L'un des caractères de l'esprit humain est la recherche par l'homme, depuis l'aube des temps, d'une autorité surnaturelle, d'un être suprême qui confère à la fois un sens à son existence sur terre et révèle une vision du monde reliée à l'idée du sacré, de l'inaccessible. Au-delà des relations de l'homme avec les autres hommes s'organise la relation de l'homme avec le divin, un ensemble de règles et d'interdits mais aussi de pratiques culturelles et cultuelles, de croyances et de dogmes.
Qui est DIEU ? Dans les religions monothéistes, être suprême, transcendant, unique et universel, créateur et auteur de toutes choses, principe de salut pour l'humanité, qui se révèle dans le déroulement de l'histoire.
Citations :
- Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. (Voltaire)
- Je ne serais pas Chrétien sans les miracles. (Saint-Augustin)
- Nous naissons si contraires à cet amour de Dieu et il est si nécessaire qu'il faut que nous naissions coupables, ou Dieu serait injuste. (Pascal)
- C'est un fait reconnu que les hommes n'ont jamais recours à la dévotion que lorsqu'ils sont accablés par la douleur ou la maladie. N'est-ce pas là une preuve que l'esprit de religion a plus d'affinité avec la douleur qu'avec la joie ? (Hume)
- Si Dieu existait, cela devrait se voir ou se sentir, il suffirait d'ouvrir les yeux ou l'âme. Plus je le fais, plus c'est le monde que je vois, plus ce sont les humains que j'aime. L'hypothèse la plus simple : Dieu ne se cache pas, il n'existe pas. (André Comte-Sponville)
- Croire en Dieu signifie voir que la vie a un sens. (Ludwig Wittgenstein)
- Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance comme un divin remède à nos impuretés. (Verlaine)
- Le souvenir du fruit défendu est ce qu'il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l'humanité. Que n'eut pas été notre enfance si l'on nous avait laissé faire ! Nous aurions volé de plaisir en plaisir. (Henri Bergson)
- On ne s'attaque pas à l'obscurantisme des religions monothéistes ; les trois, je les tiens pour un semblable opium du peuple. Reprenons le flambeau de Voltaire puis des Lumières pour lutter contre les religions, ce recours des âmes trop fragiles pour construire leur paradis sur terre. (Michel Onfray)
- Ce n'est pas la religion qui fonde la morale, c'est la morale qui justifie la religion. Ce n'est pas parce que Dieu existe que je dois bien agir ; c'est parce que je dois bien agir que je peux avoir besoin, non pour être vertueux, mais pour échapper au désespoir, de croire en Dieu. (Kant)
Aucune religion ne doit être imposée par la force. Croyants ou non croyants, chacun doit respecter la religion ou l'absence de religion de l'autre et les édifices religieux. Chacun doit pouvoir se rendre à son lieu de culte sans se sentir obligé, sans crainte d'être arrêté ou tué.
Plus de 150 ans après la révolution industrielle, on pourrait croire que le recul du sentiment religieux, dans les civilisations occidentales, serait irréversible. Dû en grande partie au développement d'idées neuves (philosophie des lumières) au XVIIIème siècle ; recul accentué par la révolution française et les avancées scientifiques. Pourtant, depuis la fin du siècle dernier, la déception face aux références laïques et aux idéologies, les conflits qui se multiplient, la montée des nationalismes, l'échec économique des pays nantis, poussent les hommes à chercher à nouveau un refuge dans l'illusion de la religion (illusion : appréciation conforme à ce que l'on souhaite croire, mais fausse par rapport à la réalité).
La baisse du sentiment religieux s'accompagne d'un déclin constant de la pratique. L'identification religieuse est remplacée par l'identification sociale.
Paradoxe, les pèlerinages connaissent un regain de fréquentation à la fin du XXème siècle : avec cinq millions de visiteurs (dont les ¾ sont des pèlerins), Lourdes est la deuxième ville touristique de France.
La Mecque reçoit trois millions de pèlerins contre un million en 1970.
L'Islam est aujourd'hui la religion la plus dynamique.
Le principal ressort psychologique des religions réside dans l'alternance de peur et d'espérance.
La religion peut prendre la forme d'un délire de la pensée et inciter les fanatiques à commettre les pires crimes au nom de leur morale religieuse.
On peut se passer de religion, mais pas de communion, ni de fidélité, ni d'amour. L'esprit est une chose trop importante pour qu'on l'abandonne aux prêtres, aux mollahs ou aux spiritualistes.
Le Christianisme, plus encore que d' autres religions, a conféré à la douleur et à la souffrance, une autre « valeur », une autre « utilité » : sa valeur rédemptrice.
