Quelles solutions possibles au casse-tête des retraites ?

Nota : le texte ci-dessous est un article dressant un panorama à peu près complet du sujet. Ce n'est donc pas une simple introduction au sujet. Son auteur, Jean-Pierre Vérollet, l'utilisera partiellement pour introduire le débat le 20 mars.

A) Les 3 périodes de la Vie.

 Avant de chercher des solutions à ce casse-tête, il est nécessaire de prendre du recul en décrivant le cycle de vie individuel et les transferts collectifs de richesses entre générations.

 La vie économique et sociale d'un "individu moyen" dans un pays occidental peut se décomposer schématiquement en 3 périodes:

- La "Jeunesse" où on nous apprend à vivre, où nous nous formons, éduquons, instruisons, cultivons aux frais de notre famille et de l'Etat par ses services par exemple d'Education, de Santé ou des aides financières. C'est une période passive où nous recevons de notre famille et de la Société.

- L"Age Adulte" où nous exerçons un emploi, nous fondons un foyer, élevons nos enfants, amassons un pécule et souvent des biens immobiliers, aidons nos parents, éventuellement héritons d'eux, participons à des associations,... et jouissons un peu? beaucoup? de la vie. C'est une période active où nous donnonsbeaucoup à notre famille et à la Société.

- Vient la "Retraite" où nous recevons une retraite financière issue des cotisations obligatoires liées à nos emplois et jouissons assez souvent de l'usage des biens et des revenus financiers que nous avons accumulés de notre initiative. Nous pouvons aider nos enfants ou des associations en temps et en argent. Nous nous soignons plus qu'auparavant. Il arrive aussi que nous héritions de nos parents. Cette période de liberté en temps et relativement  en argent (§B2d) est une période passive car nous recevons de l'argent que nous utilisons pour nos besoins personnels ou distribuons même parfois à nos enfants. Elle inclut une fin de vie où nous risquons de devenir de plus en plus dépendants de notre famille, des services à la personne et de l'assistance médicale à domicile ou bien en maison de retraite, clinique, hôpital....

 

Tout se passe comme si notre période d'activité d'Adulte servait à supporter, à financer les périodes passives de Jeunesse et de Retraite des autres générations. Nous sommes aujourd'hui individuellement et collectivement au coeur d'un énorme système de transfert de richesses entre générations qui autrefois se limitait aux échanges à l'intérieur de la famille.

 

B) Bref  historique ici et là-bas.

 

Dans nos pays occidentaux aujourd'hui riches, il n'en a pas toujours été ainsi, malheureusement.

Jusqu'à ce que la durée de vie moyenne dépasse la fin d'activité productrice (milieu du XXème siècle), la 3ème période de retraite n'existait pas ou peu. Qu'on se souvienne chez les puissants de la durée des régences ou des successions vers le petit-fils pour mesurer la brièveté et les aléas de la vie d'alors! Le système de retraite se réduisait à assurer la continuité de sa famille: on essayait d'accumuler quelques biens, on avait beaucoup d'enfants en espérant que l'ensemble assurerait une courte retraite aux parents... s'ils ne mourraient pas en couche ou au travail. Un maigre et ultime filet de sécurité était assuré par la charité publique et les institutions religieuses.

Avec la croissance de la richesse individuelle et collective, des institutions mutualistes ont pu voir le jour, destinées d'abord à pallier les aléas de la vie active: accidents du travail ou de santé.

Les Etats ont commencé à s'impliquer au début du XIX ème siècle. En 1883 en Allemagne, Bismarck a créé le premier système obligatoire de retraite financé par la capitalisation de cotisations ouvrières et patronales pour une retraite à 70 ans, alors que la durée de vie était bien inférieure à 60 ans.

Progressivement, les Etats sont intervenus pour inciter les actifs à se constituer un capital  ou à cotiser à des caisses de retraites de façon volontaire (niches fiscales) ou même obligatoire. Ceci ne connaîtra  en France une réelle extension qu'après la dernière guerre.

Dans les pays en développement, le progrès a été moins rapide sauf exceptions. Beaucoup d'entre eux n'ont encore aujourd'hui aucun système de retraite encouragé ou soutenu par l'Etat. Même leurs systèmes d'Education sont souvent bien peu développés. De ce fait, tout continue à reposer sur l'individu et sa famille, en général nombreuse. Le système du cocotier n'est pas si loin!

