S'adapter à une nouvelle culture, est-ce renier ses racines ?

Je commencerai par vous remercier de m’avoir invité à enrichir vos débats de ma modeste contribution

Je suis français d'origine sénégalaise, musulman

Je vis en France depuis près de 30 ans, d’abord à Mantes-La-Jolie puis sur la Ville Nouvelle depuis 11 ans

Diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences de l'Education (EHESS), CPE pendant 20 ans dans un collège d'enseignement privé à Montigny, membre de l'équipe de Direction et de la Pastorale, je suis en train de valider un diplôme de cadre dans le secteur social et Médico-social (CAFERUIS)

J'ai créé plusieurs associations dont :

- Maison de l'Artisanat du Mantois au Val Fourré à Mantes-La-Jolie (accompagnement et intégration socio-économique de migrants),

- Les Enfants d'Ouro-Sogui et des Yvelines (EOSY), échanges entre les habitants d’Ourossogui, mon village d'origine et ceux de Montigny, ma commune d'adoption où je suis élu.

« Un petit baobab pour vivre ensemble »

Cet ouvrage que je viens d’écrire aux Editions l’Harmattan est tout à fait l’illustration de ce que je vais démontrer :

« S'adapter à une nouvelle culture, est-ce renier ses racines ?"

Je me propose de nous mettre d’accord sur ce que j’entends par :

1- S’adapter à une culture

2- Renier ses racines

 S’adapter c’est se mettre en harmonie avec les circonstances, le milieu

 Une culture : ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines

 Renier : renoncer

 Ses racines : Partie axiale des plantes vasculaires qui croient en sens inverse de la tige et par laquelle la plante se fixe et absorbe les éléments dont elle se nourrit (Petit Robert)

Donc se mettre en harmonie avec les circonstances et le milieu est-ce renoncer aux éléments qui me procurent ma substance vitale !

Par exemple:

La construction de mon livre est particulière : « Un petit Baobab pour vivre ensemble » est un récit qui s’enracine dans ma culture sénégalaise, dans ma tradition

Je l’ai imaginé sous la forme d’un arbre, le baobab, sur lequel se dressent des branches maîtresses (5) et qui accueillent une multitude de feuilles (23).

La particularité de cette construction ?

Les racines ancestrales,

Les branches représentées par ma famille,

Les feuilles constituées par mes maîtres (école Coranique et école Française) et les rencontres que j’ai faites tant au Sénégal qu’en France

Elles sont les réalisations de mon parcours professionnel, associatif, politique

Les feuilles s’entremêlent et assurent un dialogue permanent et constructif, que je souhaite prolonger au-delà des mots de cet ouvrage. C’est pourquoi je suis ici parmi vous aujourd’hui.

Aujourd’hui, qu’en est-il ?

Vivons-nous dans une société en mutation ?

Le dialogue interreligieux/ interculturel est un travail de tous les jours.

S’adapter à une nouvelle culture n’est donc pas forcément renier ses racines comme je viens de l’exposer.

C’est un processus plus ou moins long et qui fait appel à plusieurs facteurs (sociologiques, économiques, scolaires, environnementaux, juridiques, religieux ou traditionnels etc….)

Nous devons toujours avoir à l’idée que chacun doit être à l’écoute de l’autre.

Des efforts sont à faire des deux côtés dans le respect des convictions de chacun.

En sachant que celui qui arrive dans un pays qui n’est pas le sien a l’obligation du respect du lieu d’accueil.

Au Canada, on parle de l’accommodement. Et celui qui accueille doit être curieux de ce qu’il peut saisir et s’enrichir de la culture de l’autre.

En guise de conclusion, j’emprunterai ce proverbe africain:

« La cohésion sociale d’un village se mesure avec sa capacité à accueillir et à cheminer avec l’hôte, l’étranger »

Yaya Dianka

 

Voir aussi l'interview de Yaya Dianka sur TVFIL78 :http://www.youtube.com/watch?v=lXql0jHTZhI

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