J'ai perdu la foi à l'âge de 13 ans. A la suite d'un événement familial, j'ai surpris et écouté le désespoir de ma mère et de ma grand-mère et le « MENSONGE » m'a transpercée et la colère qui m'a envahie ne m'a jamais quittée ; aujourd'hui encore, cette colère est restée intacte. Il ne fallait pas me dire que Dieu était bon, juste et amour.
Si Dieu existait, je le prendrais par la main, je l'emmènerais à l'hôpital Necker et je lui dirais : explique moi.
Je fais mienne la pensée d'André Comte-Sponville : croire en Dieu, c'est croire au Père noël, mais à la puissance infinie.
Quand les Dieux ont créé l'humanité, c'est la mort qu'ils lui ont réservée ! L'immortalité, ils l'ont gardée pour eux.
Nous ne savons pas si Dieu existe. C'est pourquoi la question se pose d'y croire ou pas. A la question qui lui était posée : « Croyez-vous en Dieu ? » Einstein répondit simplement « Dites-moi d'abord ce que vous entendez par Dieu , je vous dirai ensuite si j'y crois ».
Posons nous tous cette question : est-ce que la religion est un mensonge utile ?
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Bibliographie :
* Michel ONFRAY - La philosophie féroce
* Henri BERGSON - Les deux sources de la morale et de la religion
* Jacques POHIER - La mort opportune
* Jacques BOUVERESSE - Peut-on ne pas croire ?
* André COMTE-SPONVILLE - L'esprit de l'athéisme
* David HUME - Dialogue avec la religion naturelle
* Blaise PASCAL - Pensées
* Léo SCHEER (adaptation) - Gilgamesh
ANNEXES
Marc-Alain OUAKMIN ) ) Juif
Dom Robert LEGALL ) Grandes Religions ) Catholique
Malek CHEBEL ) ) Musulman
QUESTIONS :
Qui est Dieu ?
Pour le judaïsme, la question de Dieu est la question de la révélation de Dieu.
Dieu se révèle successivement à Isaac, Jacob et Moïse. Dieu n'est qu'une voix qui s'adresse au peuple du haut de la montagne (Sinaï) par l'intermédiaire de Moïse ; Dieu qui reste en retrait, invisible, dont la seule incarnation est la voix, sa parole qui se grave sur les tables(les tables de la loi). Le texte est étonnant car il parle d'une vision des voix : « et tout le peuple vit les voix ». Verset que les commentateurs expliquent comme vision du texte donné, révélé au Sinaï. La Révélation, c'est d'abord la révélation d'un texte, voilà la grande Révolution que nous apporte le récit biblique. Et le premier et essentiel rapport à Dieu est un rapport à ce texte de la Loi.
Entre le Père et le Fils et leur Esprit, qui sont l'unique Dieu pour les chrétiens, existe une unité à laquelle nous sommes appelés selon la prière de Jésus avant sa Passion : « Je prie pour tous ceux qui croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé » .
Père, Fils, Souffle d'amour : les noms des trois qui sont Un.
Chaque prière de la messe s'adresse au Père par le Fils et dans le Saint-Esprit. Chaque psaume s'achève par un « Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit ». La Trinité n'est pas une équation insoluble entre trois et un, mais un mystère de vie et d'amour, car il faut être plusieurs pour aimer et être aimé, dans l'unité à laquelle tend la vraie dilection.
La seule connaissance de Dieu ne peut être exposée : il faut la vivre intimement. Elle relève de la perception concrète, car connaître Dieu, c'est d'abord l'aimer et le servir. Une certitude du cœur, plus qu'une construction abstraite.
Les musulmans croient en une autre vertu d'ordre esthétique, mais qui est cruciale : Allah est beau. Et le prophète (Mohamed) Mahomet d'ajouter que ce Dieu Beauté est aussi un Dieu de la Beauté, ce qui inclut toutes les vertus que la charte humaine s'est donnée.
C'est par ce biais là que se fait l'approche du divin en Islam, autant pour en mesurer sa véracité et sa puissance que pour asseoir une vénération authentique.
Qu'est-ce que la Foi ?
Dans sa recherche, l'homme Juif doute. Il ne recherche pas la vérité, mais le sens. La question n'est plus : Comment Dieu a-t-il créé le monde ?, mais « Puisque le texte me dit que Dieu a créé le monde, quel sens cela a-t-il pour moi ? ».
