Eugène Noel, né à Rouen le 4 septembre 1816 vient vivre au Tôt où son père possède un moulin à triturer les bois de teinture. Mais les routes ne sont encore souvent que des chemins creux peu carrossables, et Eugène Noel raconte que lors de son premier voyage de Rouen au Tot il a bien failli se noyer entre Montville et Clères dans la cavée qui servait de route ! Dans cette première moitié du 19ème siècle, sur les rives de la Clérette et du Cailly s’installent de nombreuses entreprises dans le style des usines anglaises. C’est un boom économique dans la région ! Eugène NOEL parlera de la petite « vallée de Manchester », où les usines poussent « comme morilles au printemps ».
Au Tot, le jeune homme passe de longues journées à observer la nature. Bientôt, la flore et la faune n’ont plus de secret pour lui. Il reçoit dans la maison paternelle de nombreux savants et écrivains et compte parmi ses amis l’historien Jules Michelet, le botaniste Alfred Dumesnil, le géographe Élisée Reclus...
En 1861, l’industrie de trituration du bois de teinture périclite, supplantée par des produits plus perfectionnés. Michelet le fait alors entrer au journal de Rouen (ancêtre de Paris Normandie) auquel il adresse régulièrement ses réflexions sur la nature et le jardinage intitulées : Les loisirs du Père Labêche. Le succès est grand et se maintient sans interruption de 1872 à 1888. Il devient aussi bibliothécaire de la ville de Rouen de 1879 à 1898.
Chantre de l’écologie, philosophe, on lui doit de nombreux articles, essais, ouvrages sur la nature, la vie à la campagne. Il regrette l’exode rural dû à l’attirance factice qu’exerce déjà la ville sur la jeunesse paysanne : « Vous voulez le retenir au village (…le jeune paysan) donnez à nos campagnes la science, les arts, l’activité d’esprit, alors, on ne les quittera plus » 1886 – Eugène Noël dans “ la campagne”.
Il meurt en 1899. Sur son faire-part de décès, on peut lire : ” Le soleil, l’air frais, les fleurs, le feuillage, les insectes brillants, les oiseaux, tout cela me semblait comme autant de sourires, et je souriais “. Il est inhumé à Bois-Guillaume.
En 1905, son buste dû au sculpteur Alphonse Guilloux est inauguré dans le Jardin des plantes de Rouen.
Depuis 1973, le collège de Montville porte son nom.
Son fils Paul, né en 1860, directeur du Laboratoire d'entomologie agricole de la Seine-Inférieure à Bois-Guillaume, est l'auteur de nombreuses publications scientifiques.
Œuvres
Rabelais, Paris, 1850
Molière, Paris, 1852
Voltaire, F. Chamerot, Paris, 1855
Pisciculture, pisciculteurs et poissons, F. Chamérot, Paris, 1856
La Vie des fleurs et des fruits, M. Lévy frères, Paris, 1859
Le Rabelais de poche, Poulet-Malassis et de Broise, Alençon, 1860
Voltaire et Rousseau, Paris, 1863Les Générations spontanées, Ledoyen, Paris, 1864
La Campagne ; Paysages et paysans, Rouen, 1866
Voltaire à Ferney, Brière et fils, Rouen, 1867.
Rouen : promenades et causeries, E. Schneider, Rouen, 1872
Mémoires d'un imbécile (préf. de Émile Littré), Germer-Baillière, Paris, 1875
Grognements et sourires d'un philosophe inconnu, A.-H. Bécus, Paris, 1882
Le Buffon de la jeunesse, s.n., 1885
Rouen, Rouennais, rouenneries, Schneider, Rouen, 1894
Fin de vie (notes et souvenirs), Julien Lecerf, Rouen, 1902 (posthume)
Au jardin du père Labêche volume 1 : Les plantes, 2009, (réédition de : Les loisirs du Père Labêche), Editions la Vague verte.
Au jardin du père Labêche volume 2 : Les bêtes, 2009, (réédition de : Les loisirs du Père Labêche), Editions la Vague verte.