La patience, un bien ou un mal?

 

                                         LA PATIENCE : UN BIEN OU UN MAL ?

 

 

 

La patience intervient dans l’apprentissage d’une triple distinction entre :

 

-- des temporalités différentes (temps de la Nature, de l’Individu, de l’action)

 

-- le local et le global, l’instantané et le long – le durable –

 

-- la science (une méthode) et les connaissances (des acquis de la science).

 

Dès lors dans quelle mesure la patience est -elle une aide ou un frein ?

 

Nature, individu, action

 

·          les rythmes de la Nature, (saisons et développements biologiques divers) s’imposent à nous avec une certaine périodicité, et il faut savoir attendre (« après la pluie, le beau temps »), même si ont disparu le partenariat digne et raisonné de nos anciens avec la nature - que nous avons désormais la prétention de maîtriser- et notre émerveillement devant l’univers dont nous ne sommes pourtant que d’infimes parcelles

 

·          l’Individu, de moins en moins soucieux de philosophie, d’humanisme et de vérité, est tenté de se consacrer davantage au paraître, à l’immédiateté, au consumérisme et à la rentabilité court–termiste, en oubliant de vivre avec humilité, mais sa clairvoyance mentale le fait toutefois souvent s’engager aussi auprès d’instances locales, nationales, européennes ou internationales   pour soutenir avec constance des causes qui lui tiennent à cœur et qu’il estimerait dangereusement menacées 

 

·          l’action, l’engagement dans le vivre ensemble, se concrétise dans le choix pacifique d’une économie de l’offre, développant d’une part patiemment les capacités scientifiques et  techniques de notre artisanat et de notre industrie, et mettant en place d’autre part des réformes sociales, éducatives et économiques, dans le contexte protectionniste de la lutte géopolitique féroce à laquelle se livrent les USA et la Chine.

 

Le local et le global

 

Devenus des consommateurs cupides et destructeurs, éloignés de la nature, nous avons misé, depuis une trentaine d’années, sur l’eldorado de la mondialisation, bénéfique au début pour faire sortir de la pauvreté des centaines de millions d’hommes et de femmes, et il n’était alors question que d’économie, de commerce, de paix et de relations internationales ; puis ont émergé l’alimentation et la faim, suivies par des inquiétudes sur les dérèglements climatiques et la préservation de notre biodiversité.

 

Nous avons minoré – sciemment ou inconsciemment – les conséquences techniques, sanitaires, sociétales et géopolitiques de la mondialisation, puis l’épisode « Covid » est survenu brutalement et il a enclenché divers rétropédalages pour essayer de mieux gérer les affaires communes au niveau de la planète, la gouvernance actuelle touchant ses propres limites.

 

Réfléchir à un autre système de coopération internationale nécessite de repenser attentivement nos systèmes d’éducation pour développer l’esprit critique des citoyens et les aider à trouver la lumière de la vérité au milieu de l’obscurité d’informations qui parfois les aveuglent. La nécessaire défense, liée, de valeurs humanistes – appuyée sur les deux piliers que sont la laïcité et l’éthique –exige du temps et de la distance par rapport aux passions et aux préjugés, et donc à l’évidence patience et abnégation.

 

La science et les connaissances

 

Il n’est pas évident de trier entre ce qui relève :

 

·          d’une part de la recherche scientifique, avec les procédés itératifs, le  contrôle par les pairs, les processus essai-erreur et les protocoles de vérifications diverses

 

·          de l’autre des connaissances acquises par cette méthode, donc le savoir scientifique proprement dit (lequel détermine les contours d’un  socle relativement consensuel dans un contexte donné).

 

Cette démarche réclame attention, effort et volonté ; elle prend du temps et mobilise de la persévérance, car elle nécessiteun important travail d’étude et de réflexion, associant méticuleuse recherche documentaire et lecture d’ouvrages de base.

 

Les vérités assimilées vont d’ailleurs souvent de pair avec une certaine amélioration spirituelle et morale, développée par l’écoute et la tolérance mutuelles – ce qui peut profiter au mieux « vivre ensemble » social -.

 

Cet exercice du jugement et la formation au développement du questionnement arment contre l’irrationalisme, le mensonge, la manipulation, la propagande, voire le fascisme de la pensée unique là où les critères qui servaient à penser l’excellence sont soumis désormais à l’arbitraire de l’audimat, de la bien-pensance simpliste, du complotisme et du relativisme culturel.

 

Il faut préférer la culture du doute au confort du dogme, et ne pas confondre incertitude et ignorance.

 

En conclusion, je souhaiterais faire la différence entre :

 

·          la patience positive – laquelle permettra avec le temps d’atteindre le but en vue –

 

·          et la patience « négative » - support de la résignation, face à une situation perçue alors comme bloquée -.

 

Puisse la positive l’emporter davantage !

 

Michèle G.,  octobre 2021

 

 

 

Quelques expressions et/ou proverbes en lien avec le sujet

 

-         Patience, mère de toutes les vertus

 

-         Tout vient à point à qui sait attendre (Clément Marot, poète français né à la fin du XVème siècle)

 

-         Il faut savoir cultiver son jardin (citation qui clôt l’ouvrage « Candide » de Voltaire)   

 

-         Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage [La Fontaine (fable « Le lion et le rat »)].

 

-         Les bonnes choses arrivent tard

 

-         Combien pauvres sont ceux qui n’ont point de patience [Shakespeare (dans « Othello »)]

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