L’habitat participatif : effet de mode ou vraie réponse aux enjeux de la ville de demain ?

                                       Par Nesrine Azizi, le 19 Juin 2021

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    Les villes de demain doivent relever des défis de taille : être durables, intelligentes et pouvoir faireface aux risques technologiques et aux catastrophes naturelles empirées par le changement    climatique. Elles doivent également pourvoir aux besoins de leurs habitants en matière de santé, de logement et de transport et améliorer le vivre-ensemble dans une société de plus en plus marquée par l’individualisme etla montée de la violence, le tout dans un contexte de post-pandémie.

         Néanmoins, les projets des villes de demain ne prennent pas toujours en compte les avis et les aspirations réelles des populations concernées. Si du côté de la maîtrised’ouvrage, la démarche de la programmation urbaine et architecturale est devenue un outil indispensable pour favoriser une approche inclusive des populations concernées, des tentatives privées, du côté des habitants, voient le jour depuis quelques années. Elles s’inscrivent dans la tendance actuelle de l’économie collaborative, qui permet à des personnes de mettre en commun et d’échanger des biens ou des services. Parmi ces modes de vie privilégiés, l’habitat participatif ou habitat coopératif a aujourd’hui le vent en poupe en France.

      En réalité, vivre en communauté prend aujourd’hui plusieurs formes parfois novatrices : squats, habitat groupé ou participatif, habitat intergénérationnel, écovillage, ou encore gamping[1]. Il s’agit de familles mais également des personnes seules et des couples de tout âge, se regroupant pour habiter en communauté, temporairement ou en permanence, et ce dans un esprit d’échange et d’entraide. 

    Très développé dans les pays nordiques, il se base sur le principe de l’autoconstruction et de la mutualisation des ressources des participants. Concrètement, il propose à plusieurs personnes de se regrouper sous la forme de coopératives d’habitants ou de sociétés d’attribution et d’autopromotion, de construire et d’autogérer ensemble leur futur logement avec une empreinte écologique minimale.

  C’est la loi pour l’accès au logement et à un urbanisme rénové qui a donné une reconnaissance légale à cette forme alternative de logement. La loi ALUR définit l’Habitat Participatif comme : 

      « Une démarche citoyenne qui permet à des personnes physiques de s’associer, le cas échéant avec des personnes morales, afin de participer à la définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de construire ou d’acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et, le cas échéant, d’assurer la gestion ultérieure des immeubles construits ou acquis. (…) L’Habitat Participatif favorise la construction et la mise à disposition de logements, ainsi que la mise en valeur d’espaces collectifs dans une logique de partage et de solidarité entre habitants ». (Art. L. 200-1)

       L’habitat participatif pourra-t-il être une réelle alternative économique et humaine ou s’agit-il simplement d’un mode expérimental dont les détracteurs n’y voient rien de nouveau si ce n’est qu’un syndicat de copropriété avec « du verbiage de bobos » ! C’est l’objet de notre prochain débat.


[1]     Camping chez l’habitant. Il vient de la contraction du mot Garden et  du mot Camping,  à ne pas confondre avec le Glamping, contraction de Glamour camping, qui est une tendance de l’industrie touristique à proposer des hébergements insolites. 

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