COMMENT S’ADAPTER AUX CIRCONSTANCES, GARDER L’EQUILIBRE EN TEMPS DE CRISE ?

Café-débat du 25 septembre 2021

 

 Au-dessus de nous les planètes semblent encore tourner dans le bon sens, mais sur notre Terre tous les équilibres se disloquent et l’Humanité toute entière doit faire face à une crise inédite. Quelle attitude adopter pour affronter, ensemble, le chaos qui nous menace ?

 

Il y a peu, lorsque l’on parlait de la Terre on l’appelait « le Monde », et au centre de ce monde régnait le genre humain. Ecoutons Sophocle dans un des chœurs d’Antigone : 

 

« Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grande que l’Homme. Il est l’être qui sait traverser les mers à l’heure où soufflent les vents et grondent les orages. Il est l’être qui, avec ses charrues, sans répit, sillonne la terre. […]Il est celui qui s’est rendu maître de l’animal sauvage,du cheval à l’épaisse crinière et du taureau qui allait courant les monts. Paroles, pensées, aspirations d’où naissent les citées… il s’est tout enseigné à lui-même. Bien armé contre tout, il ne se voit désarmé contre rien. Contre la Mort seule, il n’aura jamais de charme permettant de lui échapper, bien qu’il ait déjà su contre les maladies les plus opiniâtres imaginer plus d’un remède. […] Mais aussi, maître d’un savoir dont les ingénieuses ressources dépassent toute espérance, l’Homme peut prendre ensuite la route du mal, tout comme celle du bien.»

 

Qu’avons-nous modifié, jusqu’à nos jours, de cette vision du genre humain que nous décrivait Sophocle, 442 ans avant J.C. ? A bien examiner notre parcours : si peu !La route du mal, qui mène aux guerres, à la famine, aux dictatures et aux crimes, fut bien souvent empruntée, mais aussi celle du bien qui apporte la connaissance, le progrès, la paix, tout ce qui permet à l’être humain de devenir juste et admirable. Gaïa et son enfant, l’Humanité, se sont empoignées avec rage souvent, car pour obtenir les bienfaits de la nature il nous a fallu la dominer, la maîtriser avec courage et aussi reconnaissance. Et c’est ainsi que notre monde tournait… On pensait que cela durerait jusqu’à la fin des temps.

 

MAIS SOUDAIN :STUPEUR ET TREMBLEMENT !

 

Les éléments se rebiffent, semblent prendre le dessus, faisant perdre à l’Homme toutes ses certitudes. Il reste désemparé devant le dérèglement des saisons, de la température qui risque, en augmentant, de rendre l’air irrespirable. Il voit, impuissant, les incendies ravager les forêts, les rivières sortir de leur lit, des montagnes de glaces s’effondrer, des espèces animales et végétales disparaître… Des « fous de dieu », à la barbe hirsute, aux yeux menaçants brandissent leurs armes, sèment la terreur et font échouer tout processus de paix. Et voilà que le Corona, ennemi invisible, déferle sur tous les continents, sidérant le monde médical et les gouvernants de tous pays, affolant une population hébétée qui, pleurant ses morts, ne sait plus à qui s’en remettre.

 

Devant toutes ces malédictions, certains prient. Le recueillement est une attitude qui, si elle n’a jamais prouvé être d’une réelle efficacité, oblige au calme et à la tempérance, ce qui est mieux que de céder aux crises d’hystérie collective qui ne sèment que désordre. D’autres croient en une volonté supérieure qui abattrait toutes sortes de fléaux sur Terre a fin de punir les Hommes des excès qu’ils ont commis. Alors, résignés, sans plus d’espoir en l’avenir, ceux-là attendent l’Apocalypse et se battent la coulpe… ou vident leur cave ! D’habiles gourous, profitant de la panique, proposent leur potion magique à qui leur accorde foi et fortune. Et il y a ceux qui ricanent, se réfugient dans le déni. Hurlant et braillant, ils cherchent des coupables, les vouant aux pires châtiments comme si par leurs gesticulations, la clef de LA solution pouvait leur apparaître.

 

Ces différentes attitudes sont les nuisances dont parle Pascal. Il les compare« à des mouches, qui empêchent le souverain le plus avisé de prendre une décision, et au monde d’avancer ».[1]

 

Plus rigolo, mais dans le même ordre d’idées, Montaigne nous dit (je le cite) « Aussi haut que soit son trône, un roi est toujours assis sur son cul. » Et il nous enseigne la « naturelle attitude », celle qui consiste à s’adapter aux mouvements de la vie plutôt que de rester figé dans une position statique. Il utilise pour cela une métaphore et emprunte son vocabulaire au monde équestre : Il faut dit-il, face aux situations les plus déstabilisantes, acquérir et s’efforcer de garder son « assiette »[2]de la même façon que le cavalier maîtrise sa monture quelles que soient ses allures. Exercice difficile car comment parvenir à conserver ce naturel en même temps que l’on s’adapte aux circonstances, aux autres, et que l’on demeure en mouvement ? Cette pensée de Montaigne voit le jour en un temps de crise qui ressemble beaucoup à celui que nous vivons actuellement. Il a connu le schisme protestant, les guerres de religion, les épidémies, les crises politiques qui secouaient l’Europe…Ces dernières secouent maintenant la planète toute entière. 

 

Il nous faudrait donc dans un même élan, reconnaître et suivre ceux qui, grâce à leurs connaissances, leur expérience et leur adaptabilité, arriveront à rendre au monde sa stabilité ; il faut, impérativement, se garder de se laisser séduire par les esprits subversifs qui s’emploient à semer le doute, les mensonges (fake-news)  qui engendrent cacophonie et divisions dans la société. La solidarité, la cohésion sont primordiales : nous ne sommes plus, ici des Français, là-bas des Russes, et plus loin des Chinois, et puis des Nigériens, des Ouïgours ou des Haïtiens… Nous sommes soudain devenus,TOUS, DES TERRIENS, qui devons mener, ensemble et dans le même mouvement, le même combat pour atteindre le même objectif : un retour à une dynamique salvatrice.

 

                                                                                                                  Charlotte Morizur

 

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[1] La puissance des mouches : elles nous empêchent d’avancer, gagnent toutes les batailles et pour finir, elles nous dévorent le ventre. (Les pensées : fragments Vanité n° 10/38 )

[2]L’assiette est la qualité qui permet au cavalier de demeurer maître de son équilibre quelles que soient les réactions du cheval.