Le Tôt : le presbytère

Le nouveau curé de Mont Cauvaire, Fulgence Fauconnet, est nommé en avril 1849. Il est décédé le 12 mars 1880. Sous son exercice, un presbytère est construit au Mont-Cauvaire et celui du Tôt, dont la fabrique de l’église possède l’usufruit, est vendu.

Décret de rattachement des paroisses de Cordelleville et du Tôt à la paroisse de Clères

Louis Marie Edme Blanquart de Bailleul (1795 – 1868), archevêque de Rouen de1844 à 1858
Huile sur toile peinte en 1872 par Alexandre Amédée Dupuy Delaroche
Musée des Beaux Arts de Rouen


English Version

Le Tôt, jadis commune, est, sous la Restauration (1814-1815), réuni pour le civil à Clères et pour le spirituel à Mont-Cauvaire. Or, le Tôt possède un fort beau presbytère, où réside le desservant de Mont-Cauvaire, alors que celui de Clères tombe en ruine. Si la chapelle du Tôt était rattachée à la paroisse de Clères, la commune pourrait alors vendre ledit presbytère et se procurer ainsi les fonds nécessaires pour une nouvelle construction à Clères. Evidemment, Mont-Cauvaire ne l’entend pas de cette oreille !

« L’archevêque, M. Blanquart de Bailleul, eut le tort de prendre parti en cette querelle et de se prononcer en faveur de Clères. Menacée de perdre le presbytère du Tôt, la fabrique du Mont-Cauvaire s’effraya ; il y avait pour elle nécessité de résister et d’agir, de plaider peut-être devant le conseil de préfecture. C’était se mettre en lutte ouverte contre l’archevêché.» (Eugène Noel)

Le curé a alors l’idée de demander à M. Louis Antoine Noel, père d’Eugène, de devenir marguillier (laïc membre du conseil de gestion de la paroisse  - La Fabrique), et même de devenir le président du conseil de fabrique. Il est bien conscient que les autres marguilliers, ne sachant pour la plupart ni lire ni écrire, ne sauraient défendre les intérêts de la paroisse de Mont-Cauvaire dans cette affaire. M. Noel, qui n’a jamais fréquenté l’église mais qui est propriétaire d’un moulin à triturer le bois de teinture au Tôt, accepte finalement de défendre les intérêts de Mont-Cauvaire. Débutés en 1845, les débats, les courriers entre l’archevêque, le maire et le curé de Clères, durent plusieurs années. Avec la Révolution de février 1848, qui met en place une nouvelle administration, tout est à refaire.

Bientôt, l’archevêque déplace le curé de Mont-Cauvaire. Plus de curé donc, ni à Mont-Cauvaire, ni à Cordelleville, ni au Tôt. « On apprit que les chapelles du Tôt et de Cordelleville fermées depuis des mois seraient provisoirement desservies par M. le curé de Clères. C’était pour Clères une manière discrète de se faufiler dans la place. Les femmes firent le serment de s’armer de balais… Le curé de Clères était un homme estimable. M. Noel, désireux de lui éviter les désagréments possibles, le prévint par lettre que les clés de deux chapelles lui seraient refusées.» (Eugène Noel)

C’est alors qu’en 1851 M. Noel meurt. Son fils Eugène tombe gravement malade. Rétabli, il devient à son tour membre du conseil de fabrique. Le procès s’achève avec la victoire de Mont-Cauvaire : le Tôt restera, avec son presbytère, attaché à la paroisse de Mont-Cauvaire.

Mais l’histoire n’est pas finie : un décret de Félix Faure, Président de la République, du 24 janvier 1897, complété par une ordonnance de  Monseigneur Sourrieu, archevêque de Rouen, du 25 janvier 1897, mettent définitivement fin aux discussions. Après 72 ans, le Tôt et Cordelleville sont rattachés à Clères pour le spirituel, comme ils le furent en 1825-26 pour le civil.

Le presbytère est toujours resté propriété de la fabrique de Mont-Cauvaire, puis vendu lorsqu’un nouveau presbytère est construit à Mont-Cauvaire.

Quant à Clères, il faudra attendre la fin des années 1870 pour qu’un nouveau presbytère remplace celui qui tombait déjà en ruines en 1845 !

Sources :

Le Tot - Procès des marguilliers du Mont-Cauvaire contre l’archevêque de  Rouen. Le presbytère du Tot (fonds Bizet)