La durée de vie étant plus courte et l'accompagnement financier faible, le problème de la retraite ne se pose pas là dans les mêmes termes que chez nous. Trop peu de richesses sont produites localement pour amorcer un fort transfert entre générations. La 3ème période est brève mais tend à s'allonger ce qui posera à ces pays un problème supplémentaire.

 

C)  Etat des systèmes de retraite en France en 2008.

 

Comme souvent ailleurs, la retraite s'appuie sur trois systèmes assez différents dans leurs modalités.

a) Le système général par Répartition à prestations incertaines et à cotisations obligatoires.

Il a été défini à la Libération.

Schématiquement, tous les employeurs de son périmètre (celui dit du Privé) donnent en continu  une partie du salaire brut de leurs employés, les "actifs" (part patronale et part individuelle confondues = 14,95 % plafonnés + 1,7% non plaf) à la CNAV (Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse), et un complément aux Caisses des Régimes Complémentaires, toutes institutions cogérées par  les Syndicats, le Patronat et l'Etat. En retour, elles distribuent la collecte de l'année sous forme de retraite aux ex-cotisants retraités. Pour la CNAV, elle dépend du nombre de trimestres accumulés (taux plein pour né en 1950 = 162 trim) et de la moyenne des rémunérations des 25 meilleures années et pour les Régimes Complémentaires du nombre de points accumulés chaque année.

Il est clair que l'égalité cotisations encaissées / retraites versées est difficile à réaliser:

- à l'année: il peut y avoir des variations de l'activité économique qui impactent momentanément les cotisations en plus (boom) ou en moins (crise, chômage). Ceci n'est pas significatif sur longue durée.

- dans la longue durée: le rapport nombre de cotisants par retraité illustre la difficulté structurelle de ce type de système à s'équilibrer. A sa création en 1946, l'espérance de vie des hommes était de 59,9 ans et l'âge de la retraite fixé à 65 ans de façon bismarckienne. En 1960 le rapport cotisant/retraité était de 4,14 pour une esp-vie de 67, en 1980 de 2,68 pour une esp-vie de 70,2, en 2008 de 1,45 avec une esp-vie de 77,6. Si rien ne changeait coté système de retraite, les démographes sont sûrs qu'il continuera de baisser du fait de l'amélioration des conditions de vie. La cause de cette évolution, liée à la société de consommation est l'allongement "inattendu et non revendiqué" de la durée de vie qui a augmenté de 27,7 ans en 62 ans (+30 %) et de l'oubli d'ajustement pour ne pas dire plus des paramètres d'âge et durée de cotisation jusqu'à une période récente.

La retraite par répartition n'est en fait que la généralisation du système familial: plus j'ai de fils ou de cotisants pour assurer ma retraite, meilleure elle sera pour moi et moins pénalisante pour eux. Et si je n'ai qu'un fils, ni sa situation, ni la mienne ne seront très enviables et nécessiteront donc des compromis familiaux difficiles!

Depuis quelques années, ce régime est devenu déficitaire. En 2008, il a encaissé 90,7 Milliards d’€ pour une distribution de 96,3 Md€ à 12,2 millions de retraités soit un déficit de 5,6 Md€. Ce déficit va s'accroître chaque année en particulier du fait de l'augmentation du nombre de retraités (+ 300.000 en 2008 ). Le paiement des retraites par répartition exige dorénavant des emprunts et déclenche donc des charges d'emprunts croissantes, à la façon du budget de l'Etat.

 

On comprend qu'il soit temps de modifier les paramètres de ce système de façon à augmenter significativement le rapport cotisant / retraité pour ne pas écrouler nos enfants sous des cotisations trop élevées et même de chercher des moyens de financement complémentaires, par exemple un élargissement de l'assiette et le recours complémentaire à l'impôt.

Toutes proportions gardées et justifications morales bien considérées, ce système est un genre de pyramide de Ponzi dont nos Gouvernements, Syndicats et Patronats (et beaucoup d'entre nous !) seraient les Madoff! La supercherie était connue dès les années 70 car elle relève de la Démographie, science du long terme s'il en est. Néanmoins la réaction en France a été lente: abaissement de 65 à 60 ans en 1981 - allongement des durées de cotisations dans certains pays dès 1990- Livre blanc de Mr Rocard confirmant le déséquilibre inéluctable en 1991 - ajustement Balladur des durées de cotisation et droits à retraite du Privé en 1993 -  baisse importante des prestations dans certaines petites caisses de retraite par répartition - ajustement et début de moralisation  Fillon en 2003 -.....

