I/ Approche philosophique : Beaucoup de philosophes ont abordé cette question, rappelons entre autres aspects : qu’Autrui est celui qui n’est pas moi, il est à la fois celui que je ne suis pas, en même temps, mon semblable car il appartient à la condition humaine. Semblable et différent, proche et distant, autrui est à la fois celui dont je ne peux me passer et celui qui parfois m’insupporte. Autrui est surtout celui que j’ai le devoir de reconnaitre comme sujet, mais puis-je le connaitre ?
Reconnaitre autrui : Sans autrui, le monde se réduirait à mon seul point de vue, à l’unique représentation que je m’en fais. La présence d’autrui est donc aussi, pour moi l’assurance d’une extériorité, de l’existence d’autre chose que mon seul rapport au monde. Autrui : une relation au monde possible, des idées différentes auxquelles je me confronte. Autrui : celui auprès duquel je me transforme moi-même, près duquel je deviens autre.
Autrui : celui qui me sépare de mon égocentrisme : L’autre, celui qui me limite et me stimule, le reconnaitre comme sujet au même titre que moi et comme autre que moi, c’est sortir de mon égocentrisme qui me fait croire que tous les autres sont comme moi.
Se séparer de l’ethnocentrisme : cf Claude Lévi-Strauss « race et histoire ». ‘Autrui n’est pas seulement mon prochain, il est aussi mon lointain, il peut appartenir à une culture très différentes de la mienne avec différents codes sociaux. Autrui est celui qui incarne et me présente d’autres façons de penser dans le monde, de s’y rapporter avec des rites, des échanges… différents des miens.’
Peut-on s’entendre avec autrui ? Au même titre que moi, l’autre est une conscience qui pense le monde et qui s’interprète lui-même. Autrui n’est pas un objet mais un sujet, une identité qui ne m’est pas donnée de manière définitive mais qui se construit, qui évolue. Autrui est insaisissable. Comment deux libertés (la sienne et la mienne) peuvent-elles s’entendre et ne pas se heurter l’une à l’autre dans un affrontement perpétuel ?
S’entendre avec autrui n’est pas chose aisée, car cette entente implique une limitation de la liberté de chacun.
II/ Approche scientifique : Existe-t-il une réelle différence de rationalité et d’émotivité entre les hommes et les femmes ? Pour l’équipe du professeur de psychologie de Yvon Dallaire :
Le cerveau possède deux hémisphères. L’hémisphère gauche est dit scientifique : analytique, rationnel, verbal et temporel. L’hémisphère droit est dit artistique : synthétique, émotionnel, non verbal et spatial. Or, le cerveau gauche est plus développé chez les femmes, alors que c’est le cerveau droit qui est le plus développé chez l’homme.
Autres détails d’importance: le corps calleux, lequel fait le pont entre les deux hémisphères, serait, selon certaines observations, jusqu’à 40 % plus innervé chez la femme. Il faciliterait et accélérerait donc les échanges entre les deux cerveaux. Finalement, certaines parties de l’hypothalamus, lequel gère divers comportements, seraient de deux à dix fois plus développées chez l’homme.
Neurologiquement, on peut en conclure que la femme est plus portée sur le langage verbal et la communication et l’homme, davantage sur l’action (non verbale) et la compétition. Les preuves sont multiples.
Ce qui nous fait croire que les femmes sont plus émotives que les hommes, c’est que, lorsqu’elles vivent une émotion, elles ont, grâce à leur corps calleux, un accès direct au centre de la parole situé à gauche. Ce qui n’est pas le cas pour l’homme qui nous apparaît plus rationnel, car celui-ci aurait plus difficilement accès aux mots pour dire son émotion. Il est alors porté à agir, plutôt qu’à exprimer, ses émotions.
En fait, l’homme utilise sa rationalité pour mieux gérer son émotivité, il cherche à faire diminuer la tension provoquée par la dimension émotive de la discussion.
III/ Approche psychologique : Tout d’abord précisons les différences entre sentiments et émotions : L’émotion est un état affectif intense qui se manifeste par une forte perturbation mentale et ou physique (cris, pleurs, éclats de rire, tension…) qui nous empêche de réagir de façon raisonnable et appropriée à l’événement qui l’a provoquée.
Le sentiment est la prise de conscience d’un état émotionnel. Comme l’émotion, il s’agit d’un état affectif, mais contrairement à elle il se construit sur des représentations mentales, s’installe durablement chez l’individu et son ressenti est moins intense.
Autre différence, le sentiment est généralement dirigé vers un élément précis (une situation, une personne…), tandis que l’émotion peut ne pas avoir d’objet bien défini.
Ainsi, la haine est un sentiment attisé par la colère (émotion), l’admiration est un sentiment nourri par la joie (émotion), l’amour est un sentiment engendré par beaucoup d’émotions différentes (l’attachement, la tendresse, le désir…).
