La mort est-elle notre ennemie ?
La mort biologique : c’est la perte définitive par une entité vivante (individu, organe, tissu ou cellule) des propriétés de la vie et entraînant sa destruction.
L’ennemie : personne qui cherche à nuire, qui veut du mal, qui est hostile, personne, groupe ou pays qui combat dans un camp opposé (guerre).
La mort est-elle vraiment notre ennemie ? L’affronter conduit-il nécessairement à la combattre ou à tenter de l’esquiver ? N’y aurait-il pas, pour l’être humain, une possibilité de l’assumer et d’y consentir qui ne serait pas l’aveu d’une défaite, mais qui consisterait au contraire à voir dans la mort elle-même la condition de la vie et à considérer la mortalité moins comme une limite que comme la ressource secrète dont se nourrit l’existence ? (F.Dastur)
Citations :
- Philosopher c’est apprendre à mourir. (Platon, Cicéron)
- La mort n’est rien pour nous puisque, tant que nous existons, la mort n’est pas, et que lorsqu’elle est là, c’est que nous ne sommes plus. (Epicure)
- La mort serait le but de la vie. (Platon)
- La mort serait le bout de la vie. (Montaigne)
- Philosopher c’est apprendre à mourir parce que c’est apprendre à vivre, et que la mort – l’idée de la mort, l’inéluctabilité de la mort – en fait partie. (Montaigne)
- Un homme libre ne pense à autre chose moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. (Spinoza)
- Sachant qu’un être qui est né doit périr, que m’importe alors la manière dont je passe, par la noyade ou par la fièvre, il faut bien une chose de ce genre pour m’en aller. (Epictète)
- Je suis heureux que les hommes se refusent absolument à vouloir penser à la mort. J’aimerais contribuer à leur rendre l’idée de la vie encore mille fois plus digne d’être pensée. (Nietzsche)
Comment mourir ?
Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s’en détourne. Des civilisations avant nous, regardaient la mort en face. Qui vivra verra ou qui mourra verra ?
Si une société se révèle, entre autres, par sa façon d’accueillir une nouvelle vie, elle se dévoile aussi dans son attitude face à la mort. Les sociétés humaines ont constamment pratiqué des rites de vie et de mort.
- Dans l’antiquité, des sacrifices humains étaient faits aux dieux.
- A Monté Alban, les Toltèques, lors de fêtes, pratiquaient « le jeu de balle », les perdants étaient égorgés et leur sang nourrissait la terre.
- Les Pharaons passaient leur vie à construire leur tombeau. La mort y est représentée comme un long voyage. Le défunt est envoyé vers l’inconnu avec des offrandes, des objets représentant sa vie. Ainsi, la sépulture est une tentative de communication avec l’au-delà.
- Au Balouchistan, la mortalité infantile étant élevée, un enfant reçoit son prénom à 5 ans ce qui donne lieu à une fête.
- Au Tchad, pour les Dangaleat, en cas de fausse couche, l’enfant étant considéré comme un être humain complet, on suit le même procédé d’enterrement, mais dans une forme réduite, que celui appliqué pour les grandes personnes.
- Au Japon, des fêtes commémoratives et des offrandes sont adressées aux fœtus décédés après une fausse couche et aux morts avant d’être nés.(les enfants de l’eau)
- A Bali, le défunt est provisoirement inhumé au cimetière, la crémation aura lieu plus tard, parfois plusieurs années après, « à une date favorable » quand la famille aura réuni les fonds pour construire la tour destinée à porter le cercueil. La crémation a lieu après un repas festif offert par la famille.
- A Madagascar, les rites funéraires, synonymes de réjouissances et de dépenses extraordinaires, jouent un rôle primordial. Il faut fêter l’entrée du mort au royaume des ancêtres. Les Merina pratiquent la cérémonie du « retournement des morts ou promenades des morts ».
- Les Zoroastriens exposent leurs morts aux vautours au sommet des « tours du silence ».
- En Occident, nous vivons dans un monde que la mort effraie et qui cache ses mourants. On a peur de parler d’un événement aussi naturel que la naissance. Or la mort est devenue pour le plus grand nombre, du moins dans les pays dits développés, une mort anonyme à l’hôpital ou à la clinique.
Qui refuse la mort ? le mourant ou son entourage ?
Y-a t’il un âge pour mourir ?