Les paramètres internes du système sont l'âge de la retraite, la durée de cotisation, le niveau de cotisation (salarié + employeur confondus) et le niveau de retraite. On peut aussi envisager un complément de financement externe par l'impôt.

Il faut noter que la cotisation assise sur les salaires est de fait une taxe sur l'emploi qui nuit à la compétitivité de la France par rapport aux pays moins taxés sur ce plan, qu'ils soient nos concurrents européens ou les pays à bas salaires. L'augmenter serait délocaliser sournoisement ... et  volontairement!

 

b) Le système à prestations définies et à financement par l'Etat (l'impôt),  par transfert du régime général et par répartition.

A la Libération, les Fonctionnaires et des Services Publics ont refusé le système général par Répartition pour disposer de régimes spécifiques plus avantageux supportés par leurs Entreprises ou directement par  l'Etat.

Aujourd'hui et souvent depuis de longues années, leurs systèmes sont en déficit importants (sauf rares exceptions) mais leurs avantages initiaux ont néanmoins été maintenus. Certains retraités connaissent même une retraite plus longue que leur durée de travail.

Le trou est comblé par des prélèvements dans nos Impôts et même dans les caisses du Privé déjà en déficit structurel! Ce système n'a donc que les apparences de la Répartition: c'est un système par prélèvement sur la Collectivité dans son ensemble pour alimenter généreusement une minorité, au contraire du système par Répartition du Privé qui internalise cotisations et retraites.

Ceci serait marginal si ces régimes ne concernaient pas environ 1/5  de la population et s'ils n'étaient pas privilégiés parfois de façon importante au niveau de la durée et du montant des cotisations d'une part, et du niveau plus élevé de retraite d'autre part. Des aménagements ont été apportés en 2003/7 mais bien loin de supprimer les inégalités entre nos 2 systèmes principaux.

 

Les paramètres internes du système sont néanmoins analogues à ceux de la répartition : l'âge de la retraite, la durée de cotisation, le niveau de cotisation (salarié + Entreprises ou Etat confondus) et le niveau de retraite. Le déficit important de ce type de régimes est actuellement financé en dernier ressort par l'Impôt et par transfert de cotisations du régime général par répartition, deux prélèvements eux-mêmes déjà très importants en France.

 

c) Les systèmes ou compléments de retraites par capitalisation:

 

L'épargne pour ses vieux jours est un système multiforme à l'initiative et à l'intuition de chacun selon ses possibilités d'épargne et sa volonté d'instruire les solutions possibles assez variées.

Ce complément de retraite prend la forme principalement de loyers non à payer (= posséder sa résidence principale est le meilleur placement pour sa retraite!) et de diverses formes de placements financiers (PEE, Assurance-Vie, PEA, PERCO, ...) ou immobiliers (résidence secondaire, immobilier locatif, terrains,...). Il concerne peu les cigales et les plus démunis.

La France n'a pas de système obligatoire de retraite par capitalisation. L'Etat a depuis 1967 encouragé par des niches fiscales la capitalisation chez les Fonctionnaires (Préfon Retraite) et depuis peu pour tout le monde, les artisans et professions libérales en particulier.

D'une certaine façon, le revenu annuel tiré de la capitalisation est fourni en partie par les actifs de son pays comme pour la répartition. Ce système n'en est donc pas si différent qu'on ne le pense. Ses paramètres de réglages et ses risques sont néanmoins différents. Il a par exemple l'avantage d'encourager fortement l'activité économique  locale par la source d'investissements complémentaires qu'il constitue et de pouvoir répartir ses risques sur toute la Planète et pas seulement sur  la France, petite, figée dans sa complexité et vieillissante!

 

d) Comment vivent les retraités?

 

Schématiquement leur niveau de vie dépend de leur retraite mais aussi de leur patrimoine accumulé qui est  générateur de non-dépenses (pas de loyer si on possède sa résidence principale) ou de revenus financiers complémentaires.

Les statistiques de l'INSEE montrent pour 2007:

Pour le niveau de vie, de bas (10.000 € au 1er décile) en haut (35.000 €) dans chaque classe de revenus et compte tenu des transferts sociaux, il est curieusement équivalent entre un ménage de retraité et un ménage d'actifs, sachant que ceux-ci ont le plus souvent des enfants à charge.

