L'horloge de la gare Martainville

Cette horloge récupérée en 1985 lors de la démolition de l’ancienne gare Martainville, à l’initiative de Marc Boulanger, alors Directeur Général Adjoint du CHU et passionné d’histoire locale, témoigne de la nécessité d'exactitude à laquelle les trains ont dû se soumettre afin d’assurer le bon fonctionnement du système ferroviaire. En effet, pendant plus de cinquante ans les voyageurs vont devoir jongler avec 3 voire 4 types d’heures différentes pour ne pas manquer leur train.

C’est avec le plan Legrand de 1833 que s’organise, en France, le développement du chemin de fer. Il prévoit la construction des lignes en étoile au départ de Paris, ouvrant ainsi les liaisons vers Orléans en 1840, Rouen en 1843, Lille en 1846. La construction des 40 000 km du réseau se poursuivra jusqu’en 1914.

Afin d’assurer la régularité de l'ensemble du système ferroviaire, la ponctualité des trains est primordiale. Dans les zones denses, un train en retard bloque le suivant qui à son tour va prendre du retard. Les croisements de trains sur les voies uniques nécessitent également l’exactitude des horaires. Mais cette homogénéité nécessaire doit en plus tenir compte des heures locales basées sur le soleil. Ainsi lorsqu’il est 12h à Brest, il et 12h27 à Paris, 12h39 à Marseille et 12h48 à Strasbourg.

Les chemins de fer vont alors adopter une heure unique sur l’ensemble du réseau, celle de Paris, et afin de ne pas défavoriser les voyageurs habitués aux horaires approximatifs des diligences, les trains auront systématiquement un retard de 5 minutes, calé sur l’heure dite “de Rouen”.

Car le respect de l’horaire pour un voyageur est chose complexe : s’il part de son village pour aller à Paris en prenant le train à Rouen, il est donc confronté à l’horaire de la diligence basé sur l’heure en usage dans son village, puis en gare Saint-Sever à Rouen, il se trouve soumis à deux autres heures : celle de la ville de départ (Rouen) et celle de la ville d’arrivée (Paris adoptée par les chemins de fer), sachant que le train aura cinq minutes de retard (respectant ainsi l’heure dite “de Rouen”).

Aussi, dans un souci d’exactitude, les horloges des gares et des hôtels de ville se doteront, de plus en plus, de deux aiguilles pour les minutes ; l’une indiquant l’heure locale et l’autre l’heure de Paris.

Ce n’est qu’en 1891 que l’heure est uniformisée, fixée au temps moyen de Paris pour l’ensemble du territoire et de l’Algérie avant qu’un dernier décalage de 9 minutes et 21 secondes ne s’opère en 1911, sur l’ensemble du territoire, avec l’adoption de l’heure du méridien de Greenwich comme référence.