Comment être solidaires sans verser dans l'assistanat ?

(Cet article est précédé de commentaires et suivi de pièces jointes non présentes ici, mais qu'on peut consulter en se rendant sur : http://ecomondiale.over-blog.com/ )      

Hommage à l'Abbé Pierre, à Coluche et à tout ceux qui luttent contre la misère et la pauvreté.  

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Le tsunami a montré la solidarité de l'être humain envers ses semblables. De multiples autres exemples sont possibles (solidarité au quotidien, associations caritatives, Téléthon, dons divers, charité etc.)  

La solidarité est une bonne chose. C'est ce qui fait la grandeur de l'être humain. Beaucoup de gens sont dans la misère et le malheur et ont besoins d'être aidés.  

L'aide peut provenir d'individus ou d'organisations (associations, états, collectivités locales?)  

Les sociétés avancées ont souvent institutionnalisé la solidarité (sécurité sociale, hôpitaux, retraites, allocations familiales, école gratuite, RMI, pompiers, Emmaüs, Restos du Coeur, Croix Rouge ?), cela permet de soigner et, souvent, de réduire la misère et la pauvreté. Même si la situation des pauvres actuels n'est pas enviable, elle est néanmoins autrement plus vivable que celle des pauvres au moyen âge en France ou que la situation actuelle des pauvres dans certains pays du globe?  

Certains font ressortir que l'aspect négatif de cette solidarité est que les prélèvements fiscaux et sociaux sont importants, cela peut décourager la prise de risques et l'initiative qui sont bon pour l'économie. On peut rétorquer, outre l'aspect humain, que la redistribution des richesses (jusqu'à un certain point) est bonne pour l'économie, car elle permet de rendre solvable un certain type de demande.  

Certains pensent que les riches font tourner l'économie. Cela pouvait être vrai à l'époque des capitalistes entrepreneurs qui créaient des entreprises et réinvestissaient une bonne partie des bénéfices dans leur entreprise, ce qui créait de la richesse et de l'emploi. Mais le capitalisme a changé de visage et est devenu un capitalisme financier à courte vue. Le capital s'est dissocié des entreprises, il est mondialisé et "zappe" la où cela rapporte le plus. Les entreprises et les activités qui ne rapportent pas suffisamment sont arrêtées ou ne sont pas lancées, même s'il y a des bénéfices !  

L'économie "réelle" (basée sur les entreprises, le travail et la création de richesses) a de plus en plus de mal à suivre les niveaux de bénéfice exigés. Le capital se tourne souvent vers la spéculation. Cela devient dramatique. Par exemple, la spéculation immobilière fait que de plus en plus de gens ont du mal à se loger. Certains SDF sont même parfois des travailleurs en CDI à plein temps !...  

Certains pensent qu'un riche dépense plus qu'un pauvre. Il est vrai que le riche à plus de pouvoir d'achat, mais sa "propension à consommer" (le pourcentage de revenu qu'il met dans le circuit de la consommation) est bien plus faible que celle des pauvres. Donc, en rendant les pauvres et les classes moyennes un peu moins pauvres, la consommation est plus forte et l'économie tourne mieux. Mais certains rétorqueront que la consommation des pauvres est souvent tournée vers les choses à bas prix, donc, en général, venant de pays à bas coût de main d'?uvre. Je réponds que cela me donne un argument supplémentaire pour réguler la mondialisation.  

L'argument le plus sérieux contre la solidarité est qu'elle risque de conduire à "l'assistanat".   "L'assistanat" à la différence de la solidarité, conduit à la déresponsabilisation de l'individu et au "laisser aller". Cela démotive pour travailler. Le travail étant ce qui permet de créer les richesses, l'assistanat mal géré appauvrit le pays, il y a moins à redistribuer.  

Il existe deux sortes de "profiteurs". Des profiteurs riches et des profiteurs pauvres. En général ce sont les classes moyennes et moyennes supérieures et les riches honnêtes qui payent pour les profiteurs. Quant aux pauvres honnêtes, ils sont spoliés d'une partie de ce qui devrait leur revenir et qui est détournée par ces profiteurs.  