Pour le patrimoine, la classe 30/50 ans dispose d'un patrimoine moyen de 190.000 € bien inférieur aux 300.000 € de la classe 60/70.

En conclusion, les statistiques confirment que les retraités dans leur ensemble ont des conditions de vie meilleures que les actifs. L'existence de cas particuliers de retraités en nombre de plus en plus limité aux conditions de vie difficiles est bien sûr à prendre en compte au titre de la Solidarité nationale, mais ne doit pas servir de paravent pour dissimuler cette situation visiblement favorable.

Elle pourra être partiellement modifiée par le coût de la dépendance en fin de vie.

 

e) Conclusion

 

Nous constatons qu'avec leurs réglages actuels les systèmes par répartition sont structurellement endéficit et intenables à  terme d'où la problématique de ce café-débat, et ce d'autant plus que sous le chapeau général de la retraite par Répartition, se cache le régime de la Fonction Publique qui n'en est pas vraiment un et bénéficie de plus de privilèges notables voir déstabilisants.

 

Nous notons aussi positivement que la tranche d'age des retraités est de loin la mieux dotée en capital, ceci bien sur en moyenne et avec beaucoup de dispersion dont il faut évidemment tenir compte.

 

Enfin, pour être complet sur le tableau des transferts d'argent vers les personnes âgées, il faut noter positivement que la durée de la période dite de fin de vie ne s'allonge pas (les gens restent de plus en plus longtemps en relative bonne santé) mais que par contre, elle devient de plus en plus coûteuse du fait du transfert sur la Collectivité d'une partie du rôle d'assistance des familles et de l'amélioration continue des traitements médicaux plus efficaces mais plus coûteux aussi, par exemple pour le cancer. De ce fait l'Etat envisage une "cinquième caisse" pour couvrir ces dépenses, caisse qu'il faudra bien financer aussi, la banalisation du lundi de Pentecôte étant un premier pas dans ce sens.

 

C ) Comment attaquer maintenant le problème de la mise à jour et

du « réglage » des systèmes de retraites en France ?

 

Pour dépassionner ce débat où chacun défend naturellement ses intérêts personnels ou corporatifs en s'abritant derrière sa vision très intéressée, égoïste de la "Morale" ou de la "Justice sociale", je propose une démarche transparente en 3 phases successives pour rechercher le meilleur compromis final.

 Nous pouvons contester l’état des lieux précédents qui, je l’espère, répond en partie au moins à votre curiosité et affûter nos avis et propositions sur les §1 & 2 pour le 20 mars !

 

§ 1) Définition par les "Politiques" au sens large des objectifs généraux:

Une mise à jour durable de ce système concernant tous les Français ne peut que viser qu'à l'Equité (aussi la Justice, l'Egalité, ...) et à la Solidarité (la Fraternité, la Charité, ...) entre personnes et générations pour assurer plus de "Justice sociale" à la Française, même s'il faut perdre une peu de Liberté pour cela !

 

Transparence absolue: Le système étant complexe, associant grandes idées généreuses et petits ou grands privilèges individuels ou collectifs cachés, il est nécessaire de parler vrai, chiffres sur table. Ils ne manquent pas. Toute non transparence est une exploitation à son profit de la Solidarité nationale, en jouant sur la crédulité générale face à un problème compliqué et dérangeant.

 

Equité: elle peut s'illustrer par des principes éventuellement contradictoires parmi lesquels il faut choisirclairement avant d'agir:

- encourager la responsabilité individuelle ou rester dans l'assistanat passif ?

- veut-on aller rapidement vers un système de base unique et simple ou continuer dans la confusion et l'inéquité actuelle?

- quels critères d'équité : à salaire annuel égal, retraite égale ? à contribution totale égale, retraite égale ? prise en compte de la pénibilité vraie de la carrière (égalité des espérances de durée de retraites)? faire contribuer tout le monde  et pas seulement les actifs, ce qui en plus réduit la taxe sur l'emploi de ces mêmes actifs? ......

On comprend  qu'un système par points à la façon des régimes complémentaires actuels pour simplifier les calculs aujourd’hui complexes et éventuellement avec une part de capitalisation aillent dans ce sens.

