« Destin » est tiré du mot latin « fatum » signifiant « fatalité ».
La notion de « destin » apparaît sous linfluence de la pensée grecque. Les Moires étaient les déesses de la destinée individuelle : on les appelait : « les fileuses de destin ». Elles soccupaient de la répartition et de la mise en place des êtres. Leurs équivalentes romaines sont les Parques. Au nombre de trois, cétaient les divinités de lEnfer qui filaient, dévidaient et coupaient le fil de la vie des hommes.
On retrouve la doctrine de la prédestination en théologie pour indiquer que le destin de chaque homme serait fixé davance par Dieu.
Les Jansénistes et les Calvinistes pensaient que lhumain était prédestiné au salut ou à la damnation. Ces deux mouvements furent persécutés par léglise officielle de lépoque.
Notre seule certitude sur linterrogation posée par le thème du débat daujourdhui, cest que nous sommes tous prédestinés à mourir, perspective peu réjouissante et surtout très angoissante. Entre le moment de notre naissance et celui de notre mort, peut-on imaginer que notre histoire soit déjà pré-écrite et que nous nayons pas dautre choix que dêtre les acteurs dun scénario dont nous découvririons les rebondissements au fur et à mesure que nous avancerions dans la vie, un scénario inconnu de nous, mais dont nous saurions à lavance que lépilogue en serait tragique
Cela remet en cause lidée même de la liberté de lhomme à choisir le sens quil souhaite donner à son existence. La destinée est ainsi liée à la fatalité (du latin « fatalis » : fixé par le destin). Nous constatons que destin et fatalité sont des synonymes à connotation pessimiste.
On pet même aller jusquà remettre en question ses croyances en lomnipotence dun être créateur : « Si Dieu seul sait ce que je vais faire, alors je ne suis pas libre, et sil ne le sait pas, il nest pas Dieu ».
Accepter quil y ait prédestination risque dêtre un frein à la construction de notre vie, car cela suggère que nous ne sommes que des pantins dont on ne sait qui manipule les ficelles, que notre liberté nest quune illusion de liberté
Sans la conviction que nous seuls avons le pouvoir sur notre propre existence, aurons-nous lenvie de nous battre pour améliorer notre condition ? La soif de créer ? Le désir de vivre pleinement notre histoire en décidant den être simultanément les uniques auteurs et les seuls acteurs ?.... Nous serions comme Jacques le Fataliste de Diderot, soumis, dans lacceptation résignée de ce qui doit arriver inéluctablement quoi que nous fassions.
La psychanalyse laisse à penser que lidée de prédestination pourrait avoir comme origine des dynamismes inconscients venus de notre petite enfance oubliée, voire de plus loin encore, qui nous conduiraient, contre notr volonté, là où nous ne le voudrions pas.
Et le hasard dans tout cela ?...Aristote le définissait ainsi : « Le hasard est une rencontre accidentelle qui ressemble à une rencontre intentionnelle ». Cela confirme lhypothèse psy quon ne fait jamais rien par hasard, expliquant ainsi la théorie des « actes manqués ».
Ne pas confondre prédestination et prédétermination. Nous sommes déterminés par notre environnement historico-socio-culturel. Un philosophe allemand (Engels) a dit : « Les hommes font lhistoire, mais cest lhistoire qui les détermine ».
Pour Sartre, nous ne choisissons pas notre corps, pas plus que notre place historique, géographique ou sociale, mais nous sommes responsables du sens que nous construisons à cet ensemble de faits.
La doctrine de la prédestination est abstraite et dessence divine, alors que le déterminisme est ancré dans le réel du milieu doù nous sommes issus, au sein duquel, cependant, nous avons le pouvoir dautodétermination par la force de notre volonté dagir sur le cours de notre existence.