Les femmes sont-elles faites pour la politique ?

Armelle Le Bras-Chopard n'ayant pas eu la possibilité de rédiger un texte d'introduction spécifique au débat du 18 novembre, je vous mets ci-dessous la présentation de deux de ses livres les plus en rapport avec le sujet du jour.

« Le Masculin, le Sexuel et le Politique »                               Plon - 2004

Quatrième de couverture
Si seulement les femmes n'existaient pas ! Point d'engeance femelle, point de soucis dans ces paradis perclus que nous décrivent les mythes. Pas de sexualité non plus ni de politique !
Mais que faut-il faire des femmes puisque l'on ne peut pas s'en débarrasser ? La séparation des espaces public et domestique les maintiendra hors du champ politique et la domination, qui l'accompagne et s'accentue à partir du XVIIIe siècle, les placera sous tutelle exclusivement masculine. Double construction politique, que cet ouvrage expose avec une impitoyable lucidité : à chaque époque, le pouvoir se construit sans les femmes, et donc contre elles. Fragile édifice, fondé sur la puissance sexuelle du mâle !
Or la science reconnaît désormais la part des femmes, dans la génération comme dans le plaisir - dont les hommes se sont si longtemps arrogé le monopole -, et l'on assiste à une féminisation croissante de l'espace public : le statut du politique n'en sera-t-il pas bouleversé ? A moins de le réinventer, hommes et femmes, ensemble ?

Commentaire
Alors que depuis des siècles, le pouvoir est aux mains des seuls hommes, on s'est peu interrogé sur le lien à établir entre domination politique et sexualité. Pourtant, qu'il s'agisse de procréation ou de plaisir, c'est au nom de leur sexualité que les femmes ont été écartées de toute forme de pouvoir, dans un processus de confiscation volontaire et conscient. De la loi phallique à la loi salique : tout commence avec le christianisme. Celui-ci en jetant l'anathème sur la chair, limite la sexualité à la seule procréation ; c'est alors que l'homme, cantonnant la femme au rôle de réceptacle, s'arroge "scientifiquement" le pouvoir de génération. Cette doctrine, lourde de conséquences, expliquera notamment la transmission de la couronne au seul héritier mâle. Pouvoir de jouir et jouissance du pouvoir : avec le recul de la religion, c'est au nom du plaisir que l'on exclut la femme de la politique. Les Lumières ayant révélé l'importance de la femme dans la conception de l'enfant, les hommes revendiquent l'exclusivité du plaisir. La femme étant désormais perçue comme passive et soumise, c'est par sa puissance sexuelle que l'homme justifie sa domination. Et ce qui ne devait toucher que la sphère privée va s'étendre à la sphère publique : la sexualité, même la plus crue, prend volontiers une dimension politique avec des affaires de sorcellerie ou des procès en impuissance. Pour faire comprendre cette évolution, l'ouvrage s'attache à expliquer la façon dont la séparation des espaces publics et domestiques a été pensée à seule fin de garder la femme hors du champ politique, avant de montrer comment, dès le XVIIIème siècle, les discours et les lois ont construit le pouvoir sans, et même contre la femme. Une telle étude ne saurait être complète sans un essai de prospective : aujourd'hui, alors qu'avec la reconnaissance de son rôle procréateur et de son droit au plaisir, la femme entre en politique, va-t-on vers la mort du politique tel qu'on l'entend depuis des décennies ou vers sa simple transformation ?<o:p>

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« Les femmes et la politique »              L’Harmattan - 2000

Ce colloque s'est chargé d'examiner comment se vit le rapport entre les femmes et la politique en France en faisant appel aussi bien à l'histoire qu'à la science politique, à des témoignages et à des comparaisons avec ce qui se passe à l'étranger (Suède, Russie, Palestine).

Commentaire
La France est, avec la Grèce, le pays d'Europe où la place des femmes dans les Assemblées élues et, plus largement, aux postes de pouvoir politique, est la plus réduite. Cette "exception française" s'explique par des raisons historiques, institutionnelles et politiques. Depuis plus de cinquante ans qu'elles ont obtenu le droit de vote, les femmes n'ont pratiquement pas progressé sur le terrain de l'éligibilité alors qu'au contraire, en tant qu'électrices, elles sont devenues participantes et autonomes. Le contraste entre les deux bilans est suffisamment flagrant pour qu'aujourd'hui des associations de femmes (mais aussi des hommes) militent pour l'instauration de la parité en politique : elles demandent une loi, une contrainte afin qu'il y ait autant de femmes que d'hommes dans les Assemblées élues. C'est cette longue marche vers la citoyenneté, avec ses débats et ses combats, qui est restituée dans ce livre consacré pour une large part à la France mais comparant aussi notre situation avec celle de plusieurs pays étrangers (Suède, Russie, Palestine).

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