Défis du développement durable

L’impact de l’activité de notre espèce sur la planète ne peut se réduire à la seule prise en compte des émissions de gaz à effet de serre, même si c’est le défi majeur pour les décennies à venir. Les hypothèses de travail se doivent d’examiner l’ensemble des impacts négatifs des activités humaines sur la santé des écosystèmes dont nous sommes tributaires. La notion de " limite planétaire " fait référence à "  un  système-Terre qui  basculerait dans un état très différent - de l'actuel - probablement bien moins favorable au développement des sociétés humaines  "

 En plus de la question de la modification du climat due aux GES nous devrons prendre en compte.

 Ø      La préservation des ressources hydrauliques

 Ø      La préservation d’espaces agricoles

 Ø      La préservation d’espaces naturels

 Ø      La préservation de la biodiversité

 Ø      La santé des océans

 Ø      Les pollutions chimiques

 Ø      Les pollutions sonores, lumineuses et des champs électromagnétiques.

 Et aménager un cadre de vie agréable et convivial.

 Les alternatives pour envisager l’avenir durable et agréable sur cette planète d’un maximum d’humains (pourquoi pas tous) doivent nécessairement intéresser l’ensemble de ces questions.

  Identifier les thématiques qui conditionnent le développement durable et recenser pistes de recherches et les réalisations déjà opérationnelles.

 Ø      Gestions des espaces.

 Ø      Gestion des ressources primaires non renouvelables.

 Ø      Gestion déplacements des biens et personnes

 Ø      Rénovation d’un habitat énergivore

 Ø      Gestion des déchets

 Ø      Démographie

  Gestion des espaces

 Les conséquences de l’urbanisme diffus et étendu

 Ø      Consommation d’espaces : stérilisation de terres agricoles et d’espaces naturels

 Ø      Aggravation de l’impact des incidents météo (Inondations tempêtes, etc.)  par l’imperméabilisation des sols

 Ø      Risques accrus par l’occupation de zones inondables.

 Ø      Politique des transports : Transports en commun non viables en dessous d’un seuil de densité de population.

 Ø      Dispersion des flux des biens et marchandises

 Il devient évident que le modèle urbain dans les pays occidentaux, en général et en France en particulier, n’est pas optimum en terme de consommation d’énergie, de temps de circulations et de stérilisation d’espaces. Nombre d’élus notamment Franciliens sont conscients que l’étalement urbain et sa faible densité ne sont pas un modèle soutenable. Ailleurs, dans le monde la consommation d’espace conduit à une course aux terres arables (Afrique notamment)

 Ce modèle urbain dans les pays occidentaux :

 Ø      Organise la ville en espaces strictement spécialisés : Résidentiel, (zones pavillonnaires, barres d’immeubles) commerces, industries et bureaux, équipements sociaux et éducatifs. Ces spécialisations accroissent les flux entre ces zones strictement spécialisées et éloignées les unes des autres et contraignent à l’utilisation de véhicules individuels.

 Ø      Favorise le mitage des espaces ruraux

 Ø      Stérilise de vastes zones par des résidences secondaires. La France compte 3 millions de «logements utilisés pour les week-ends, les loisirs ou les vacances» soit environ 5% du territoire, record mondial.

 Alternative :

 Construction de quartiers et villes nouvelles à forte densité et déspécialisation des espaces urbains. Décentralisation, déconcentration et intégration de tous les services de proximité : écoles, commerces,  administrations et activités économiques dans un périmètre où l’usage de véhicules individuels n’est plus justifié. Ces villes peuvent surtout être irriguées par des systèmes de transport urbain innovants, conçus avant même leur édification.

  Déjà : la déprise agricole se poursuit depuis plus d’un siècle. L’espace forestier français n’a jamais été aussi vaste depuis un millénaire, des parcs nationaux totalement ou partiellement exempts d’activités humaines ont été créés, des espèces naguère disparues sur notre territoire réapparaissent. La déprise pourrait se poursuivre si les espaces ruraux ne sont pas dévorés par le mitage résidentiel.

Gestion des ressources primaires.

 On entend par ressources primaires, tous les matériaux qui rentrent dans la fabrication de biens de consommation, la construction d’infrastructures et la production d’énergie.

 Les ressources primaires étant physiquement limitées se pose la question de leur défaut à plus ou moins long terme.

 Ø      Les hydrocarbures c’est la ressource stratégique sur laquelle s’exerce la plus forte tension, car limitée en quantité et concentrée dans des contrées à réputation d’instable.

 Ø      Le charbon encore dominant dans la production d’énergie est la ressource réputée la plus polluante.

 Ø      L'uranium est aussi une ressource limitée. Le maximum de production mondiale se situe vers 2025 (hypothèse la plus probable).

 Alternatives :

 Ø      Le recyclage : les tensions sont moins vives, pour les minerais surtout depuis que de grands progrès ont été faits dans le recyclage. Une usine à Hoboken en Belgique récupère 100T d’or, 2 400 tonnes d'argent, 25 tonnes de platinium et 30.000 tonnes de cuivre par an dans nos appareils électroniques.(sources : Nouvel Obs) Rappel : La France produit 24 kg de déchets électroniques par habitant/an.

 Ø      Énergie : il existe aujourd’hui une grande palette de solutions, mais aucune ne peut constituer une alternative crédible à elle seule à moyen terme.

 o     L’Éolien : En 2013 nous avons consommé en France 476,2 térawatts/heure (TWh) S’il fallait produire cette énergie uniquement par l’éolien il faudrait couvrir 10 000km²d’éoliennes de 3MW  soit environ la surface de l’Ile de France de 12 012 km²

 o     Photo-voltaïque : D’immenses progrès, sinon une révolution, est à attendre de cette technologie. Outre la technologie du silicium dont les rendements sont de l’ordre de 5% à 19%  selon la technologie, les cellules à pérovskite bien moins onéreuses rejoignent les performances des premières. A terme elles pourraient recouvrir beaucoup de nos constructions et fortement contribuer au bilan énergétique.