- Mourir avant que d’être ? fausse couche (anomalie génétique de l’embryon incompatible avec sa survie) – mort né – mort in-vitro.
- Mourir quand la vie ne fait que commencer, avant que d’avoir connu le premier amour, le mariage, la venue d’un enfant, avant d’avoir accompli ses ambitions personnelles , avant d’avoir vraiment vécu ?
- Où ? plus tard ???
o De mort interne, mort sous l’effet du vieillissement , parfois génétiquement programmée, plus souvent issue d’une augmentation constante de la fragilité (os, parois artérielles…) qui accroît sans cesse la probabilité de l’accident fatal.
o De mort externe, mort du fait d’un changement climatique, d’un accident, d’une maladie. C’est le type de mort le plus répandu.
Quelle mort voulons-nous ? Naturelle, accidentelle, glorieuse, foudroyante… ?
Penser la mort (Vladimir Jankélévitch)
- La mort permet-elle que l’on philosophe sur elle ?
- La mort est un phénomène démographique, médical, et, dans ce cas, la mort est la chose la plus banale du monde.
- La vie humaine commence par la naissance et finit par la mort. Entre ces deux choses, il n’y a rien de commun. Si on les compare, le néant est avant la naissance et après la mort.
- La mort (la finitude) est la seule maladie dont on ne guérit pas.
- Pour ce qui est de mourir, chacun le fait pour soi. C’est la chose pour laquelle personne ne se fait remplacer. Chacun meurt pour soi, sa propre mort, pour son propre compte.
- La mort ne s’apprend pas, c’est une chose qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie.
- Faut-il penser que la mort est dans la vie et que, par conséquent, il n’est point besoin de la combattre, surtout lorsque cette lutte s’accompagne de souffrances intolérables pour le malade ?
- La grande égalité des inégaux c’est la mort.
Quels critères avons nous pour penser la mort ? D’un côté, la lutte acharnée contre certains maux et les progrès de la médecine font que la vie s’allonge en repoussant la mort à un âge plus tardif. De l’autre, les progrès de la génétique et la détection de malformations ou d’affections incompatibles avec la vie d’un futur enfant, au cours d’une grossesse, impliquent qu’on peut mettre un terme très précocement à une existence en devenir.
L’euthanasie, c’est la licence ou droit juridique, pour le médecin, de donner directement ou indirectement la mort à un malade, dont l’état est jugé désespéré, avec l’accord et à la demande du malade (consentement du patient libre et éclairé).
Critères de la mort « mort cérébrale ou coma dépassé » (sur l’électroencéphalogramme, le tracé est totalement plat) = autorisation sur le plan médico-légal du prélèvement des organes.
S’il n’est de possibilité pour l’être singulier ni d’accéder à l’immortalité, ni de prolonger indéfiniment sa vie, il peut, par contre, le faire par procuration, en transmettent ses gènes ou son nom. Il ne faut pas sous-estimer la puissance de l’être humain de cette volonté de se survivre à soi-même dans ses descendants ou par ses œuvres.
Beaucoup ont écrit sur la mort, les artistes l’on représentée en peinture ou en sculptures.
J’ai souvent remarqué qu’il existe un consensus post-mortem pour vénérer un artiste que l’on a détesté de son vivant ex : Coluche, dès sa mort, il a été paré de toutes les vertus.
Aujourd’hui, l’une des tâches des structures hospitalières est la production de cadavres. Il faut se dire que le souci de prolonger à tout prix la vie d’un être humain peut être l’expression d’un véritable déni de son humanité. Plus des 2/3 des décès ont lieu à l’hôpital. Je ne crois pas que l’on doive s’en réjouir alors que certains souhaitent mourir chez eux, entourés par leurs proches, dans leur intimité.
Je suis contre la peine de mort.
Je crois que la mort est un passage et qu’il faut être prêt.
De même que prendre une assurance-vie ne fait pas mourir, mais protège les proches qui restent, il faut parler naturellement du prélèvement des organes pour que les proches ne soient pas démunis face à une équipe médicale. Je suis une partisane résolue de l’euthanasie, je veux être libre de ma mort, j’ai le droit de disposer de ma mort. J’ai dit à mes proches, ce que je voulais et ce que je ne voulais pas et je l’ai écrit. Je suis admirative de Madame Jospin, je ne suis pas sûre d’être capable de suivre son exemple.
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