La dignité humaine : sur quoi repose t-elle ?

Réfléchissons aux meilleures choses dont l’être humain est capable.  Laissons nos esprits vagabonder un moment jusqu’aux sommets que l’humanité peut atteindre.  Pensons aux meilleurs fruits de sa créativité, aux meilleurs exploits, aux meilleurs rêves, aux meilleurs fruits de son amour, aux meilleurs fruits de son travail, aux meilleurs sacrifices, aux meilleures luttes, aux meilleures démonstrations de sa fidélité, etc.  L’être humain est capable de choses vraiment magnifiques.  Mais préférons-nous que quelqu’un nous apprécie pour ce que nous faisons ou surtout pour ce que nous sommes ?  Le plus important est-ce ce qu’une personne fait ou ce qu’une personne est ?  Les êtres humains ont une valeur en eux mêmes, une valeur intrinsèque.  Pourquoi ?  Est-ce qu’une personne plus intelligente a plus de valeur que quelqu’un de moins intelligent ?  Non.  Donc nous savons que la valeur d’une personne, en tant qu’être humain, ne doit pas être basée sur son intelligence.  Est-ce qu’une personne qui a réussi a plus de valeur qu’une personne qui n’a pas bien réussi ?  Non.  Quelles sont donc les autres possibilités ?  Est-ce qu’une personne qui est forte a plus de valeur qu’une personne qui est faible ?  Non.  Est-ce qu’une personne belle a plus de valeur qu’une personne moins belle ?  Non, ce n’est pas ça non plus.  C’est difficile n’est ce pas ?  Est-ce qu’une personne qui produit davantage a plus de valeur qu’une personne qui produit moins ?  Est-ce qu’un athlète a plus de valeur qu’une personne handicapée ?  Est-ce qu’une personne cultivée a plus de valeur qu’une personne moins cultivée ?  Est-ce qu’un dirigeant a plus de valeur comme être humain qu’une femme de ménage ?  Sur quoi est fondée notre valeur comme être humain ?  Sur quoi repose-t-elle ?

Je pense qu’on a du mal à trouver tout seul une réponse vraiment satisfaisante à cette question.  Certains ont décidé que l’être humain n’avait pas de valeur après tout et cela a abouti à des conclusions peu réjouissantes.

Voici un survol de quelques points de vue philosophiques sur la question :

1) Le Naturalisme (matérialisme)- Selon le naturalisme l'homme est un animal supérieur ; le grand résultat de millions d'années d'évolution et de son éducation sociale directe et non d’un dieu quelconque. Il est important car il est une des formes de vie les plus évoluées sur terre.  Le sens moral est relatif à chaque individu et situation ; par conséquent tout ce qui marche le mieux ou tout ce que l'on ressent et qui semble bon sur le moment est bon à faire.  Si les Droits de l’Homme semblent bons aujourd’hui, le seraient-ils toujours demain ?  Et s’il est seulement de chair et d’os, pourquoi ne pas faire des expériences sur certains humains au nom de la science et de la race humaine ?

2) Le Nihilisme- L'homme est un être physique qui est misérable car il pose des questions sur le sens et le but de la vie.  En tant que produit d'une évolution sans direction, il n'a pas plus de signification qu'un rocher ou un escargot.  La moralité n'a aucun sens.  Donc la dignité humaine n’a aucun sens.

3) L'Existentialisme- L'homme est un être vraiment libre qui a la capacité de créer un sens et des valeurs morales pour lui-même et ensuite de vivre par ces derniers.  Il crée sa propre signification en dépit du fait qu'il n'y a aucun sens ou but ultime.  Il n'y a aucun modèle absolu ; donc chaque personne crée son propre statut moral.  Si la vie est absurde et qu’il faille créer notre propre sens, la dignité de l’homme doit être empruntée ailleurs. Ainsi, Les Droits de l’Homme peuvent être acceptés aujourd’hui et rejetés par les autres demain.  Même s’ils sont protégés par la loi, l’homme peut changer ou abolir la loi.

4) L’Évolutionnisme-  Comme avec le nihilisme et l’existentialisme, l’évolutionnisme est né du matérialisme.  La pensée profonde est que l’organisme le plus adapté ou le plus fort survivra.  Mais si cela est vrai, les droits de l’homme s’appliquent au plus fort physiquement et mentalement, et les faibles ou les personnes qui ne sont pas loyales au parti doivent être éliminées.  Le vingtième siècle est rempli d’exemples.  Le racisme est fort nourri de cette idée séduisante.

5) Le Pragmatisme.  Philosophie qui prend pour critère de la vérité la valeur pratique, considérant qu'il n'y a pas de vérité absolue et que n'est vrai que ce qui réussit. (Formulé par C. S. Peirce en 1879, développé par W. James et J. Dewey, le pragmatisme a exercé une influence majeure aux États-Unis.)  Mais si la dignité de l’homme est basée sur son utilité ou sa réussite, où est donc la place des faibles ou des handicapés ou des choses comme l’esthétique ? 

6) Le Théisme

Je pense que la seule réponse vraiment cohérente et satisfaisante intellectuellement est que l’être humain a une valeur intrinsèque, donnée par son créateur parce qu’il est fait à l’image de ce créateur.  Je crois que la dignité de l’homme et les droits de l’homme reposent sur une base judéo-chrétienne.  L’homme (et la femme) a été créé à l’image de Dieu et toute l’humanité descend d’un seul couple.  Donc tous les humains sont égaux.  Male ou femelle, grec ou barbare, juif ou musulman, cultivé ou chasseur de têtes, esclave ou libre, riche ou pauvre, âgé ou jeune, intelligent ou simple, athlète ou handicapé, tous ont été créés à l’image de Dieu.  La valeur de chaque humain est inestimable et sa dignité inaliénable car elles sont transcendantes, dérivées du Créateur et non de l’homme.  C’est pourquoi nous trouvons cette idée dans La Déclaration d’indépendance américaine qui dit : 

« Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »

C’est aussi l’idée derrière les dix premiers amendements de la Constitution des  États-Unis d'Amérique qui constituent la Déclaration des droits.

James R. Matsinger


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