Qu'est-ce qui nous rend heureux ?

Nous savons généralement si nous sommes malheureux et ce qui nous rend malheureux. Le bonheur est-il plus difficile à cerner ? Le bonheur serait-il tout simplement l’absence de malheur, une certaine quiétude ? Savons-nous ce qui nous  rend heureux et ce qu’est vraiment le bonheur ? Notre bonheur est-il évalué de manière intrinsèque ou à l’aune d’une norme fluctuante ? Notre bonheur est-il conditionné par notre famille, par notre entourage, par la société ?  Nos aspirations au bonheur sont-elles réalistes ? Si je rêve de devenir footballeur professionnel ou ministre mais si je n’ai pas les capacités pour le devenir, je risque d’être toujours malheureux.  Si au contraire, les objectifs sont réalistes, le bonheur devient possible. Par ailleurs, nous n’avons pas toujours envie de nous fixer des objectifs surtout à la fin de la vie. Ce sont alors plutôt les objectifs de nos enfants qui nous préoccupent. Le bonheur lui-même peut-il être un objectif en soi ? Certaines personnes ont-elles plus d’aptitude au bonheur que d’autres ?

Selon l’adage populaire, il vaut mieux être en bonne santé, jeune, beau, intelligent et riche que malade, vieux, laid, idiot et pauvre. Ces qualités sont souvent innées et au moins une varie avec le temps. Certaines sont corrélées à d’autres. Il est plus facile d’être en bonne santé en étant riche que pauvre. Pourtant il ne suffit pas d’avoir toutes ces qualités pour être heureux.

 

Si nous interrogeons les gens sur le bonheur, la plupart mettent en avant la situation financière suivie de la famille et la santé ; ce qui est d’ailleurs étonnant puisqu’un riche malade ne peut pas profiter de sa richesse. Si la richesse est un élément si important au bonheur, pourquoi une société qui s’enrichit semble-t-elle échouer à rendre ses membres plus heureux ? L’explication la plus simple est celle-ci : l’homme moderne reste affamé mais de biens dont il ignorait l’existence quelques années auparavant. C’est un marcheur qui n’atteint jamais l’horizon. Quel que soit le quantum de plaisirs déjà satisfaits, la page reste toujours blanche de ceux qu’il veut assouvir. La consommation est devenue une drogue, une addiction : le plaisir qu’il procure est éphémère. Les sociétés riches ne sont pas plus heureuses que les sociétés pauvres. On pourrait rajouter que l’homme d’aujourd’hui souffre de ne plus vouloir souffrir, exactement comme on peut se rendre malade à force de chercher la santé parfaite.

 

Nos satisfactions sont aussi liées à nos réussites mais comme la beauté ou l’intelligence, la réussite n’est que relative. Comme le disait cet humoriste américain « Etre heureux, c’est gagner dix dollars de plus que son beau-frère » On jouit de réussir mieux que les autres. Une maison peut être grande ou petite, aussi longtemps que les maisons voisines ont la même taille, tout va bien. Si on construit un palais à côté, la maison devient minuscule. Si les sociétés riches ne sont pas plus heureuses que les sociétés pauvres, les riches sont plus heureux que les pauvres.

 

Par ailleurs, une croissance rapide soulage les tensions sociales, car chacun peut croire qu’il rattrape les autres. Durant les 30 glorieuses, partout en Occident, le revenu augmentait en gros de 3% par an. Le sentiment de tous était positif. Chacun, chaque famille, pouvait investir, se développer, sans trop de danger. Un très important pourcentage de la population a réussi, en deux générations, à faire partie des classes moyennes.

 

Depuis 1980, nous assistons à une stagnation des revenus, pire à une disparition de postes de travail au profit de pays où les coûts de toute nature sont beaucoup moins élevés. La précarité de l'emploi est devenue un élément prépondérant. Les jeunes courent après des petits jobs, il n'y a plus d'emploi à vie comme avant. Il faut bouger et c'est difficile dans une société très structurée et très immobile. Et de même nous avons assisté à une montée considérable de l'endettement individuel, familial, collectif. C'est très grisant de vivre à crédit, sauf qu'au bout d'un certain temps, il faut rembourser.

 

Parallèlement à cette fracture là, s'est produite une seconde fracture socialement encore plus traumatisante. Durant les 30 dernières années, la richesse globale de tous s'est accrue d'une manière considérable mais en même temps, le fossé entre riches et pauvres s'est creusé, ce qui crée des frustrations pour la plupart des gens.

 

 

Vous allez certainement m’objecter qu’il y a d’autres passions et d’autres aspirations. Chaque vie a un côté cour et un côté jardin. Le côté cour est celui dont nous avons parlé le plus jusqu’à présent et c’est celui qui apparaît sur un C.V ou lors du sermon d’un pasteur lors d’un enterrement. Un C.V ne fait jamais référence à la vie sentimentale et sexuelle et c’est vrai que cela n’intéresse ni ne regarde un employeur. Pourtant une vie sentimentale et sexuelle réussie compense maints autres déboires. Les plaisirs de la chair au lit valent au moins les plaisirs de la chère à table et témoignent d’une certaine vigueur. Combien de fois, n’avons-nous pas rêvé au petit matin de douces étreintes ?  Combien de rencontres n’avons-nous pas faites lors de nos sommeils ? Que de petits bonheurs ne devons-nous pas  à la concupiscence, que de petits bonheurs ne devons-nous pas à la seule réminiscence. Faut-il rappeler que la jouissance et l’orgasme demeurent le meilleur moyen de défier la mort et la vieillesse. Il existe moult autres réussites et petits bonheurs comme celui de gagner un match de foot le dimanche matin ou de réussir à susciter le débat lors d’une réunion du café-débat.

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