L’émotion est le résultat du traitement de l’information, ce n’est pas l’information qui est en cause, mais le traitement de l’information, donc MOI, on est donc tous responsables de nos émotions. Chacun ses responsabilités.
Prenons deux types de personnalités opposées : les hypersensibles émotionnels et les logiques rationnels.
Hypersensibilité-Susceptibilité A tous les âges, de l’enfance à l’adolescence, et même bien sûr à l’âge adulte, certains vont avoir, plus que d’autres, du mal à supporter les remarques et les contrariétés, un rien les vexe. Le point commun de tous les susceptibles : un manque criant de confiance en soi, une estime de soi fragile ou défaillante, et dans certains cas un caractère paranoïaque qui va entrainer le sentiment d’être persécuté par tout un chacun. En revanche, ils n’épargnent pas les autres, les obligeant même à s’auto censurer. Coexistent de façon paradoxale un idéal du moi fort et le besoin narcissique d’être aimé et reconnu.
Qu’on lui réponde de façon un peu rude, et le voilà profondément offensé et pétri de ressentiment. Les remarques que d’autres relativiseraient aisément, lui les reçoit comme un coup porté à son amour propre. Ils ont un idéal du moi tyrannique qui leur fait considérer le moindre échec comme la menace de n’être plus bon à rien. Il faut leur apprendre à se moquer un peu d’eux-mêmes, avec bienveillance, et les encourager à avoir une lecture des situations plus distancée de leur Ego. Dale Carnegie rappelle également le poids de l’Ego et de notre amour-propre dans nos interactions avec les autres.
Quand on prend tout mal et que l’on est hypersensible, tout nous blesse : on se sent agressé en permanence par les autres, on voit chaque réflexion comme une attaque et on perçoit tout comme une critique. Vous avez tendance à sur interpréter tout ce qu'on vous dit, à faire des suppositions, à imaginer ce que l'autre aurait pu vouloir supposer penser ou dire. À la moindre remarque, vous réagissez au quart de tour ?
Biais émotionnels : Un biais émotionnel est un phénomène psychologique lié aux émotions. Il consiste en une distorsion de la connaissance et de la décision en raison de facteurs émotionnels. Les expériences en neurosciences ont montré comment les émotions et la cognition, qui sont présentes dans différentes régions du cerveau humain des personnes, interfèrent entre elles dans le processus décisionnel, ce qui entraîne très souvent une primauté de l'émotion sur le raisonnement. Un biais émotionnel a des effets similaires à ceux d'un biais cognitif (il peut d'ailleurs être classé dans une sous-catégorie de ces biais). Toutefois la distorsion résulte d'un blocage de l'attention dû à l'affect plutôt qu'à l'intellect.
Biais cognitif : Tendance systématique à s'écarter de la norme ou de la rationalité dans le jugement, ce qui permet de tirer des conclusions illogiques au sujet d'autres personnes, d'autres situations. C’est une distorsion dans le traitement cognitif d'informations. Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle, par rapport à la réalité. On peut distinguer entre autres des erreurs de perception, d'évaluation, d'interprétation logique. Ces biais cognitifs ne sont généralement pas conscients. Certes pas conscients, cependant les biais conduisent autrui à être vigilant et à avoir de la méfiance !
Exemples de plusieurs biais étayant cette affirmation : Avoir des perceptions influencées par ses propres centres d’intérêts, façon d’attribuer la responsabilité d’une situation à soi ou à autrui, travestir la réalité d’un problème en le transformant en fonction des réponses (les outils) dont on dispose, le refus de la réalité pour ne pas remettre en cause des croyances ou des pratiques solidement ancrées, pourtant je grandis lorsque le réel me résiste, ses contraintes m’aident à devenir adulte, interpréter de manière sélective des informations/vécu.
IV/ Conclusion : Je peux connaître l’autre tel qu’il ne se connaît pas lui-même, cela ne veut pas dire mieux le connaître tel qu’il se connaît lui-même, mais le connaître objectivement, sans cette complaisance intime de soi à soi. Je vais être un médiateur parce que je force l’autre à se reconnaître tel qu’il ne veut pas se voir. Or chaque conscience occupe sur elle-même et sur le monde un point de vue unique, à partir duquel se déploient des significations qui lui sont propres. Ainsi, prétendre connaître l’autre par analogie avec moi-même est le plus souvent voué à l’échec, car, tel comportement, tel regard, tel mot, a pour moi une signification qui est rarement la même pour l’autre.
On voit donc que communiquer (mettre en commun) est difficile, voire impossible dans ces conditions. La reformulation de ce que l’on a compris est primordiale dans la communication, afin d’éviter au maximum les malentendus.
Daniel Soulat 15/10/2022
Lire une annexe sur les cerveaux gauche et droit chez l'homme et la femme:
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