Soins : de quoi parle-t-on ?

Si vous demandez à votre voisin de palier : « quand avez-vous recours aux soins ? », il est presque sûr qu’il vous réponde (a fortiori s’il est médecin hospitalier) « quand je suis malade ». Et voici d’emblée la moitié de la réalité des soins qui passe à la trappe ! Cette notion demande donc à être éclairée... surtout que les conséquences sociales, éthiques et financières d’une confusion entre “ Care “ et “ Cure “ sont considérables. En effet, il y a deux grandes raisons pour lesquelles nous avons recours aux soins :

1) d’abord parce que nous somme vivants. Ce domaine des soins (réponse aux besoins nécessités par les processus vitaux et la spécificité humaine = CARE) est peu valorisé socialement et financièrement, alors qu’il est fondamental, indispensable. D’ailleurs lorsque les soignants font la grève, ce domaine ne peut pas donner lieu au report des actes nécessaires à l’accomplissement des fonctions vitales (communiquer, se nourrir, éliminer, être propre, être en sécurité particulièrement au niveau de la peau pour ceux qui ont perdu la capacité de se mobiliser seul…).  Ce domaine a été historiquement dévolu aux femmes, consacrées ou non. Actuellement il y a toujours peu d’hommes dans ces métiers d’accompagnement de la vie (aides-soignantes, auxiliaires de vie, aides à domicile, infirmières et puéricultrices…)

Au fond, tout cela ne serait pas un problème si les conséquences d’une insuffisance ou d’un manque dans ce domaine n’avaient pas des répercussions humaines et économiques d’importance. Nous pourrons en reparler au cours du débat

 

2) ensuite parce que nous sommes parfois malades : au cours de la vie, souvent, trop souvent, nous rencontrons la maladie, la blessure et/ou l’accident. Ce que les médecins appellent les processus pathologiques ou encore processus morbides, c’est-à-dire pouvant accélérer la survenue de la mort ou de graves handicaps (physiques, sociaux, mentaux…). Ce domaine des soins médicaux (CURE : examens, traitements) est très prestigieux et valorisé socialement. Il absorbe la majeure partie des ressources financières et humaines consacrées au système de santé.

 

Pourtant, une insuffisance ou un manque dans le domaine incontournable des soins de vie (entretien, promotion de la viei) oblige quasi à coup sûr à recourir à des soins médicaux (bien plus coûteux, souvent pénibles, voire dangereux) pour tenter de réparer ce qu’on a laissé inconsidérément se dégrader. Nous pourrons en débattre et donner de nombreux exemples.

Les laboratoires et les trusts pharmaceutiques ont tout intérêt que les soins médicaux prévalent : les sommes en jeu sont colossales, plus importantes que celles générées par l’industrie du pétrole, c’est dire…

 

                                                                                                                                         Danielle Moreau


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Marie Françoise Collière - " Promouvoir la vie : pour une histoire des femmes soignantes"  Editions Lamarre – 1981