 

Solidarité: de même, ne doit-on pas instituer un minima, un plancher suffisant fonction des biens des personnes ? compenser mieux les aléas de la vie (période de chômage, accidents,...) ?ne doit-on pas faire plus contribuer tout le monde ( TVA sociale sur la consommation avec effet positif sur l'emploi?) et pas seulement les actifs? en augmentant les impôts sur le revenu dont les retraites? en compensant ou en limitant les transferts générationnels vers les plus âgés souvent plus nantis (faciliter l'anticipation de l'héritage ?...) ? en questionnant le cumul emploi-retraite ?.

On comprend que le système par Répartition en soit le symbole, mais son apparence généreuse, solidaire ne doit pas faire oublier ni qu'il est déresponsabilisant, ni qu'il peut organiser sournoisement un transfert générationnel  excessif des actifs vers les retraités (en tout cas à ne pas augmenter de mon point de vue).

 

On pourrait penser qu’un système de base commun à tous les Français serait un bon symbole d’une réelle volonté d’Equité et de Solidarité.

 

Progressivité du changement: qui dit changement dit progressivité de l'application pour l’ensemble des partenaires. Une durée maximale est à proposer, par exemple 5 ans ?

 

Durabilité du système: Compte tenu de la complexité actuelle du système et de son financement, il parait nécessaire

- d'utiliser toutes les solutions possibles pour diminuer les risques. Une part de capitalisation doit donc être envisagée.

- d'en contrôler l'équilibre au fil du temps en prévoyant les paramètres à mesurer et  les points de  rencontre à échéances régulières pour éviter le laisser-aller démagogique qu'on paie aujourd'hui.

 

Aux Politiques de définir cet ensemble d'objectifs avant la phase de calculs socio-économiques !

 

§ 2) Dans ce cadre, propositions  par "les Responsables Sociaux"de différents scenarii de retour à un équilibre durable en jouant sur les paramètres socio-économiques de réglages.

 

Ces longs préliminaires permettent d'aborder la phase de "documentation de solutions " avec plus de sérénité en dépit de la complexité rappelée du problème.

a) Le système par répartition: toutes les pyramides de Ponzi ne sont pas destinées à s'écrouler si on en assure l'équilibre démographique et économique! Ce système qui a la faveur des Français doit donc être conforté pour pallier ses risques de défaillance et continuer à être la base partagée de nos retraites.

Pour moi, je pense qu'on devrait aller vers un seul système de base simple pour tous les Français.

Ses principaux paramètres de réglage, débattus largement, publiquement et mais trop souvent idéologiquement seulement, sont au nombre de 4.

- L'âge légal de la retraite (60 ans en 2010)  à partir duquel on peut demander à partir à la retraite avec les conditions standards du régime général ajustées d'autres facteurs "secondaires" (durée de cotisation, pénibilité, sexe, carrière, métier, statut,...). Cet âge est souvent plus élevé et en augmentation dans les pays voisins. Il diffère quelques fois entre femmes et hommes en sens inverse de leur durée de vie.

- La durée de cotisation, paramètre qui complète ou conditionne le précédent pour en particulier fixer le niveau de retraite. Des compensations sont prévues pour les périodes militaires, de maternité, de chômage, pour la pénibilité, pour égaliser les durées de vie à la retraite.... Ce paramètre n'est-il pas plus important que le précédent ?

- Les assiettes et le niveau des cotisation sur salaire des actifs: le fait de n'avoir qu'une seule assiette actuellement, un prélèvement sur les salaires, rend le système sensible à la conjoncture à court terme (taux de chômage) et surtout est un handicap pour l'industrie française, un facteur de délocalisation et n'est donc pas spécialement équitable ni durable. Au plus, pour un complément marginal, peut-on penser à taxer la part salariale qui n'est pas dans l'assiette aujourd'hui?

Un impôt sur la société de consommation dont tout le monde profite (TVA dite sociale) ou une augmentation de l'ISR sont les plus envisageables pour compléter l'assiette sur salaire.

En tout cas, il ne parait pas souhaitable d'augmenter l'assiette salariale, sachant que la distinction part salariale, part patronale n'a aucun sens économique.

- Le montant des retraites par répartition et leur indexation: il est clair qu'entre retraités, il y a de grandes différences de niveaux de retraites et encore plus de revenus comme le montre le fait que la tranche des retraités soit globalement et de loin la plus riche en capital.

