Suite à la création des lignes Paris-Rouen-Le Havre et Rouen-Dieppe, un vaste quadrilatère reste sans réseau ferroviaire. Les populations locales réclament une liaison ferroviaire pour maintenir une présence industrielle notable dans les vallées de la Saâne et de la Vienne, l’absence de desserte conduisant à un déclin de l’industrie dans ces zones.
Le 19 juin 1906, une convention est signée entre le Préfet de la Seine-Inférieure et M. Jean Laborie, ingénieur parisien exploitant déjà d’autres lignes dans l’Eure, en Algérie etc. Elle débouche sur la création de deux lignes à voie métrique (écartement 1 m. au lieu de 1.445 m. pour les voies nationales) reliant :
Ouville-la-Rivière à Motteville par la vallée de la Saâne.
Ouville-la-Rivière à Clères par la vallée de la Vienne en passant par Bacqueville-en-Caux et Tôtes.
La ligne est commune d'Ouville-la-Rivière à Gueures où se trouve l’embranchement.
L’exploitation aura lieu aux risques et périls du concessionnaire : si l’exploitation est bénéficiaire, les bénéfices sont partagés entre le département et l’exploitant, si elle est déficitaire, l'exploitant ne peut obtenir d’aide du département.
La ligne Ouville-la-Rivière à Motteville est mise en service le 16 mars 1912, celle de la ligne Gueures – Clères le 30 avril 1913.
Jean Laborie décède le 26 décembre 1912 ; son gendre M. Férembach prend sa suite et le 3 mai 1914 la Compagnie des Chemins de Fer de Normandie (C.F.N.) est constituée.
A Clères, une gare est construite pour le tortillard face à la gare de la ligne Rouen-Dieppe, avec une plaque tournante afin de permettre aux trains de faire demi-tour.
Dès le début de l’exploitation, les lignes rencontrent des difficultés : le nombre de voyageurs est insuffisant dans les trois allers et retours quotidiens (plus un les dimanches et jours de fête), et le trafic de marchandises moins important que prévu.
Longue de 34.7 km, la ligne a un profil difficile : circuit vallonné, remontée de la Vallée de la Vienne, rampe de 25% de la vallée à Brennetot, rampe de 23 à 25% entre Varneville-Bretteville et Clères… Le voyage dure normalement 1h30, avec 16 stations intermédiaires.
Des difficultés financières s’accumulent pendant la Grande guerre. Le 11 mai 1925, le concessionnaire propose le rachat de la concession par le département. Le 27 juin, le département rachète le réseau pour 50 000 Francs.
Les difficultés financières demeurent, et le tronçon Clères – Bacqueville est suspendu le 1er novembre 1936 puis déclassé le 24 août 1939. Des autobus SATOS prennent le relais du transport des voyageurs.
La gare de Clères est transformée en bureau pour les « Ponts et Chaussées » en 1945. Celle de Gueures devient mairie. Les autres gares reçoivent des affectations diverses.
La passerelle métallique permettant le passage du « Tortillard » par-dessus la voie Rouen-Dieppe est déposée en 1950. En 1974, les piles de cette passerelle servent à la construction du pont routier en remplacement du précédent, trop étroit et dangereux pour la circulation routière.
Pendant la Seconde guerre mondiale, l’armée allemande transforme la plaque tournante en affût pour canon à longue portée. Devenue inutile, elle est finalement enterrée.
Désormais, vous pouvez suivre le tracé de la ligne de Clères à Ouville-la-Rivière « Route du tacot de la Vienne » par le chemin de randonnée ferroviaire.
Pour aller plus loin :
Histoire du tortillard (Fonds Patrice Bizet)
Valmartin - Le tortillard (Fonds Patrice Bizet)