Toutes les cultures se valent-elles ?
Il est impératif de commencer par définir le mot « culture » avant de donner son avis. Ce mot a en effet plusieurs significations. Il est polysémique comme diraient les personnes cultivées. Il existe principalement deux conceptions de la culture . Une première qui apparaît au XVIII ème siècle, dans le cadre des Lumières, en France mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne. La culture signifie les activités supérieures de lesprit , les lettres et les arts, la religion et la philosophie, le théâtre. Cest une conception qui est assez élitiste. La culture se restreint à des activités supérieures ou quon dit supérieures de lesprit. Nous retrouvons cette définition dans « maison de la culture », dans « ministère de la culture ». Et puis il y a une autre définition de la culture qui va se former, principalement dans lanthropologie culturelle américaine du début du XX ème siècle. Pour la résumer, la culture cest lensemble des manières de vivre cest à dire de sentir, dagir et de penser dune population donnée, dun peuple, dun groupement humain à lintérieur même dun peuple. Cette définition est plus large : la cuisine fait partie de culture, le vêtement fait partie de la culture être en complet-veston ou en djellaba, ce sont des éléments culturels qui différencient. De même les activités de travail font partie de la culture, les activités de loisirs, la sexualité, bref la culture ce sont les murs. Certains parlent de culture anthropologique (partagé par un groupe plus ou moins identifié à un territoire).
La culture des individus cultivés nest pas une culture anthropologique ; cest une culture délite qui transcende les frontières nationales mais aussi les cultures au sens anthropologique. Toujours est-il que, en sens inverse, face à la culture des élites individualistes et dans le regard de ces élites, la culture partagée, la culture au sens anthropologique, prend la forme dun folklore, dune tradition attachante au demeurant mais socialement connotée cest la culture des gens sans culture. La culture dans les deux sens soppose à la nature. La culture sacquiert ; il ny a pas de culture par simple imprégnation.
Répondre à la question « Toutes les cultures se valent-elles ? », cest forcément émettre des jugements de valeur.
Notre monde est dominé par la globalisation économique et technologique ; or celle-ci saccommode fort bien des particularismes culturels pour autant quils naffectent pas le domaine de la consommation et la règle du marché. Elle peut même appeler au « respect » de ces différences ; ce vocabulaire fait partie du prêt-à-porter ou du prêt-à-penser politique que lon rencontre un peu partout et qui oscille entre évidence, pléonasme et mensonge. Sil ne sagit que de différences superficielles (de culture au sens minimal du terme : des façons de danser, des régimes alimentaires), il va de soi quelles sont toutes aussi respectables les unes que les autres, même si le terme « respectable » nest sans doute pas le terme le plus pertinent pour qualifier une attitude qui peut aller de lindifférence à lintérêt, sans connotation morale particulière. Sil sagit de différences plus profondes (de culture au sens anthropologique du terme), le respect ne va pas de soi : lesclavage, lexcision, linégalité juridique des sexes font partie des valeurs dominantes de certaines cultures et nont pas être respectées au nom don ne sait quel relativisme culturel ; et quand ils le sont, dans loptique du marché libéral, cest cynisme et non tolérance.
La polygamie nest pas acceptable parce quelle place les femmes dans un état de servitude. Lhomme occidental peut lui avoir plusieurs maîtresses tout comme la femme occidentale peut avoir des amants alors quil nexiste pas de polygamie féminine. Il est bien sûr préférable que la dénonciation de la polygamie vienne de lintérieur des sociétés où elle est pratiquée. Par contre, nous Occidentaux, nous avons le droit et le devoir de refuser avec fermeté limportation de telles cultures. De même la laïcité telle quelle existe en France, assure aux femmes sa bienveillante protection. Manger ou boire avec le petit doigt en lair ne porte pas à conséquence ; il nen est pas de même lorsquon mange avec les mains un plat commun. Certains peuples ont une pratique de la discipline et une hygiène plus développées que dautres. Il ny que lexcès de ces pratiques (cas de certains pays asiatiques) qui soit condamnable.
Dun côté nous voyons la résurgence de cultures archaïques avec exemple emblématique le port du voile pour les femmes musulmanes mais dun autre et cest le cas le plus général, nous assistons à une uniformisation, à une massification de la culture. Cette uniformisation provient essentiellement de la télévision qui impose ses images partout dans le monde. Lorsquil y a massification, linfluence tourne à lavantage de la source de la massification. Cette emprise culturelle est évidemment comme chacun le sait, dorigine états-unienne. Ce nest même pas la culture des peuples des Etats-Unis qui véhiculée mais une sous-culture mercantile de gens qui produisent pour que les masses achètent. Cette sous-culture na pas de rapport avec le mouvement vivant dune culture mais veut imposer quelque chose de superficiel et qui est fatalement mercantile, commercial. On veut vendre nimporte quoi, les modes doivent changer rapidement si on veut continuer à vendre. Il sagit là de quelque chose de pire quune culture de masse, on a affaire à une véritable aliénation par rapport à laméricanisation.
La véritable culture soppose à linstinct, à la bêtise et demande donc un effort. Avons-nous envie de faire cet effort ?