Principes essentiels auxquels les juifs se doivent d'adhérer :
- L'existence de Dieu ;
- L'unicité de Dieu ;
- L'incorporéité de Dieu ;
- L'éternité de Dieu ;
- Dieu seul doit-être l'objet d'adoration ;
- Croire en la prophétie ;
- Supériorité de Moïse sur tous les autres prophètes ;
- Dieu a révélé la Tora à Moïse ;
- La Tora est immuable dans son texte ;
- Omniscience de Dieu ;
- Il existe des rétributions et des châtiments ;
- Le messie viendra ;
- Les morts ressusciteront.
La foi est au cœur des relations entre personnes : « On ne voit bien qu'avec le cœur, dit le renard au Petit Prince ; l'essentiel est invisible pour les yeux. »
Dans la tradition catholique, on distingue la foi, l'espérance et la charité. La foi est destinée à faire place à la vision ; l'espérance à la possession ; mais l'amour atteint déjà son objet. La limite de cette distinction est de faire de la foi une vertu intellectuelle, alors qu'elle est adhésion de tout l'être à ce que Dieu nous révèle : "La foi est la substance des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas".
Toute l'écriture est un appel à donner sa foi et sa confiance en Dieu. « Jésus a fait sous les yeux de ses disciples beaucoup de signes qui ont été mis par écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom ».
La foi, c'est croire en Dieu, à ses anges, à l'autre vie, aux prophètes et à la résurrection, et le Coran d'ajouter : sans plus jamais en douter par la suite.
Foi et croyance sont les deux facettes d'une même attitude. Il ressort que la foi est une disposition fondée sur la « crainte » de Dieu. La foi est un sentiment intime qui n'accepte aucun artifice. La piété consiste à croire aux prescriptions des textes sacrés, à craindre Dieu et respecter son prophète. Dans la pratique, la foi comprend le respect que l'on doit aux prescriptions canoniques qui constituent l'Islam :
- Profession de foi ;
- Prière ;
- Aumône ;
- Jeûne ;
- Pèlerinage.
Qu'est-ce qu'un prophète ?
C'est l'homme qui parle, qui s'élève à un niveau de conscience tel qu'il entend la parole de Dieu et sait la retraduire de manière à ce qu'elle soit audible pour les hommes.
Le prophète est un homme qui parle au nom de Dieu.
Le prophète est le messager de Dieu.
Doit-on considérer les « textes sacrés » comme une volonté transcendantale ou comme la parole d'êtres « supérieurs » ?
Le Talmud est l'ensemble des interprétations que les commentateurs ont donné à propos du texte de la révélation depuis Moïse jusqu'à nos jours. Le peuple Juif n'est pas « le peuple du livre » mais « le peuple de l'interprétation du livre ». Il s'agit de tuer l'idole de Dieu, enfermée dans un système par la théologie et la philosophie, pour faire vivre le Dieu vivant et infini.
Pour les Catholiques, l'Ecriture sainte ou la Bible comporte soixante-treize livres : l'ancien testament 46 livres, le nouveau testament 27 livres.
Ce sont les dispositions prises par Dieu pour que le peuple soit héritier de ses promesses. Les deux testaments contiennent la Révélation faite par le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, qui est le Père de Jésus-Christ, fils de Dieu.
Le Coran est tenu pour l'authentique parole divine sur laquelle aucun doute n'est permis. Texte sacré transcendant et législation émancipatrice, le Coran est en outre réfractaire à l'évaluation humaine, dans la mesure où il fonde un rapport nouveau à Dieu.
La religion est-elle nécessaire ?
Il ressort clairement que sur la question du mal et de la responsabilité des hommes, vis-à-vis des hommes et vis-à-vis de Dieu lui-même et du monde, que la religion - en tant que structure sociale et politique qui permet le bien et le refus du mal - est une nécessité absolue. La religion c'est d'abord la Loi, avant Dieu lui-même.
Le mot religion signifie relier = la religion met en rapport, donne des références. On peut dire que la religion est ce qui lie, ce qui relie, ce qui met en gerbe l'ensemble de nos relations, de nos rapports.
La religion est à la fois un édifice moral pour les hommes et un lieu de médiation avec le Créateur, un système de croyances. La religion est nécessaire parce qu'elle offre une norme salutaire pour l'homme où qu'il se trouve, un moment d'intimité avec l'Ordre supérieur du monde.
La religion est-elle dangereuse ?
Toute religion est totalisante, parce qu'elle regroupe toutes les relations qui nous font être et vivre : à la nature, aux autres et à Dieu. La religion est une force unificatrice puissante. Si elle est mise au service d'autres que Dieu, elle peut devenir un pouvoir dangereux, totalitaire.
On peut donc dire que, pas plus que la citoyenneté ou le savoir, la religion ne saurait se passer d'éducation.