La consultation des recensements nous permet de connaître les activités professionnelles des villageois à partir de 1841.
A Grugny, la population (entre 180 et 200 personnes de 1850 à 1900) se compose au milieu du 19e siècle majoritairement de cultivateurs (en 1921, la plus grosse ferme du Menillet appartient à Eugène Canville, maire du village), d’artisans et de beaucoup de journaliers. Certaines professions sont courantes dans tous les villages, maçons, charpentiers, couvreurs, menuisiers, charretiers, sabotiers, charrons, bergers, couturières, facteurs, employés des chemins de fer, femmes de chambre à Bosc Fol Enfant, vraisemblablement attachées au château. … En 1851, on trouve un colporteur et en 1861 une menuisière, et nombre de marchands - revendeurs, sans précisions sur la nature des produits vendus. Mais ce qui peut nous étonner le plus, c’est le grand nombre de personnes vivant d’activités liées au textile : des tisserands, trameurs et trameuses, des fileurs et fileuses : 67 personnes en 1851, un tiers de la population ! sans compter les tailleurs et couturières. Souvent, ces activités viennent en complément de travaux agricoles. Les tisserands vont chercher les fils sur les marchés et y apportent les toiles confectionnées, ou bien la production est collectée par des commissionnaires d’entreprises textiles de Rouen et des vallées du Cailly et de l’Austreberthe.
A partir de 1861-62, la guerre de sécession aux Etats Unis stoppe les importations de coton, et la baisse des droits de douane sur les toiles anglaises portent un coup fatal au tissage dans nos campagnes.
Dans le recensement de 1861, 31 personnes vivent encore d’une activité liée au textile, il en reste seulement 9 en 1876.
En 1841, exerce un boulanger, en 1861, une cafetière et un boucher, M. Bosselin Ignace que l’on retrouve jusqu’en 1876 auquel succèdent vraisemblablement ses deux fils, Gustave et Henri bouchers à leur tour en 1881. En 1876 au Ménillet, vit un boulanger, M. Botté Ulysse et sa femme Eugénie Vieillot qui tient un café-épicerie. En 1891 restent encore un boucher, un boulanger, un poissonnier (ce sera une poissonnière en 1921, Mme Bellière). Après 1900, seuls subsistent un café en centre bourg tenu par Mmes Bottois Marie et Octavie et un café épicerie au Ménillet toujours tenu par M. Botté Ulysse et sa femme Mme Vieillot. Celle-ci continue seule après le décès de son mari.
Ce sont ces deux établissements qui vont traverser le 20e siècle. Les cartes postales des années 1920 mentionnent le café-épicerie de M. Fleutry Emile près de l’église qui est à la fois débitant, cafetier, restaurateur, bouilleur de cru, éditeur de cartes postales et aussi conseiller municipal en 1921 (Mme Fleutry fait restaurant au moment de la 2ème guerre sous la grande pergola, même après le décès de son mari en 1943). Une pompe à essence se trouve de l’autre côté de la rue. Après la famille Fleutry se succèderont les familles Durand (qui organise un bal le 14 juillet devant le café) jusqu’en 1990, la famille Delarue de 1990 à 1995, puis Dominique Desreux qui propose des concours de billard le vendredi soir. Mme Dieul poursuit l’activité de café-tabac et billard à partir de 2001, puis ferme définitivement l’établissement en 2005.
Au Ménillet, dans les années 1920, se tient le café - restaurant de la famille Evrard. Puis c’est Roger Dubos (qui mourra la tête écrasée par un arbre) et sa femme Yvonne qui poursuit l’activité après le décès de son mari. Mme Petit (dont le mari travaille à l’établissement départemental) prend la suite, fait aussi restaurant. Des repas de communion et mariage ont lieu chez elle, ainsi que le goûter de Noël des enfants de l’école. Se succèdent ensuite les familles Mochet (Gérard, Claude et Solange, puis Luc et Claude), Doubet, Malfilatre. Enfin M. et Mme Gibon reprennent l’établissement vers 1993-1994 et le ferment vers 2015.