La tolérance est-elle une bonne valeur citoyenne ?

En 1763, Voltaire, dans son traité sur la tolérance, revendique le droit à la liberté de penser selon sa foi religieuse .

En 1789, l'assemblée nationnale constituante, proclame " les droits de l'homme et du citoyen " dont les articles 10et 11 précisent, sous certaines conditions, le droit à la liberté d'opinion ( même religieuse ) et de communication ( parlée et écrite )

Même si le mot tolérance n'est pas utilisé, son principe est néanmoins clairement exprimé, dans un cadre législatif.

En 1948 l'assemblée générale des nations unies adopte le 10 Déc, la déclaration universelle des droits de l'homme.

Depuis, on célèbre chaque année, la journée des droits de l'homme tous les 10 Déc

En 1995, Les états membres de l'UNESCO adoptent le 16 Nov, une déclaration de principe sur la tolérance et un plan d'action destiné à lutter contre l'intolérance.

Depuis , on célèbre chaque année, la journée de la tolérance tous les 16 Nov.

Dès lors, la tolérance ne se limite plus aux droits et aux devoirs, mais s'étend à l'acceptation et la connaissance de l'autre avec sa culture, dans toute son altérité.

Elle devient alors une valeur citoyenne universelle et humanitaire, tout en conservant un sens d'exception à la règle.

En effet, la tolérance, comme faveur ou permission, reste utilisée dans des domaines ou l'autorité peut l'accorder : famille, école, travail, ...

ainsi que dans des domaines privés d'autorité : groupe, couple, voisinage, circulation routière,...

La tolérance comme autorisation conditionnée par une autorité reste également utilisée : stationnement à partir de telle heure, enfants autorisés si accompagnés, animaux autorisés si tenus en laisse...

La tolérance en tant que valeur citoyenne intervient avec la mondialisation et la difficulté de cohabitation de populations de plus en plus diversifiées.

Cette valeur devient alors progressivement un devoir humanitaire et nécessaire pour lutter contre une nouvelle forme de souffrance morale, inhérente à l'incompréhension de "l'étranger" dans ses façons de penser, de s'exprimer et de se comporter parmi les autres.

La tolérance est devenue une autorisation de pouvoir faire souffrir en toute impunité ,faute de législation non adaptée au changement social, sous couvert des droits de l'homme ( même non citoyens )

Etre tolérant n'empêche pas de dire ce qui dérange, c'est même indispensable pour que l'objet de la tolérance et la situation conflictuelle puissent être dissipés.

A force de laisser faire sans rien dire, la souffrance et les abus s'accumulent respectivement en toute normalité.

La tolérance pourrait être une bonne valeur si les causes  de souffrance étaient identifiées, considérées et solutionnées par les législateurs dans des domaines d'application correspondants .

La tolérance est devenue un médicament qui soulage la douleur mais qui ne guérit pas les maux qu'elle génère.

On culpabilise le citoyen de ne pas aimer autrui dès qu'il ne tolère pas.

La tolérance devient presque une nouvelle forme de masochisme où chacun se plaît à aimer celui qu'on encourage à nous faire souffrir.

La tolérance n'est pas une vertu, elle correspond à une exigence politique et sociale.

Elle nécessite une mise en oeuvre pour faire adhérer chacun à ce principe de pensée.

Faute de législation, tolérer revient à supporter ou à renoncer.

A chacun de convenir si possible avec l'autre de l'issue du conflit.

La tolérance serait une bonne valeur citoyenne si elle pouvait être encadrée.

Si on laisse chacun en fixer les limites, c'est l'anarchie et le désordre.

Ce en quoi les humains  sont semblables, c'est justement qu'ils sont tous différents.

Tolérer souligne implicitement une supériorité ou un domination ( c'est le plus fort qui tolère )

Si tolérer c'est accepter de douter et de remettre en cause ses principes fondamentaux ( c'est le propre du philosophe ...) il se pourrait qu'un " vide de conviction intellectuelle " se transforme en vertu.

La tolérance est un produit de la pensée moderne qui permet de ne pas prendre position face aux difficultés de vivre ensemble.

Il ne faut pas user de violence mais de patience pour réveiller ceux qui refusent de voir la vérité.

L'emprise de la technologie sur l'homme et sur la nature déstabilise l'équilibre du monde.

L'humain devient un humanoïde préformaté

 

Pour finir voici quelques proverbes :

" les grandes douleurs sont muettes "

" qui ne dit mot consent "

" qui sème le vent récolte la tempête "

" tant va la cruche à l'eau, qu'à la fin elle se casse "

" trop de précaution nuit "

" l'enfer est pavé de bonnes intentions "

                                                                                                                         Gérard Bruscand


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