Les profiteurs riches surfent sur la mondialisation pour obtenir des gains très élevés et sans rapport avec la plus-value qu'ils apportent à la société. Ils poussent à une mondialisation sauvage.  

Les profiteurs pauvres sont une certaine catégorie d'assistés qui profitent à fond (parfois même malhonnêtement) du système de solidarité.  

Trop d'assistanat pèse sur ceux qui se battent pour s'en sortir, ralentit l'économie et provoque de l'injustice entre ceux qui travaillent et ceux qui profitent.  

Il ne faut pas assimiler tous les "assistés" avec des profiteurs. Les années 80 ont vu apparaître les "nouveaux pauvres". Un nombre de plus en plus important de gens sont touchés par la misère alors qu'ils ne s'y attendaient pas. Par ailleurs, une certaine conscience collective est en train d'émerger : actuellement, de plus en plus de gens pensent que ce qui arrive aux autres (chômage, misère?) pourrait bien leur arriver. De plus, nous sommes bon nombre à craindre que nos enfants vivront moins bien que nous.  

Le système économico-politique actuel marche très mal. Et cela fait environ 25 ans que cela dure. C'est un système à la fois très ultralibéral et assez confiscatoire. Pour le côté "ultralibéral" : La concurrence internationale joue à fond (surtout en Europe, zone réputée être la plus "passoire" au monde). Cela entraîne les délocalisations, les pertes d'emplois, le chômage, les "nouveaux pauvres", les "travailleurs pauvres" etc. Côté "confiscatoire" : les prélèvements fiscaux sont élevés (44% du PIB en France), sans compter la dette qui enfle... Les travailleurs soumis à la compétition internationale doivent se démener de plus en plus pour rester compétitifs. Ils sont coincés entre les pays à bas coûts, l'exigence du capital à ce que cela rapporte de plus en plus, les réglementations de plus en plus complexes, les prélèvements importants? Ceux qui ne sont pas assez "compétitifs" sont mis de côté. Et même parmi ceux qui sont compétitifs, bien des raisons peuvent faire qu'ils soient également mis de côté (âge, origine etc.)  

La meilleure façon de sortir de la misère est le travail. D'ailleurs, des associations telles que Emmaüs et les Restos du C?ur, à côté de leurs actions de secours, ont un volet "sortie de la misère par le travail". Encore faut-il trouver du travail, pouvoir le conserver et que les revenus tirés d'une activité professionnelle soient suffisants pour vivre? Ces critères sont de plus en plus difficiles à atteindre.  

Pour nous en sortir, il faudrait un nouveau système économique qui permette de créer suffisamment d'emplois correctement rémunérés.  

La solidarité à un aspect humain incontestable. Devant la misère et le malheur, il me semble que le devoir des êtres humains est d'être solidaires envers leurs semblables. De plus, la solidarité peut avoir des effets bénéfiques pour l'économie.  

Par contre, "l'assistanat" est à rejeter. Il y a une injustice et des inégalités flagrantes à ce que certains triment pour d'autres qui vivraient sur le dos des premiers.  

Je suis un modéré, et je renvoie dos à dos :

- les ultra-libéraux qui ne pensent que compétition, droit du plus fort, laisser mourir les pauvres "qui n'ont pas de place au banquet de la nature" (Malthus).

- les collectivistes qui ne pensent qu'à "l'assistanat" et à la déresponsabilisation, qui conduisent à l'étouffement de l'économie donc à la pauvreté générale (sauf pour la "nomenklatura"?)  

Je suis pour une régulation de l'économie (et, en particulier, pour la régulation de l'économie mondiale) dans un cadre qui resterait un tant soit peu libéral.  

La régulation de l'économie a bien fonctionnée pendant les "trente glorieuses" (1945 à 1974) pendant lesquelles les niveaux sociaux et salariaux progressaient et les entreprises prospéraient. Ce modèle "Keynésien" a eu du "plomb dans l'aile" avec la mondialisation actuelle qui fait apparaître, sur les marchés, des pays à bas niveaux social, salarial et écologique.  

Il suffirait de réguler la mondialisation pour que la majorité des problèmes soient résolus !  

Question : pourquoi ce n'est pas fait ?...  

Jean-Marc

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