation que tout le monde connait est l’ONU, créée en 1945 pour réussir mieux que la SDN. L’ONU rassemble en 2014 193 états pour atteindre 4 objectifs :
*maintenir la paix et la sécurité dans le monde ;
*développer les relations amicales entre les nations ;
*réaliser la coopération internationale sur tous les sujets où elle peut être utile et en encourageant le respect des droits de l’homme ;
*être un centre où s’harmonisent les efforts des nations dans des objectifs communs.
L’ONU ne légifère pas mais vote des résolutions - pas toujours respectées !
L’ONU comprend principalement :
* le Conseil de sécurité (New-York) qui décide de résolutions en faveur de la paix et de la sécurité.
* le Conseil économique et social (54 membres - New-York et Genève)
* la Cour internationale de justice (La Haye)
* des agences spécialisées couvrant de très nombreux domaines dont certains de notre quotidien: OMSanté, OITravail, UNESCO (Education, Sciences,Culture), UNICEF (Enfants), FAO (Agriculture et Alimentation), OMCommerce, CDD Commission Développement Durable(1972) d’où émane le GIEC, ISO (normalisation), HCRéfugiés, OMMétéorologique, AIEAtomique, OACI(Aviation civile), agences dont la localisation est dispersée dans le Monde, notamment à Genève, Paris, Rome....
En matière économique, ne dépendant pas de l’ONU, on notera principalement
* le FMI, créé en 1944 à Bretton Woods, encourage la stabilité financière et la coopération monétaire internationale. Il s’efforce aussi de faciliter le commerce international, d’œuvrer en faveur d’un emploi élevé et d’une croissance économique durable, et de faire reculer la pauvreté dans le monde. Il est gouverné par ses 188 états membres, auxquels il rend compte de son action.
* la Banque Mondiale créée en même temps poursuit deux objectifs ambitieux : mettre fin à l’extrême pauvreté en l’espace d’une génération et promouvoir une prospérité partagée. Ces deux objectifs visent respectivement à réduire à 3 % la proportion de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar à l’horizon 2030 et à favoriser, dans chaque pays, la croissance du revenu des 40 % les plus pauvres.
La Banque mondiale est une source essentielle d’appui financier et technique pour les pays en développement du monde entier. Elle compte quelque 10 000 agents répartis dans plus de 120 bureaux installés dans le monde entier.
* le G8 créé en 1975 est un groupe informel d’orientation et d’impulsion politiques. Centré sur l’économie initialement, il s’élargit à la sécurité et à la mondialisation
* le G20 créé en 1999 au niveau des ministres des finances, deviendra en 2008 une instance de pilotage économique réunissant au plus haut niveau les grands responsables publics.
De nombreuses autres institutions sans pouvoirs directement politiques ont une action mondiale:
* la plus ancienne et de très loin est l’Eglise Catholique
* la Croix-Rouge créée en 1863 après Solferino (1859) par Henry Dunant est maintenant associée au Croissant-Rouge. Elle compte 186 comités.
* l’Internationale Socialiste rassemble 168 partis
* un exemple dans le domaine sportif est la FIFA(Football) créée en 1904 regroupant 200 fédérations qui vient d’organiser la Coupe du Monde
* les nombreuses Sociétés « multinationales » industrielles ou de services dont la couverture mondiale est moins grande
Des exemples de dysfonctionnements (apparents ?) de ces institutions :
Pour l’ONU, on peut citer ses résultats en matière de gestion de l’effondrement de la Yougoslavie communiste, de génocide des Tutsis, de la question ukrainienne ou du séïsme d’Haïti. Le FMI et la Banque mondiale n’ont pas non plus été toujours exempts d’erreurs. Vous pouvez établir votre propre liste
Recherche d’améliorations : A chacun de réfléchir !
* Les instances et organisations supranationales ou mondiales sont-elles toujours pertinentes, efficaces et vraiment utiles ?
* Couvrent-elles l'ensemble des domaines dans lesquels l'action des Etats serait inopérante ou insuffisante ? Faut-il créer de nouvelles instances ?
* Au contraire, quels domaines doivent-ils en être exclus au nom du principe de subsidiarité ?
* Des idées pour améliorer le fonctionnement de ces instances ?
Jean-Claude Charmetant Jean-Pierre Vérollet