Le travail est-il une valeur ?

(ou "A-t-on besoin de réhabiliter la valeur travail ?")

 

Introduction sur les thèmes "débat citoyen" suivants :

Chômage, misère, mondialisation, 35 heures (350 000 emplois sauvés ou créés), journée "de solidarité" (30 000 chômeurs de plus !…), développement durable, gains de productivité, puis partie "philo" :

 

Qu'est ce que le travail ?

 

Le Larousse nous indique que le mot "travail" vient du latin "trepalium", instrument de torture !…

Toujours selon le Larousse, "travail" c'est :

-          L'activité déployée pour faire quelque chose.

-          Un ouvrage réalisé ou qui est à faire.

-          Une activité rétribuée.

-          L'un des facteurs de la production.

-          L'activité de transformation de la nature, propre aux hommes, qui les met en relation, et qui est productrice de valeur.

-          etc.

 

Distinguons maintenant les différentes formes de travail.

 

Travail manuel et travail intellectuel sont bien sûr différents. Il ne faut cependant pas penser que seul le travail manuel est fatigant. Par exemple, le stress pour certains travaux intellectuels est parfois destructeur.

 

Il y a aussi le travail contraint et le travail libre. Le premier est celui que l'on fait pour gagner l'argent qui nous fait vivre. Le second est celui que l'on effectue pendant nos loisirs (qui ne sont pas toujours des loisirs lorsqu'il faut emmener les enfants à la danse, au sport, faire le ménage, les courses…)

 

Et les veinards qui ont le bonheur d'exercer un "métier passion" ! L'art de conjuguer l'utile et l'agréable

 

Et puis ceux qui prennent leur métier comme un sacerdoce (certaines infirmières, les pompiers et autres)

 

Tout cela fait que nous avons des visions très différentes du travail. Quoi de commun en effet entre le travail d'un philosophe, d'un chercheur, d'un artiste et puis celui de l'ouvrier à la chaîne, de celui qui manipule le marteau piqueur ou encore de l'opératrice dans un centre d'appel ou du cadre stressé par les objectifs inatteignables et la peur de perdre son emploi ?

 

Karl Marx oppose le capital et le travail.

 

Cela nous renvoie à la notion de capitaliste et de travailleur. Alors qu'est ce qu'un "travailleur" ?

 

Selon le Larousse, le "travailleur" ou la "travailleuse" c'est :

-          Une personne salariée, spécialement dans l'industrie.

-          Une personne qui aime le travail, actif.

 

Selon d'autres sources, le qualificatif "travailleur" ne s'applique qu'à l'ouvrier, qu'au "manuel" excluant de fait les techniciens, administratifs, cadres, pourtant salariés.

 

Ces acceptions sont trop restrictives. Selon moi, un "travailleur" c'est celui qui vit de son travail et pas du revenu du capital. Cela inclus donc les salariés (public et privé), les travailleurs indépendants et même la plupart des chefs d'entreprises (ceux qui sont de véritables Entrepreneurs, créateurs d'emplois et de richesses).

 

Mais j'exclus de ce qualificatif :

- Les grands possédants qui même si parfois, ils sont chef d'entreprise et travaillent, ont une vision plus capitalistique de la vie qu'une vision de travailleur.

- Les grands patrons qui, même s'ils sont salariés, ont des salaires démesurés, des parachutes dorés, des possibilités de constituer un énorme capital : rien à voir avec le salarié qui n'a que son salaire pour vivre et faire vivre sa famille.

- Les "assistés professionnels". A la différence des personnes issues des rangs des travailleurs, mais qui, malencontreusement ont perdu leur emploi et se trouvent dans la misère et qui, même s'ils sont aussi des assistés, font quand même partie des travailleurs, les assistés professionnels, eux, se trouvent très bien sans travailler. J'en connais. Ils ne  cachent pas que leur situation leur convient. Est-ce critiquable ? On peut lancer un débat la dessus (bon sujet pour le café débat). Toujours est-il que je ne peux pas les classer parmi les travailleurs.

 

Vous avez compris que je classe les chômeurs parmi les "travailleurs" pour autant qu'ils recherchent effectivement à s'intégrer ou à se réintégrer dans le monde du travail.