D'un côté, est-il juste de prélever sur les actifs une part importante de leurs revenus pour le faire transiter par des gens âgés "plus à l'aise qu'eux" en moyenne et qui parfois leur en redistribue d'ailleurs une partie?

D'un autre côté, les retraités voyant arriver les surcoûts de la dépendance peuvent craindre pour l'équilibre économique de leurs toutes dernières années ?

Il me parait nécessaire au moins de définir un minimum pour les plus défavorisés et d'éviter que la période de retraite soit une période d'enrichissement personnel ou générationnel au détriment des actifs.

- La progressivité du changement: Autant il est clair qu'une application immédiate n'est pas possible, autant il est clair qu'il n'est pas équitable, ni juste de maintenir trop longtemps des situations qui sont des privilèges vis à vis des contemporains ou des générations futures : nos enfants et petits enfants.

 

b) Le complément de retraite par capitalisation:

La complexité du réglage du système par Répartition, ses risques structurels, son assiette pénalisante exclusivement franco-française, sa déresponsabilisation relative car ses prélèvements ne sont pas visibles, laisse de la place à un complément de retraite par capitalisation, à l'initiative de chacun et avec des encouragements fiscaux adéquats en particulier pour orienter les placements.

Le rôle de l'Etat peut être de valider la solidité des placements proposés et de conseiller leur usage sachant que la capitalisation  change la nature  des risques et avantages associés: répartition sur toute  la Planète et non pas seulement sur la France, sur une variété importante d'actifs (biens immobiliers, actifs financiers, terrains, ...) ayant des comportements différents, ....

Sur longue durée, les placements financiers, en particuliers les actions, sont réputés dépasser l'inflation, ce que la retraite par Répartition peinera à faire. Par contre, ils souffrent d'aléas instantanés importants et imprévisibles. Une solution mariant les 2 est un bon compromis, sachant qu'il existe même un pays misant  principalement sur la capitalisation: le Chili.

 

§ 3) Enfin, choix par "les Politiques" du Meilleur Compromis Durable !

 

Bon courage à eux

en espérant que les parties prenantes arriveront, en toute transparence,

à la hauteur de vue nécessaire pour ne pas obérer l'Avenir de nos Enfants !

 

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Post scriptum (comme il reste de la place!)

 

Conclusion personnelle en faveur d'une responsabilisation individuelle !

 

Je suis bien incapable de proposer une solution équilibrée dans la durée pour le système par Répartition.

Je n'ai aucune prétention à définir ce qui est "juste", mais seulement à décrire succinctement les systèmes et à fournir des données objectives vérifiables issues de sources de qualité (CNAV-INSEE -INED-.... ).

Par contre, je sais que la condition première et quasiment unique pour que ce type de débat structurant pour l'avenir d'une Société, d'un Pays ait une chance de trouver une issue acceptable par tous est la Transparence absolue des données sur les situations, les contributions et les revenus tirés des systèmes de retraite actuels des uns et des autres d'une part, les hypothèses convenues aujourd’hui pour le réglage et la périodicité de la révision des réglages d'autre part.

 

Comme chacun, j'ai des idées personnelles qui ont pu transparaître à un moment ou un autre.

J'espère que nos Gouvernants, Partis Politiques, Syndicats (Employés et Patrons) et Associations joueront sur tous les paramètres sauf l'augmentation du taux de cotisation des actifs pour bâtir un système plus pérenne et plus juste. Si l'occasion n'avait pas été gâchée, une solution aurait pu être de diminuer la durée annuelle du travail et d'augmenter simultanément la durée de la vie active. Ceci illustre la hauteur de vue aujourd'hui nécessaire.

Enfin je dirais que la retraite se  prépare pendant toute sa vie active.

D'abord au niveau familial par l'éducation des enfants à qui il faut "apprendre la Société" pour qu'ils y contribuent de leur mieux et en bénéficient bien en retour, et assurent nos retraites à leur tour !

Ensuite par un équilibre entre dépenses immédiates, bonne utilisation du crédit et constitution d'une épargne familiale pour la retraite: achat de la résidence principale et placements astucieux, en parallèle à l'investissement dans sa santé (prévention, façon de vivre,...) et bien sûr en prenant le temps de vivre !

La retraite arrivant sera un prolongement plus qu'un changement d'une vie active et responsable, en attendant le 4ème age !

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