Quelle est notre marge de liberté ?

La liberté, c’est faire ce que l’on veut.

La définition est vaste. Elle recouvre :

« Avoir la liberté, c’est pouvoir se mettre en quête de notre liberté… C’est en avoir la responsabilité. Quel usage devons-nous faire des libertés que nous avons pour obtenir cette suprême liberté à laquelle nous aspirons ? »[1]

 

« Le libre arbitre, c’est le pouvoir de se déterminer soi-même sans être déterminé par rien »[2]

« Si l’homme est libre, c’est qu’il n’est d’abord rien et ne devient que ce qu’il se fait. Chaque personne est un choix absolu de soi. »[3]  

« La liberté est le pouvoir indéterminé de se déterminer soi-même, autrement dit le pouvoir de se créer soi. C’est en quoi elle n’appartient qu’à Dieu,… ou fait de nous des dieux ».[4]

 

On voit que, pour les philosophes, la liberté apparaît non comme statique, donnée une fois pour toutes, mais comme une dynamique. La question qui me préoccupe est d’en éprouver les limites. Dans quelle mesure notre liberté dépend-elle de ce que la vie nous a donné a priori : hérédité, éducation, milieu de vie, état et mécanismes du cerveau ? N’est-ce pas une illusion de liberté ? Est-on libre de vouloir ? de ce que nous voulons ?…  Les philosophes répondent :

 

« La liberté de la volonté serait une espèce de pléonasme : libre, spontané et volontaire sont trois mots synonymes…. Mon cerveau me commande ? Soit. Mais si je suis mon cerveau, c’est donc que je me commande à moi-même…. ».

« La question est moins de savoir si tu es absolument libre, que de comprendre comment tu peux le devenir davantage. Le libre arbitre, qui est un mystère, importe moins que la libération, qui est un processus, un objectif et un travail. On ne naît pas libre, on le devient… La liberté n’est jamais absolue, ni infinie, ni définitive : on est plus ou moins libre, et il s’agit bien sûr de le devenir le plus possible. »4

 

La liberté semble donc une construction personnelle, quelque chose qui s’acquiert au fil du temps, dans un cadre qui nous est fixé par la vie et que nous devons d’abord nous approprier. L’illustration qui en est souvent donnée est celle d’un artiste qui réalise peu à peu l’œuvre dans laquelle il s’exprime et se reconnaît.

Ceci semble paradoxal : en effet la liberté d’un homme mûr serait plus grande que celle d’un jeune, et pourtant il a déjà fait des choix importants qui limitent son existence (le métier, le conjoint, les enfants, ..) et sa forme physique ne peut aller qu’en s’amenuisant. Il me semble que c’est vrai si l’on parle bien de liberté intérieure : l’homme mûr a « appris à vivre », son expérience du réel (sa sagesse ?) l’aide à prévoir, à prendre des décisions mesurées, à réajuster si nécessaire, il sait de quoi il est capable et se heurte moins à ses propres limites. Il a plus d’assurance parce qu’il voit mieux où il va. Sa liberté intérieure relève de sa responsabilité, de ses choix antérieurs.

 

Pourtant, de même que les libertés sont mal réparties à travers le monde, les conditions de la liberté intérieure me semblent très injustement partagées entre les personnes (exemple : ces parents maltraitants qui sont presque toujours d  es ex-enfants maltraités)…


Revenir au blog et voir les commentaires 


[1] Nicolas Grimaldi. Ambiguïtés de la liberté. PUF  1999

[2] Marcel Conche

[3] Jean Paul Sartre. L’être et le néant.

[4] André Comte Sponville. Présentations de la philosophie.