QU’EST-CE QU’UN DEBAT ?
Depuis que notre association a vu le jour, bien des sujets - philosophiques, d’actualité, de société – ont été proposés et débattus. Au cours de nos discussions des points de vue différents, parfois divergents, ont été défendus et argumentés. Ces réunions ont-elles répondu à nos attentes ? Les débats ont-ils modifié nos opinions, notre regard sur le monde ?
Pour ou Contre ?
Débattre, ce n’est pas croiser le fer pour gagner la partie en désarçonnant l’adversaire, vouloir à tout prix lui imposer nos croyances, nos modes d’agir et de penser : c’est avant tout échanger des avis sur un sujet de fond, étudier avec attention et bienveillance les propositions différentes ou contradictoires qui sont apportées au cours de la discussion.
Débattre, écrit Jean Lebrun[1], c’est défendre des idées, des droits, afin de mener la société vers le progrès.
De tout temps, des hommes se sont assemblés pour discuter du bien-fondé d’une loi, d’une réforme, pour remettre en question l’organisation de la société, les paradigmes établis, les traditions, les us et les coutumes. Des décisions ont été prises qui ont changé les mentalités, le sens de l’Histoire. A travers de grands moments d’éloquence on a vu notre pays, la France, choisir ses valeurs, orienter son destin. Des débats ont animé les bistros, les tablées familiales et ont fait de la foule un peuple, de la France une République où le travail des enfants a été interdit, l’Etat s’est séparé de l’Eglise, l’IVG a été légalisé, (et entrera bientôt dans la constitution) la peine de mort a été abolie, les femmes ont obtenu le droit de vote et ont été admises, hélas bien tard, à participer aux projets du pays …
Tous ces débats ne se sont pas toujours déroulés dans le calme et la bonne humeur, loin s’en faut[2] ! Prenons l’exemple de L’affaire Dreyfus qui, à la fin du 19ème siècle et durant douze années, fut le théâtre de violentes empoignades lors de débats qui ont divisé le pays et les familles[3]. Cette affaire a pourtant eu d’innombrables retombées positives qui ont touché tous les aspects de la vie française : politique, juridique, religieux, militaire, social, médiatique, diplomatique et culturel, et elle a eu un impact évident sur le mouvement sioniste [4]…
Et la calligraphie[5] !!!
Mais qu’en est-il des débats qui se déroulent au Marina ?
A raison d’une petite vingtaine de séances par an nous nous réunissons pour débattre autour de sujets qui, au cours de toutes ces années, ont été multiples et variés. Nous avons parlé de l’origine de la violence, de la justice, de la mort, du couple, de la famille, de la nécessité du pardon, de celle de l’étude de la philosophie et de l’Histoire… Nous nous sommes posé la question de savoir ce que nous pouvons transmettre à nos enfants et aux générations qui nous suivent, si les utopies sont réalisables, s’il est une différence entre la culture et le savoir…Jamais, et cela d’un commun accord, nous n’avons abordé le sujet de la politique qui, on le sait, risquait de faire capoter l’harmonie de notre groupe : nous ne sommes pas au parlement !!!
Celui ou celle qui propose le thème du jour livre à l’auditoire son point de vue personnel sur le sujet qu’il ou elle a choisi de développer. En retour, il ou elle espère rencontrer lors des échanges, non pas forcément un consensus, mais des opinions différentes, des critiques constructives, des informations et arguments qui vont au cours de la séance se croiser(…sans bruit de ferraille !) et ainsi élargir ses connaissances,affiner ses convictions…Et bien sûr, chaque participant aura profité de ces mêmes bénéfices.
Ces échanges sont souvent animés et menés de façon agréable et nous sortons de notre Café satisfaits du bon moment que nous venons de passer. Mais ensuite, que deviennent nos belles paroles? Se sont-elles envolées le temps de la séancvers le plafond du Marina pour s’y cogner, retomber et disparaître au premier coup de balai ?
Ou alors :
Ces débats ont-ils été l’occasion d’approfondir nos idées, de rectifier notre mode de pensées ? Ont-ils eu une incidence sur notre quotidien ? Quelles leçons en avons-nous tirées ?
Ces questions, nous les sommes-nous posées parfois ?
Je propose que nous essayions ensemble, d’y répondre aujourd’hui.
Charlotte Morizur (débat du 25 mars 2023)
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