 Autres sources d’énergie

 La ressource énergétique potentiellement la plus considérable, c’est l’énergie que nous ne consommons pas.

 Ø      Isolation des bâtiments. Bâtiments à énergie 0 ou mieux à énergie positive

 Ø      Amélioration des moteurs à combustion interne de 12L/100 km à 2L/100

 Ø      Motorisation électrique (problèmes d’autonomie)

 Ø      Motorisation hybride (coût d’une double motorisation)

 Ø      Pile à combustible (pas encore au point depuis 100 ans)

  Gestion des déplacements des biens et personnes.

       En France, le secteur des transports qui constitue un enjeu majeur en matière de consommation des ressources d’origine fossile (en particulier le pétrole), est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre. En France Métropolitaine, en 2010

 Ø      36,5 % des émissions de CO2

 Ø      27,3 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues aux activités de transports.

 Des alternatives au transport routier devront s’imposer tôt ou tard. Le rail par exemple devra accepter des ruptures technologiques systémiques d’une bien autre ampleur que le ferroutage, solution déjà mort-née. Les technologies pour l’automatisation du fret sont d’hors et déjà disponibles. Mais ce sont des mutations qui demanderont encore des décennies pour s’imposer. Le transport des biens & personnes est promis à de profondes mutations systémiques.

 L’évolution de l’automobile vers des véhicules de plus en plus connectés et automatisés ne résoudra pas la question cruciale des déplacements en zone urbaine dense : la saturation des voies, les encombrements, les bouchons. Si les véhicules individuels sont indispensables dans les zones de très faibles densités, une offre de transports autres devra être proposée dans les zones à fortes densités. Là aussi les blocages ne sont pas que technologiques

  Rénovation de l’habitat

 Le secteur résidentiel-tertiaire est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre (19,1 %). Composées essentiellement de dioxyde de carbone (89 %), les émissions de ce secteur proviennent des installations de chauffage, de production d’eau chaude et de climatisation. Elles sont liées au climat. Elles ont augmenté de 8,9 % entre 1990 et 2009.

 Gestion des déchets

 La production d’ordures ménagères a doublé en 40 ans et 78% de celles-ci sont encore enfouies ou brûlées, générant des émissions directes de gaz à effet de serre (GES). Encore aujourd’hui, seules 19% sont triées et recyclées, et 3% subissent un traitement biologique (compostage ou méthanisation).
Aux émissions dues à leur traitement, il faut ajouter les GES émis durant le processus de production des biens de consommation avant qu’ils ne deviennent des déchets

 Alternatives

 Le recyclage permet de conserver pour un nouvel usage de l’énergie contenue dans les déchets, en évitant le recours à de nouvelles matières premières. Cependant, en France, le taux de recyclage reste très faible par rapport aux pays européens.

Le compostage des matières organiques contenues dans nos poubelles constitue une alternative aux engrais issus de la pétrochimie et particulièrement émetteurs de protoxyde d’azote (N2O).

La méthanisation est un procédé de fermentation (contrôlé et confiné) des déchets organiques. Il produit un résidu solide (pouvant être traité par compostage) et du biogaz contenant du méthane (CH4). Ce gaz peut être valorisé sous forme de chaleur, d’électricité ou de carburant, diminuant ainsi le recours aux énergies fossiles.

L’incinération en France, émet chaque année l’équivalent en CO2 de 2,3 millions de voitures. Des matières premières qui pourraient être réutilisées ou recyclées sont détruites. L’énergie "grise" utilisée pour les extraire, les transporter et les transformer est ainsi gaspillée. L’énergie récupérée à l’issue de la combustion des déchets ne suffit pas à compenser cette perte de ressources.

La mise en décharge représente en France environ 16% des émissions de méthane. Malgré les dispositifs de captage, une partie des gaz issus de la décomposition des déchets organiques s’échappe dans l’atmosphère directement.

 Les déchets et leur traitement sont donc l’aboutissement d’un mode de production énergivore et émetteur de GES. La première des solutions pour diminuer ces émissions est donc de réduire à la source la quantité de déchets produits. 

 La démographie

 A terme la démographie risque bien d’être le défi majeur que les générations suivantes auront à relever. La prévision de 9 Mds d’humains au tournant du siècle est désormais illusoire. Si l’intensification des accidents climatiques (USA) et la désertification (Chine) conduiront à des comportements plus vertueux, en ce qui concerne la démographie la question se révèle infiniment plus complexe.

 La démographie exubérante de certaines régions et le changement climatique vont inévitablement conduire à des déplacements massifs de populations.  Processus déjà amorcé en Méditerranée. Cela constitue un risque majeur de déstabilisation politique et des conflits à terme.

  En conclusion

 Notre génération, et plus encore les générations suivantes, auront de lourdes responsabilités dans les défis inédits à relever. Les médias et les politiques sont bien diserts sur toutes ces questions. Trois hypothèses, soit ils ne mesurent pas la gravité et l’urgence de la question, soit ils craignent d’inquiéter les populations, ou encore, devant l’ampleur des défis, ils se sentent désarmés. Mais déjà la prise de conscience progresse, et des alternatives existent. Aux décideurs d’avoir un peu moins de condescendances et plus de courage politique. 

                                     André Hans   Le 21 Novembre 2015

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