Peut-on juger sans préjuger?

                                                                                                                                      par Loman Bourdet

Peut-on juger sans préjugés ou sans préjuger  ° ? sans préjuger, la décision s’annonce impartiale. Mais pouvons-nous encore juger sans préjuger ? Il y a forcément un minimum de concepts, de valeurs, qui nous permettent d’émettre un jugement, avant même d’avoir tous les éléments à notre disposition.

Juger c’est arbitrer selon un code prédéfini, donner une décision, trancher pour une partie plus qu’une autre, donner son avis.

Préjuger « juger-avant » c’est juger sans avoir tous les éléments en main pour prendre une décision impartiale. Préjuger, c’est aussi faire appel à son éducation (bases de la réflexion pourvue par l’instruction), son système de valeur (ce qui est bien, ce qui est mal) et sa propre histoire (cas similaire, empathie, etc.).

Si l’on juge avec des préjugés, on risque de mal juger, précipiter une décision erronée. Si l’on juge Impossibilité de juger sans préjugés

Nos pensées sont prétries de préjugés. Comment réagir à l’énoncé d’un verdict sur une affaire dont nous ne connaissons rien ? Ce sont alors les préjugés qui nous dictent qu’une décision est respectable ou non. Voici un exemple d’information (La Montagne, 16/12/2017) sur laquelle nous pouvons axer notre réflexion : « un voleur multirécidiviste condamné à de la prison ferme ».

Nos pensées sont tournées vers les mots « voleur » et « multirécidiviste », ce qui semble dire que la personne avait déjà volé plusieurs fois, et qu’elle savait ce qu’elle faisait quand elle a à nouveau volé. Il est donc moralement normal qu’il soit condamné, le jugement est évident.

A-     Se forcer à critiquer pour juger en toute liberté

Alors que les bonnes questions seraient : était-il jugé pour ce qu’il a volé ou pour un tout autre acte ? Quelle est la profession de cette personne (voleur n’est pas un métier) ? Qu’a-t-il volé cette fois et qu’avait-il volé les fois précédentes ? Est-on sûr que les autres vols étaient bien de son fait ? Qu’a-t-il commis pour mériter la prison ferme ? A-t-il eu le temps de préparer sa défense ?

La personne est présentée en tant que voleur, mais remplaçons ce mot par « militant », « robin-des-bois », « opposant politique », et notre (pré)jugement s’en trouve affecté, la décision pourrait avoir un tout autre sens. Nous ne voyons plus la personne de la même façon, et pourtant elle est la même que nous trouvions normal qu’elle soit condamnée. Le jugement n’apparait pas si évident.

B-      Ce que nous apportent les préjugés

Les préjugés sont des jugements non-fondés mais faut-il pour autant s’en débrasser ? Descartes dans Discours de la méthode montre que bon nombre de nos connaissances relèvent de préjugés. Ils ne sont pas un obstacle à la pensée puisqu’ils sont la base de nos certitudes, préparent la réflexion, et c’est un travail de juger sans préjuger. On peut alors juger sans se faire dominer par ses désirs. Mais avons-nous conscience de nos préjugés ?

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