Rouen La-Fierté de Saint-Romain par William James Muller- Tate Britain - London
La Fierte de Saint-Romain - eau-forte de Charles Pinet
Nicolas Letonnelier, natif de Saint Germain, est condamné à mort pour un meurtre. En 1302 il est choisi par le chapitre de la cathédrale de Rouen pour bénéficier du privilège de Saint Romain et doit donc être gracié et libéré. Hostile au privilège, le bailli de Rouen fait transporter le condamné dans la prison de Pont de l’Arche, malgré les demandes répétées des chanoines. Pour le chapitre il attente au privilège de Saint Romain.
Le jour de l’Ascension, la procession se rend avec la châsse, comme de coutume, et un orateur explique à la foule pourquoi il n’y a pas de prisonnier libéré. La châsse est laissée sur place pendant trois jours. Le bailli ne se sent pas le plus fort en voyant la ferveur de la population et, le samedi, Nicolas Letonnelier réintègre la prison de Rouen. Le lendemain la procession se déroule mais le prisonnier libéré est Guillaume de Montguérard, le choix de Letonnelier ayant causé trop de troubles.
L’origine de ce privilège n’est pas connue. Une enquête sous Philippe Auguste en 1210, montre que ce privilège existait déjà au milieu du 11ème siècle et qu’il est difficile de le remettre en cause. Les rois qui se sont succédé n’ont jamais apprécié que l’on puisse statuer sur la vie ou la mort d’un individu car seuls eux avaient ce privilège.
Saint Romain est évêque de Rouen au 7ème siècle. De nombreux miracles lui sont attribués dont un est utilisé pour justifier le privilège : Saint Romain a anéanti la Gargouille, un monstre qui terrorise les Rouennais, avec l’aide d’un condamné à mort qu’il a emmené avec lui. Depuis, tous les ans, la libération d’un condamné à mort célèbre ce haut fait.
Le gracié doit lever la châsse contenant les reliques de Saint Romain avant de se rendre à la cathédrale pour la célébration. Cette levée des reliques se fait à la sortie de la prison du château bâti par les ducs normands, laquelle est démolie par Philippe Auguste en 1204. Cet endroit est conservé par la suite et l’élévation est faite après avoir monté les marches de la fierte, construite en 1542, qui se trouve toujours actuellement place de la haute vieille tour.
Cette pratique cesse à la Révolution et est célébrée pour la dernière fois en 1790.
Fierte :
Mot du vieux français signifiant châsse ou reliquaire. Vient du latin feretum signifiant cercueil. Par extension le monument où se déroule le privilège porte ce nom.
Les bénéficiaires du privilège de la Saint Romain dans le Haut Cailly :
1302 - Nicolas Letonnelier - natif de Saint Germain
1398 - Hugues Morel - natif de Quincampoix
1428 - Estiennote Présart - natif de Sierville
1451 - Raoul Renyer - natif de Pibeuf (Saint André sur Cailly)
1502 - Marquet Dubosc - natif de Ratiéville (Les Authieux-Ratiéville)
1570 - Claude Goubert - natif d'Anceaumeville
1584 - Pierre Guérout - natif de Frichemesnil
- Le privilège de la Saint Romain sur Wikipédia
- La procession de la fierte sur le site Rouen-histoire.com
- Le livre d’Amable Floquet “Histoire du Privilège de la Saint Romain” avec la liste de tous les bénéficiaires. (wikisource.org)
- le chapitre consacré au privilège de Saint Romain dans l’article La cathédrale de Rouen a détenu un record du monde par Laurent Ridel sur le site Histoire-Normandie.fr