L’EXPERIENCE DU PASSE SUFFIT-ELLE A APPREHENDER LE FUTUR ?

 PASSE, PRESENT,  FUTUR : notre histoire ainsi que celle de l’humanité s’organisent en évoluant sur cette valse à trois temps.

LE PRESENT est un seuil qui nous offre un laps de temps, ô combien  fugitif, durant lequel nous devons prendre les décisions qui engagent notre avenir. Ces décisions provoquent l’événement, la réussite, ou l’accident. Cela est la causes de nos hésitations et de nos angoisses car dans notre culture occidentale, nous ne confions pas notre destin au hasard ou à Dieu ;  notre grande crainte est de commettre l’erreur de pronostic ou de jugement qui nous ferait échouer dans nos entreprises. Nous voulons tous prévoir, organiser, infléchir l’avenir. Nos décisions doivent être débattues et prises rapidement car aussitôt là,  le présent s’archive et vient compiler les pages du passé.

LE FUTUR, est un océan d’incertitudes parsemé d’îlots qui sont ou qui ne sont que des promesses : promesses de paix, d’amour, de connaissance, de réussite... d’une bonne vie enfin, dans une bonne société.  Mais le futur comporte un énorme risque : celui de ne jamais exister ! Alors on se réfère au passé, on l’interroge, on spécule sur le résultat des entreprises  de nos prédécesseurs espérant y trouver l’aide nécessaire à faire les bons choix pour la réalisation de nos desseins. Ce qui nous rassure c’est que le passé a, malgré ses faillites et ses crises, l’immense avantage d’avoir existé. Il encourage les élans.

LE PASSE : Pour comprendre notre présent et projeter notre avenir,  nous devons examiner notre propre histoire, celle de notre famille, de son environnement ; notre devoir est de  la transmettre  aux générations qui nous suivent. Au temps de LA PREHISTOIRE les hommes nous ont laissé des témoignages de leur passage sur terre que les  archéologues d’aujourd’hui n’ont toujours pas fini de découvrir, d’explorer et de traduire. Hérodote (484-425 avant J.C.),  en écrivant le récit des événements qui agitent son époque, devient le premier prosateur dont l’œuvre nous soit parvenue. Il est le père de L’HISTOIRE. L’historien  a pour rôle d’éclairer le passé afin d’en dégager des vérités utiles à méditer. L’Histoire n’est pas qu’une compilation de dates et d’événements, c’est l’Histoire de l’Humanité. Elle nous instruit de nos gloires, de nos défaites, de nos erreurs et de nos crimes ainsi que de tous les chemins qui nous y ont conduits. Elle  est la mère des sciences humaines et on ne peut faire de sociologie, de politique, étudier les religions, l’art, sans nous y référer.

 L’Histoire peut-elle éclairer l’avenir et nous aider à construire un monde meilleur ? De tous temps, la transmission des savoirs a servi de base aux progrès et cela dans tous les domaines, qu’ils soient  sociaux, moraux, culturels, ou techniques. Une trouvaille jaillit d’un esprit,  et,  en ricochant sur le temps, elle donne naissance à d’autres trouvailles. Ainsi, lorsque notre cher Blaise Pascal invente l’omnibus,  il ignore que, trois siècles plus tard, la R.A.T.P. organisera son entreprise en s’inspirant  de son modèle tout en le conjuguant aux techniques nouvelles ; les autobus d’aujourd’hui n’ont fait que remplacer les fiacres de jadis. Mais, souvent,  nous ne voyons  les choses que dans le reflet d’un rétroviseur et en calquant le passé nous étouffons les germes d’une idée naissante. En voici une amusante illustration : autrefois, les cochers dirigeaient leurs chevaux assis à l’extérieur du véhicule ; à peine étaient-ils protégés des intempéries par un toit, alors que les passagers voyageaient, eux, bien  à l’abri à l’intérieur de la diligence. Durant une cinquantaine d’années après l’invention de l’automobile, on ne trouva  (parce qu’on ne chercha point)  d’autre solution que d’installer les chauffeurs à l’extérieur de leurs véhicules motorisés ;  ils devaient alors affronter, comme leurs prédécesseurs,  pluies et bourrasques. Et puis un jour un « Tournesol » de la construction automobile réagit : « Mais c’est bien sûr ! » se dit-il « Il suffit d’ajouter un morceau de tôle et notre homme sera à l’abri dans le même habitacle que ses passagers ... Que n’y avons-nous songé plus tôt ? » Regretta-t-il.

L’humanité a connu de longues périodes de stagnation en matière de progrès, surtout sociaux ;  c’est que les hommes s’accrochent à leurs traditions, dogmes et certitudes,  par crainte de sombrer dans l’inconnu ou de perdre leurs privilèges. Les dictatures ont joué un rôle néfaste dans la marche de l’humanité vers une plus glorieuse destinée. Les femmes,  longtemps, ont été tenues à l’écart de la lumière. « Les femmes qui lisent sont dangereuses », disait-on et on (... enfin,  les hommes !) s’interrogeait : « Ces créatures ont-elles une âme? » Que de dons et de bénéfices perdus quand on y songe car on est bien obligé de reconnaître qu’en libérant ces... «créatures» du joug des hommes elles les ont égalés (et parfois dépassés) dans bien des domaines ; leurs sensibilité, découvertes et combats ont fait faire de grands pas à l’humanité.