 

Comment classer les retraités ? Cela dépend. Je suis d'accord pour les classer comme "travailleurs" lorsqu'ils ont encore conscience de ce que c'est que de devoir survivre grâce à son travail. On peut se poser la question pour ceux qui ont quitté le monde du travail il y a longtemps et qui n'ont connu que les "trente glorieuses" où tout était différent. Ces personnes ne se rendent souvent pas compte de ce qu'est travailler aujourd'hui et surtout chercher du travail ou chercher à conserver son travail. Cependant, on peu rétorquer qu'ils ont connu des conditions de travail parfois bien plus dures que les travailleurs actuels.

 

Ensuite, qu'est-ce qu'une valeur ?

 

Le Larousse nous indique qu'une valeur est :

- Une qualité physique, intellectuelle, morale de quelqu'un.

- La qualité de quelque chose digne d'intérêt, d'estime, de prix.

- L'importance attachée à quelque chose.

- Ce qu'une morale pose comme idéal ou norme.

- etc.

 

On parle aussi de valeur d'usage, valeur d'échange, de valeur ajoutée (différence entre la valeur d'une production et celle des consommations ayant servi à la réaliser).

 

Autrefois, le travail n'était pas une valeur. Les catégories supérieures (nobles puis grands bourgeois rentiers) étaient supérieures au "bas peuple", justement parce que les membres de ces catégories supérieures ne travaillaient pas.

 

Les temps ont changé. Maintenant, le travail est présenté comme une valeur, valeur d'autant plus forte que trouver du travail est difficile.

 

Cependant bien des catégories supérieures actuelles tirent leurs revenus principalement de leurs capitaux (je pense aux capitalistes, aux riches rentiers…) mais aussi de situations privilégiées (c'est le cas de certains artistes, de certains sportifs, de certains élus, mais c'est aussi le cas de certains dirigeants de grandes entreprises avec des salaires sans rapport avec leur valeur ajouté pour l'entreprise, des "stocks options" et des parachutes dorés).

 

De même, à cause du chômage et grâce au traitement social du chômage, bien des gens vivent sans travailler. Cela trouble la perception de la jeunesse de la valeur travail. Sans parler de l'économie souterraine…

 

Et puis "valeur travail", cela fait penser à "travail, famille, patrie", valeurs prônées par le gouvernement de Vichy. D'accord, ce n'est pas parce que des organisations peu recommandables prônent des valeurs que ces dernières perdent leurs qualités. Mais restons vigilants tout de même. Lors de cette même période, il y a eu le STO (Service du Travail Obligatoire). Le travail est-il une valeur lorsqu'on le met au service de l'ennemi ? Le film, "le pont de la rivière Kwaï", pose bien le problème !

 

En conclusion, je ne sais pas réellement si le travail est une valeur ou pas. Mon texte est véritablement et volontairement introductif Je lance le débat. J'ai cependant quelques certitudes :

-          le travail est un moyen, pas une fin en soi,

-          ce n'est pas le travail qu'il faut revaloriser, mais le travailleur, car je place l'humain avant les idées théoriques,

 

Autres certitudes :

-          le travail permet de créer des richesses,

-          le travail permet d'améliorer sa condition,

-          le travail est un facteur d'intégration dans la société, et je suis persuadé que l'insécurité actuelle trouve son terreau dans le chômage (même si d'autres facteurs jouent également),

-          le travail permet de se reprendre en cas de coup dur, car on peut se focaliser sur du concret, sur une tâche à accomplir et cela vaut tous les psychotropes du monde !

-          par contre, il ne faut pas être esclave du travail, comme on dit : "il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler", c'est peut-être "bateau" de dire cela, mais c'est une philosophie tellement saine que je ne peux m'empêcher de la rappeler.

 

De plus, si notre société considère que le travail est une valeur, alors elle se doit de s'arranger pour fournir du travail à tous ceux qui le veulent.

 

Il est inhumain et cynique de prôner la valeur travail, et de culpabiliser ceux qui en sont privés, sans tout faire pour que le travail soit un bien raisonnablement accessible.

 

 

Jean-Marc

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