Tirons-nous vraiment les leçons du passé ? 

On dit que l’homme est le seul animal capable de trébucher sept fois de suite sur la même pierre, qu’il ne se rend a aucune raison, par orgueil,  passion ou  ignorance.

Lorsqu’on lit le récit des guerres napoléoniennes, particulièrement celui de la campagne de Russie dont on connaît l’épouvantable issue, on est glacé d’effroi lorsque l’empereur et ses troupes franchissent la frontière belge en direction de la lointaine Moscou. On est prêt de hurler à travers les pages et par-delà les siècles : « Pars pas, Napoléon ! Fais pas l’idiot ! Vous allez tous mourir... » On a beau essayer de lire l’histoire  à l’envers, à l’endroit...  ils partent !  Et c’est la Bérézina ! Alors on se promet que jamais, plus jamais, on ne s’engouffrera dans de telles catastrophes.

PLUS JAMAIS ? ... A cette interrogation, nous connaissons tous la désolante réponse

Et  LE MONDE A CHANGE : ces dernières décennies ont vu naître tant de nouveaux paradigmes que  les modèles d’hier ne conviennent plus aux contextes d’aujourd’hui. Nous avons perdu nos références. Dans nos démocraties les citoyens votent de grandes décisions sans avoir toujours une juste connaissance des enjeux, étourdis qu’ils sont par le vacarme des médias dont les informations sont souvent contradictoires.  Quant à nos gouvernants et leurs conseillers, sont-ils, eux,  suffisamment éclairés... et libres  pour nous éviter les cataclysmes et nous guider vers un avenir heureux ? Me vient à l’esprit «La parabole des aveugles »peinte par Breughel qui se posait cette même question il y a près de 1 500 ans. On y voit des hommes sans regard, accrochés les uns aux autres,  se diriger vers un torrent. Leur guide les précède, et,  le premier,  culbute dans les eaux... Il est  aveugle !!! Ceux qui le suivent ne le savent pas. Au fond du tableau, le soleil, symbole de la connaissance, a disparu, laissant derrière lui un voile confus.

« PEUT-ON PREVOIR L’AVENIR ? » C’est la question que nous pose Jacques Attali dans son dernier livre. Aujourd’hui, les technologies nous permettent de prévoir ce qui peut se passer demain en matière de climatologie. Les satellites nous préviennent de l’arrivée d’une tempête, les sismologues écoutent les entrailles de la terre, mais les experts peuvent-ils évaluer avec précision l’ampleur et la force des cataclysmes ? Dernièrement, les chefs de tous les états se sont réunis, ils ont discutés, essayé de s’entendre sur ce qu’il faudrait entreprendre pour empêcher la planète de mourir étouffée. Au bout de jours et de nuits de discussions, ils se sont quittés, versant une larme et s’enlaçant tendrement : ils étaient si fiers d’avoir conclu que oui, il fallait que l’on se revoie bientôt, dans cinq ans, afin d’examiner si chacun avait fait les efforts recommandés pour assainir l’air qui nous fait vivre. Prophète ou visionnaire,  Monsieur Attali nous dit de sa voix douce et assurée « On voit venir vers 2035 une guerre mondiale qui fera entre un et deux milliards de morts.  On peut l’éviter mais on ne fait rien pour l’éviter » Que doit-on faire Monsieur Attali ? Vous ne serez plus là en 2035... Alors ?  On se contente de trembler ?

Mais foin de pessimisme ou d’ironie ! Des architectes de talent imaginent des villes nouvelles, les ingénieurs inventent des voitures non polluantes ; leur construction fournira un emploi à des milliers de travailleurs. La médecine régénérative va permettre aux malades de récupérer des cellules et organes sains. Les nouvelles technicités offriront une vie normale à des hommes et des femmes appelés «êtres  bioniques». On verra une augmentation des performances de l’être humain. On emploiera des énergies propres qui remplaceront les énergies fossiles. On ne polluera plus, on nettoiera les océans. On cherche et trouve déjà les moyens de nourrir les  9 à 12 milliards de futurs habitants de la terre.

Grâce au dynamisme de la jeunesse, et à sa capacité d’innover,  grâce à  l’expérience des anciens, aux découvertes des  savants, à la  bienveillance et à la prudence des sages, à la bonne volonté et au courage de tous, nous pouvons espérer un avenir heureux pour les générations qui nous suivent :

CAR ON NOUS DIT QU’UN MONDE NOUVEAU EST EN TRAIN DE NAÎTRE.

 

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                                                                          Charlotte Morizur.